À Nantes, les coups d’éclat s’intègrent au paysage, aux places urbaines qu’on déminéralise graduellement, aux façades des bâtiments. On revitalise en incorporant du beau, de l’artistique, pour que les édifices, les espaces publics, soient dotés d’une personnalité qui donnera envie de multiplier les coups d’œil. Le tourisme y relève aussi des responsables de la culture.
Chaque été, entre juillet et septembre, le festival Le Voyage à Nantes regroupe 70 propositions culturelles gratuites à travers la ville. Artistes et architectes transforment alors les lieux publics. La Ville conservera par la suite une poignée d’œuvres qui deviendront permanentes. Elles s’ajouteront à la collection de quelque 120 œuvres qu’on découvre en suivant sur 20 km une ténue ligne verte peinte à même le sol.
La ligne verte
Les 20 km peuvent provoquer un vertige (ou donner mal aux pieds) si on se lance la mission de les parcourir tous dans une même journée. Mais il suffira de flâner pour réaliser qu’on verra beaucoup des essentiels sans même avoir l’impression d’avoir trop marché.
Le long du parcours : l’histoire! Comme au Château des ducs de Bretagne, transformé en musée d’histoire et entouré d’une oasis de biodiversité, une ceinture de verdure qu’on laisse pousser naturellement. Il a appartenu à Anne de Bretagne, deux fois reine de France.
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L’histoire, c’est aussi la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, autrefois romane, maintenant gothique, fermée depuis l’incendie de 2020 qui lui a coûté son orgue du 17e siècle et sa verrière du 16e. La réouverture est prévue pour Noël 2024.
Le long du parcours : la nature aussi. Comme au Jardin des plantes, qui déborde vers la gare pour agir comme salle d’attente. Et la culture, sous forme de statues, de minimaison originale coincée entre deux bâtiments d’époque ou d’équipements sportifs originaux.
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Le terrain de « feydball », par exemple, œuvre de l’agence Barré-Lambot, est un terrain de foot circulaire accompagné d’un miroir... dans lequel il prend une forme bien rectangulaire. Les tables de ping-pong de Laurent Perbos, sur l’île de Nantes, soulèvent quelques sourcils par leur allure qui force à réinventer les règles du sport.
Coup de cœur pour les enseignes artistiques, itou, des œuvres qu’on a liées à la mission du commerce où elles sont apposées. Clin d’œil au canard jaune gonflable au-dessus d’une boutique érotique, au dentier lumineux au-dessus du commerce de rigolettes, des friandises nantaises aux fruits, et au thermomètre électronique devant une pharmacie. On approche notre visage d’une boîte métallique et notre température apparaît aussitôt sur une croix lumineuse au-dessus de l’entrée.
Fait cocasse, un avertissement prévient les badauds que l’installation artistique n’a rien d’un réel outil médical. C’est que pendant la covid, des files s’y formaient pour vérifier que le virus ne provoquait pas de fortes hausses du mercure.
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Autre option à la ligne verte, une visite guidée de l’art de rue permettra non seulement de voir tous les essentiels, mais aussi de comprendre l’esprit dans lequel les œuvres ont été réalisées.
Un wow modéré-intense, par ailleurs, pour le passage Pommeraye, qui fait le lien entre la nouvelle (et controversée) place du Commerce, trop minérale, et la partie haute de la ville. Il s’agissait d’un passage sécurisé, éclairé, luxueux, qui permettait de franchir un dénivelé de 9,4 m dans un secteur autrefois peu recommandable.
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À un jet de pierre de là, le restaurant La Cigale, ouvert en 1896, était un repère pour les gens du théâtre, construit juste en face. On s’y rend pour son décor Art nouveau très coloré.
Les Machines de l’île
Le wow le plus sonore, le moins retenu, on le pousse sur l’île de Nantes, où les traces d’un passé industriel sont partout fondues à la modernité. Le dernier chantier naval y a fermé ses portes en 1987, une occasion de réimaginer la ville. On amène alors le palais de justice et l’école d’architecture sur l’île. On y aménage un potager nourricier, une cantine, et on transforme les hangars à bananes en bars et en restaurants.
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Surtout, il faut s’arrêter voir les machines de l’île et le mythique Grand Éléphant, haut de 12 mètres, à bord duquel on peut faire une promenade insolite de 30 minutes. Attention les curieux, il pourrait vous arroser au passage. Avec ses 48 tonnes, il circule à basse vitesse, mais impressionne avec sa structure métallique et ses engrenages.
Première machine de l’île de Nantes, l’éléphant est désormais accompagné d’un carrousel des mondes marins, un manège de 25 mètres de haut composé de 36 éléments mobiles sur trois étages. Hors saison, il est toutefois préférable de valider ses heures d’activité pour ne pas être déçu de le voir immobile.
Et la Galerie des machines, laboratoire et lieux de spectacle, explique la construction desdites machines. Elle fait rêver d’une troisième machine immense, un arbre à héron, qu’on cherche toujours à financer pour l’installer sur la rive nord de la Loire. Il serait à la fois un jardin suspendu et un habitat pour quantité de bêtes mécanisées comme un colibri s’abreuvant dans une fleur, un paresseux sur une branche, ou une araignée géante.
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On se sent forcément dans un univers qui rappelle l’imaginaire de Jules Verne.
Sur les rives de la Loire, on plonge aussi dans l’histoire moins ludique de Nantes, à l’incontournable Mémorial de l’abolition de l’esclavage. Là, on découvre que la traite atlantique s’est étalée de 1750 à 1830. Les personnes en état d’esclave n’allaient jamais à Nantes, montaient plutôt sur les bateaux partis de là pour être déportés aux Antilles.
Le mémorial, un peu en souterrain, à hauteur de l’eau, rappelle le caractère exigu des cales des bateaux. Ils ont été 500 000 à être déportés sur des bateaux nantais. Sur le trottoir menant au mémorial, des plaques de verre rappellent le nom des navires en question.
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L’avantage de Nantes, c’est qu’on y vient en deux heures, par TGV, à partir de Paris, ou directement de Montréal sur un vol d’Air Transat. Dans la ville elle-même, on favorise la mobilité douce, avec les lignes de tram, la navette fluviale, les pistes cyclables auxquelles on a fait une place de choix. On peut même louer un vélo pour se rendre à Saint-Nazaire ou, en quelques jours, jusqu’au Mont-Saint-Michel, au nord. Et les transports publics sont gratuits les week-ends.
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Le Pass Nantes, qui donne accès à une cinquante d’activités et au transport en commun, est une option intéressante si on compte visiter plusieurs musées ou s’offrir des excursions. Le prix varie entre 27 et 85 euros selon la durée choisie, soit entre 24 heures et sept jours.
Quant au fameux Jules Verne, le musée qui lui est consacré déménagera dans la nouvelle Cité des imaginaires, en 2028, juste à temps pour célébrer son 200e anniversaire de naissance. Trop soufflé par l’art urbain, je n’ai pas pris le temps d’aller le saluer. Il faudra repasser. Pas le choix!
Le journaliste était l’invité d’Air Transat et du Voyage à Nantes.