Steve Mboumoua, premier joueur de football québécois à recevoir une offre NCAA d’Alabama

Le footballeur Steve Mboumoua, et son entraîneur Sébastien Lévesque, du CMDF, accompagnés du légendaire Nick Saban.

Le footballeur Steve Mboumoua a fait bonne impression, lors de ses deux présences aux États-Unis à des camps de football de programme universitaire NCAA. L’ancien des Béliers de la polyvalente Montignac, à Lac-Mégantic, est de retour à la maison avec huit offres de bourses complètes, dont l’une provenant de l’Université Mississippi State, un programme de la prestigieuse conférence SEC, mais surtout, une offre de Nick Saban du Crimson Tide de l’Université de l’Alabama. Mboumoua est le premier footballeur issu d’un cégep québécois à recevoir une offre d’Alabama.


Le secondeur qui évolue désormais avec le Notre-Dame du campus Notre-Dame-de-Foy (CNDF), en division un du football collégial RSEQ, a visité Alabama à la mi-juin, où il a rencontré l’entraîneur-chef de l’équipe Crimson Tide, Nick Saban.

L’offre d’Alabama est la dernière en lice pour Mboumoua, déposée tout récemment.



Alabama a battu Kansas State lors du Sugar Bowl, l’hiver dernier et remporté le championnat national en 2020 contre Ohio State.

Mboumoua était accompagné par ses entraîneurs chez le Notre-Dame, Marc-André Dion et Sébastien Lévesque, de même que par Yannick Thibault, son ancien entraîneur chez les Béliers.

Jusqu’à présent, l’imposant joueur défensif a reçu huit offres: Boston College, Penn State, Minnesota, Arizona State, South Florida, Memphis, Liberty et Mississippi State.

Il est admissible pour amorcer son parcours universitaire à compter de 2025.



Steve Mboumoua et son entraîneur chez les Béliers, Yannick Thibault. C'est ce dernier qui a initié Mboumoua au football, à son arrivée au Canada.

« J’étais dans le bureau quand il a reçu son offre de Mississippi State! C’était incroyable! Je n’aurais jamais pensé vivre ça comme coach! », a dit Yannick Thibault.

« À Alabama, c’était une grosse dernière journée de camp pour Steve, avec 486 joueurs de ligne défensive et offensive inscrits. Le calibre était très relevé et Steve a élevé son niveau de jeu d’un cran. Il a impressionné dans les confrontations individuelles, surtout lorsque Coach Saban l’observait. »

« À la fin du camp, l’organisation de BAMA nous a demandé de rester tout près, car elle voulait nous rencontrer pour poursuivre la discussion à propos de Steve. Nous sommes allés dans un bureau en attente. Steve et deux coachs sont allés dans le bureau de Nick Saban. Après 20 minutes, nous sommes allés les rejoindre pour prendre des photos et c’est alors que j’ai appris que Coach Saban a dit à Steve : “ Nous allons te recruter et nous voulons que tu joues pour notre équipe, nous allons te suivre de près ”. Incroyable! Peu de gens se rendent dans son office et on en fait partie », a relaté Thibault.

Mississippi State fait partie des plus importants programmes de foot NCAA division 1 aux États-Unis, en division SEC

« C’est vraiment cool, ce qui lui arrive. En secondaire 2, quand il nous a aidé à battre les Barons du Séminaire de Sherbrooke en finale, il faisait déjà 6′02 et 205 livres. Déjà, il était un phénomène. On l’utilisait alors comme porteur de ballon! Avec son physique, on lui donnait le ballon souvent! Éventuellement, on savait qu’il allait faire le changement vers la défensive; c’est moins taxant pour le corps de frapper les autres, plutôt que de se faire frapper à répétition. Il a fait le saut avec le CNDF. Il a été une pièce maîtrise pour le CNDF, qui s’est incliné en finale du Bol d’Or, l’automne passé. »

Un parcours sportif et académique particulier

C’est un peu par hasard que Yannick Thibault a croisé le chemin de Steve Mboumoua.

« Il faisait une visite de l’école et déjà, il était pas mal plus grand que les autres. On pouvait facilement voir, par son physique, que c’était un athlète. Je lui ai demandé quel âge il avait; je m’attendais à 15 ou 16 ans. Il m’a dit j’ai 12 ans! Ben voyons! On l’a inscrit tout de suite dans nos équipes sportives. Steve, c’est d’abord un très talentueux joueur de soccer. Quand il était benjamin, il jouait avec l’équipe juvénile de futsal! Il a gravi les étapes. »



« Ce qui lui arrive sur le terrain, ça ne me surprend pas. C’est un phénomène de la nature, côté entraînement et musculation. Il est arrivé ici en provenance du Cameroun, et son parcours scolaire est passé par les programmes d’adaptation scolaire. Le système scolaire ici n’est pas le même qu’au Cameroun. Il n’avait pas les mêmes acquis, à son arrivée, et les tests qu’il a passé l’ont classé en adaptation scolaire. »

