Les sportifs de la Montée garderont les pieds dans l’eau

Le drainage du terrain de football de la Montée, entre autres, rend la surface dangereuse.

La grogne populaire augmente autour de l’état des terrains sportifs extérieurs jugés inadéquats et non sécuritaires. Des parents mécontents de l’état du terrain de football de l’école secondaire de la Montée, située dans l’est de la ville, montent aux barricades afin que des solutions soient mises de l’avant.


Ces derniers devront par contre faire preuve de patience, concède Donald Landry, directeur du secrétariat général et des communications au Centre de services scolaire de la Région-de-Sherbrooke (CSSRS).

La principale activité de financement du programme de football des Rebels de la Montée se déroulera ce samedi.

En plus des matchs des équipes benjamines et juvéniles, les Rebels honoreront en soirée l’édition 2013 de leur équipe juvénile, équipe qui a remporté la finale régionale, et interrégionale, disputée à Gatineau.

Certains politiciens devraient assister à l’événement, comme la députée de Saint-François pour la CAQ, Geneviève Hébert.

La sensibilisation à la réfection du terrain de la Montée sera assurément abordée.

L'absence d'éclairage, entre autres problématiques, empêche la présentation d'entraînements ou de matchs en soirée sur le terrain de la Montée.

Ce dernier, de même que les terrains sportifs de l’école secondaire Montcalm et du Phare, requièrent des entretiens importants. Et ce, depuis plusieurs années.

Le directeur du secrétariat général et des communications au CSSRS Donald Landry a récemment arpenté le terrain de la Montée. Et il est à même de constater le piètre état de la surface et son incapacité à bien se drainer.

« Ce terrain-là a manifestement besoin d’une mise à niveau, mais il reste que l’état du terrain nous permet de tenir des matchs, des entraînements. J’ai déjà vu des terrains plus mal en point que ça. Des terrains naturels qui sont utilisés à la fois pour du soccer et du football, dans nos conditions au Québec, ça représente un enjeu. Au-delà d’un entretien normal, il y a des enjeux de drainage et de structures. Que ce soit pour la Montée, du Phare ou Montcalm, ce sont des terrains qui ont besoin d’être remis à niveau. On a déjà présenté des demandes en ce sens au ministère, il y a quelques années, un peu avant la pandémie. Il y avait même des demandes conjointes avec la Ville de Sherbrooke, mais malheureusement, ces projets-là n’ont pas été retenus », s’est-il désolé.

Ce n'est pas d'hier qu'une réfection du terrain sportif extérieur de la Montée est exigée.

Le gouvernement de la CAQ a rendu accessible un nouveau programme afin d’aider à la réfection, la construction ou à l’accès d’infrastructures récréatives et sportives, en juin dernier. Le Programme d’aide financière aux infrastructures récréatives, sportives et de plein air (PAFIRSPA) est doté d’une enveloppe de 294 millions de dollars.

Ce programme permettra de payer jusqu’à un maximum de 66 % des coûts admissibles. Un premier appel de projet a été lancé en septembre.

« J’ai entendu parler de ce programme il y a peu. On doit faire nos demandes au plus tard en décembre. Pour le réseau scolaire, en juillet et en août, nos équipes des ressources matérielles sont concentrées sur les rénovations dans nos écoles. Cette année, on avait l’ajout de classes modulaires. On a commencé à regarder ça à l’interne. Bien que ces projets de remise à neuf de ces terrains pourraient se qualifier, le fait que le financement soit de 66 % et qu’il manque un 34 %, ça cause problème. Nos établissements n’ont pas ces sommes et il n’y a pas d’espaces pour aller chercher du budget ailleurs. C’est un enjeu. Ça va être complexe de trouver les sommes d’ici décembre. Je ne dis pas que c’est impossible, mais ce sera extrêmement complexe », a-t-il poursuivi.

Et il ne semble pas y avoir d’ententes ou de partenariats de financement à venir impliquant la Ville de Sherbrooke.

« Pour l’instant, il n’y a pas, de notre part ou de la part de la Ville, une partie qui a sollicité l’autre. C’est un programme nouveau. Est-ce que nos organisations vont se parler prochainement? Je le souhaite et je l’espère. Des deux côtés, on a énormément de projets et de priorités et ça s’ajoute à l’ensemble des infrastructures à renouveler. Oui, il y a une opportunité avec ce programme, qui en est à sa première année. Peut-être qu’on pourra y adhérer lors d’un deuxième tour de roue. »

Comme il n’y a pas de dossiers ouverts à ce sujet, la Ville de Sherbrooke n’accorde pas d’entrevues, a expliqué le service des communications.

