Gagné fait partie de cette imposante cuvée 2016 pour le Vert & Or de l’Université de Sherbrooke, qui a vu quatre de ses joueurs être repêchés dans la Ligue canadienne de football (LCF), en plus de voir l’ancien secondeur signer un contrat à titre d’agent libre avec les Riders de la Saskatchewan.
Dimanche à Hamilton, il a atteint le sommet de son sport, sept ans après le début de sa carrière chez les pros.
Gagné s’est adressé à La Tribune lundi, alors qu’il était déjà de retour à la maison, et qu’il venait tout juste d’aller chercher son fils de 10 mois à la garderie. « Ça faisait une semaine que je l’avais pas vu! », a dit celui qui a déjà un garçon de 10 ans.
Tout ça après une petite nuit d’environ une heure.
Les dernières heures, on le comprend, ont été un peu folles.
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Les Alouettes ont remporté leur première Coupe Grey depuis 2010, dimanche soir à Hamilton, lorsqu’ils ont battu les Blue Bombers de la Saskatchewan par 28-24 grâce à un touché inscrit avec moins de 15 secondes à faire au match.
« Ce fut une partie incroyable! Il y a eu des hauts, des bas, un match chargé en émotions et en adrénaline! Dès que le dernier coup de sifflet s’est fait entendre, tout s’est passé à la vitesse Grand V! La remise du trophée, les photos, le vestiaire et les douches de mousseux. On a pris l’avion ensuite, il y a des rencontres mardi et mercredi c’est la parade dans les rues de Montréal. Ça va vite! », dit Gagné, encore dans l’euphorie de la victoire.
Une passe victorieuse
Les Alouettes ont inscrit le touché victorieux en fin de rencontre, quand le quart Cody Fajardo a rejoint Tyson Philpot avec une passe chirurgicale dans la zone des buts.
« On était à la ligne de 19 de Winnipeg, je regardais le jeu à venir — on ne savait pas quelle était la stratégie de l’attaque — et le temps qui restait au cadran, et je savais qu’on pourrait au moins égaliser les chances avec un placement et aller en prolongation. Mais quand j’ai vu le touché et le super attrapé de Philpot, j’ai regardé le cadran et il restait 13 secondes. On devait par contre réussir le converti, qui était crucial, pour avoir une avance de quatre points. Winnipeg devait marquer un touché pour gagner », se remémore Gagné.
« Sur le botté d’envoi, il ne fallait pas accorder un gros retour, pour leur laisser le moins de chances possibles. Ils ont réussi une passe, et on a vu le botteur (Jamieson) Sheahan embarquer sur le terrain, on savait que Winnipeg préparait quelque chose, ce qu’ils ont tenté. Mais quand j’ai vu Marc-André se coucher au sol avec le ballon, que c’était final, c’est indescriptible, la boule d’émotions que tu ressens! »
« C’est un stress qui s’enlève, c’est la consécration de tous les efforts que tu as mis dans ton sport. Tu fais désormais partie d’un club sélect dont les membres ont gagné la Coupe Grey. »
— Alexandre Gagné
En effet, Alexandre Gagné a connu un parcours tortueux vers les pros. Il n’a pas repêché, mais il a été signé à titre d’agent libre par la Saskatchewan, avec qui il a disputé trois saisons, dont deux complètes, principalement sur les unités spéciales. Il a par la suite signé à titre de joueur autonome avec les Alouettes de Montréal, en 2021.
En 87 matchs de saison régulière, il a réalisé 92 plaqués sur les unités spéciales, sa spécialité.
« J’ai eu un parcours atypique, je n’ai pas été repêché. J’ai dû participer à des mini-camp des recrues. Mon premier essai pro, c’était avec les Alouettes. Ils m’ont dit qu’ils ne pensaient pas que ça marcherait, que je n’arriverai pas à percer la LCF. J’ai été par la suite passer un camp en Floride, avec des gars qui payaient pour leur participation, pour se faire voir, en espérant recevoir des invitations aux camps principaux des équipes. »
« J’ai passé une année au complet sur l’équipe de pratique des Riders. Plus tard dans ma carrière, je me suis fait opérer à la cheville et je suis revenu. Je regarde derrière et je me dis ça a été long, ça n’a pas été facile, mais câline que ça vaut la peine! », rigole-t-il.
Une belle histoire aussi que celle des Alouettes; l’équipe a changé de propriétaire, maintenant propriété de Pierre Karl Péladeau, et elle a connu une année en montagnes russes, avant de conclure avec une série de huit victoires consécutives.
Une famille
« Vraiment, un véritable conte de fée. Un nouveau propriétaire, un nouveau président, un nouvel entraîneur-chef, un nouveau quart-arrière, notre receveur numéro un qui s’en va. Les gens ne donnaient pas cher de notre peau, car il y a eu trop de changements. Je crois qu’on a juste construit là-dessus. »
« Et cette saison, on a fonctionné par séquence; deux victoires de suite, trois défaites, quatre victoires de suite et quatre défaites, et ça se termine par huit victoires de suite. Les morceaux se sont mis en place, on s’est créé un vestiaire uni. On a commencé le match comme une équipe, et on en ressort comme une famille. On a construit quelque chose de spécial, d’extraordinaire en seulement six mois, avec tous ces morceaux qui ont bougé. »
Les propos de Dequoy
Si la victoire des Alouettes lors de cette 110e victoire de la Coupe Grey a fait réagir, que dire des déclarations de Marc-André Dequoy après la rencontre.
Au micro de RDS, il ne s’est pas caché pour vilipender la LCF pour avoir ignoré le fait français lors de la présentation du match, à Hamilton.
Des propos qui ont fait réagir partout, et partagés ici par le chef du Parti québécois.
« Honnêtement, c’était un discours enflammé, pris sur le coup de l’émotion. On en a parlé, entre les joueurs, et je trouve ça dommage pour la LCF, pour les francophones, qu’on n’est pas pris la peine d’avoir des logos en français qui disaient « Coupe Grey ». Ça aurait été tellement facile à faire. Ça a pris des journalistes pour soulever cette incohérence et qu’on décide enfin de changer des petites choses, ici et là. C’est dommage », précise Alexandre Gagné.