« Pour une demande de PAFIRSPA d’une école ou d’un OSBL, la municipalité doit émettre une résolution. À l’heure actuelle, il n’y a pas de résolution d’appui du conseil municipal pour ce projet», a-t-on répondu à La Tribune.

Les parents en ont assez

Les parents des joueurs qui fréquentent le terrain de la Montée, eux, en ont assez.

« C’est un terrain fatigué par son âge, qui n’est pas égal, a des trous et est mal drainé. S’il pleut, il y a des flaques d’eau, la piste d’athlétisme qui l’entoure n’en n’est plus vraiment une: des mauvais herbes et des flaques d’eau. Comme il n’y a pas de lumières, nos pratiques se font en fonction du soleil et impossible d’y tenir un match de soir. Certains de nos adversaires/arbitres se plaignent de notre terrain », ont expliqué certains d’entre eux à La Tribune.

« Nous souhaitons que notre terrain cesse d’être sujet de discussions mis à l’oubli année après année. Nous souhaitons que les jeunes puissent utiliser ce terrain autant au football, en éducation physique et pour d’autres sports en sécurité. Notre coach s’est d’ailleurs blessé sur le terrain la saison passée. Pour plusieurs jeunes, le sport est ce qui les rattache à l’école. »

L’entretien de ces terrains se fait malgré tout, assure Donald Landry.

« Nos équipes s’affairent à réparer et râcler les terrains, remplir les trous. L’utilisation de ces terrains par le soccer et le football semble causer problème. Même si on avait un terrain d’une grande qualité, sans un terrain synthétique, la cohabitation est complexe. Il n’y a pas assez de terrains à Sherbrooke pour qu’il y ait des terrains dédiés à chacune des disciplines. Quand j’étais à du Phare, on constatait les dommages sur le terrain de football, à l’aube de chaque saison, par l’utilisation du soccer. Des fragilités qui étaient augmentées par les intempéries. Même en investissant plusieurs centaines de milliers de dollars, des ingénieurs me disent que même si les terrains sont mieux drainés, ça ne les mets pas à l’abri de bris, car ces derniers se sont toujours situés aux mêmes endroits. »

Les terrains synthétiques, plus onéreux, mais plus efficaces, ont une plus grande durabilité et ils sont plus sécuritaires, souligne M. Landry.

« On doit concilier nos besoins, au réseau scolaire, et ceux de la Ville. Souvent, les saisons civiles et scolaires se chevauchent, et il y a des enjeux de disponibilités. C’est un enjeu pour une Ville comme Sherbrooke. Et pour des infrastructures conjointes, il demeure l’enjeu de la priorité; qui sera priorisé et qui gère l’horaire des matchs? » s’est-il questionné.

Le mécénat comme solution?

« S’il y avait à court terme un mécène qui se proposait pour donner un coup de main pour cet enjeu, ça serait extrêmement bienvenu », a admis le directeur du secrétariat général, soulignant que les organismes scolaires peuvent émettre des reçus pour fin d’impôts, pour dons de charité.

« Là où c’est plus complexe, c’est quand les gens veulent donner du temps ou des services. En ce qui concerne la concurrence et les fonds publics, on ne peut s’attacher à un entrepreneur et lui garantir le contrat, advenant qu’il nous offrirait le 34 % manquant en services, tout en obtenant le contrat et la subvention de 66 %. On ne peut pas faire ça. »

« Concernant l’implication bénévole, il y a eu des assouplissements dans la loi afin que des légers travaux soient faits dans les écoles, pour les parents. Mais là, on fait l’entretien de base sur nos terrains. Le seul avantage, ce serait l’agilité, la présence des parents chaque match ou chaque entraînement. Probablement qu’ils ne pourront faire plus ou mieux que nous, lorsqu’on engage un entrepreneur. On pense que pour ces terrains, le drainage, le sous-sol, doivent être entièrement refaits pour éviter l’accumulation d’eau. Une entreprise ou un donateur, un mécène, pourraient faire un don en argent qui serait utilisé pour ça », a poursuivi Donald Landry.

D’ici là, joueurs, entraîneurs et parents devront faire preuve de patience.