« Les enseignantes en adaptation scolaire ont fait un travail colossal pour le faire graduer, pour qu’il obtienne son diplôme. Il aurait pu abandonner, bien souvent. »

« Son côté sportif et athlétique, je ne suis pas surpris; il est dans le gym tous les jours, respectueux avec tout le monde. Mais c’est à l’école qu’il me surprend. Il a fait son DEP, fait des cours aux adultes, il a gradué par la porte de côté, mais il a gradué. »

« Steve est très bien encadré. Il est très accompagné par Marc-André Dion, l’entraîneur-chef du Notre-Dame. Il est dans une belle gang à Québec, il est bien accompagné et bien encadré dans ses cours. »

« Steve a l’embarras du choix. Je lui ai juste dit de choisir l’endroit qui le rendrait le plus heureux. Steve, c’est le genre d’athlète que tu n’as qu’une fois dans ta carrière. C’est l’athlète d’une vie. Pour une petite école comme chez nous, c’est le premier qui risque de jouer chez les pros un jour. On en profite, c’est une belle fierté pour tout le monde! »

Réaliser ses rêves

« J’ai passé toute une semaine à Detroit, et à Atlanta, où j’ai fait des camps, des méga-camps, en fait. Plusieurs universités américaines sont présentes sur place. On fait des tests physiques, des épreuves combinées. Les universités qui sont intéressées par toi, elles viennent te voir et si ça va bien, elles te font une offre. c’est comme ça que ça se passe », a indiqué Mboumoua à La Tribune, avant son voyage à Alabama et Auburn, les 14 et 15 juin derniers.

Outre les offres qu’il a déjà reçues, Mboumoua aimerait aussi visiter Miami.

« Mais ça prend de l’argent, aussi. Je n’ai pas d’agent. C’est mon argent, je travaille l’hiver, c’est moi qui paye tout de ma poche pour l’instant. »



« J’aimerais étudier en marketing, j’ai envie de créer ma propre compagnie, avec ma propre marque de chaussures, ça toujours été mon objectif premier. Pour le football, je ne sais pas encore, je ne peux pas me prononcer, j’attends de voir quelles seront les meilleures options pour moi. »

L’école d’abord

« Je sais ce que ça implique, recevoir des offres. C’est le travail, la concentration, des années de travail et de sacrifices et d’entraînement. Loin de la famille, de tout. Et de garder l’objectif. Le plus important, c’est l’école. Le football c’est bien, mais à la fin de la journée, il faut avoir un diplôme aussi. C’est très important pour moi, et mes parents. Je veux un programme solide; pour le football, ça reste la NCAA, c’est du bon niveau partout. Si académiquement, je suis garanti d’avoir un bon encadrement avec des tuteurs, ça va faire une différence », a-t-il expliqué.

Le parcours du colosse du CNDF se retrouve ainsi médiatisé, tout juste après celui de Matthew Bergeron, l’ancien joueur de ligne offensive des Filons de Thetford Mines, qui a récemment été choisi par les Falcons d’Atlanta, lors du repêchage annuel de la NFL.

« Suivre les traces d’un gars qui l’a déjà fait, c’est inspirant. J’ai joué avec son petit frère et il s’en vient au CNDF. J’ai parlé à sa famille et je vois que c’est possible, si tu travailles fort et bien. »

Adaptation au football américain

Steve Mboumoua est arrivé au Canada à 12 ans.

Non seulement a-t-il dû s’adapter à un nouveau style de vie, mais il a fallu qui s’adapte également sur les bancs d’école. Le sport fut un grand facteur d’intégration, a-t-il confirmé.

« Oui, je me débrouillais bien à l’époque, dans les sports, je suivais les conseils des entraîneurs et tout allait bien! Ma mère était déjà au Canada; elle nous a parrainé pour qu’on vienne la rejoindre. Je suis arrivé à 12 ans au Canada, Yannick m’a introduit au football et après quelques pratiques, j’ai vu qu’il y avait peut-être quelque chose à faire avec ce sport-là.

« J’ai toujours joué au soccer; quand Yannick m’a parlé de joué au football avec l’école, je croyais qu’il parlait de soccer. Quand je suis arrivé à l’entraînement et que j’ai vu que tout le monde portait des épaulettes, j’ai compris qu’on parlait pas du même football! Je ne connaissais pas du tout ce football avant d’arriver au Canada. C’est Yannick qui m’a tout appris. Sur les heures du midi, on faisait du vidéo, il me montrait comment bouger, je n’ai suivi ce qu’il m’a montré. »

« Les gars m’ont bien accueilli et c’est ce que j’ai toujours aimé de ce sport, c’est l’aspect familial. N’importe qui débarque, d’un autre continent, et on est bien accueilli. Mon intégration en a été facilité. »

Adaptation scolaire

Si Steve est impitoyable avec les adversaires, il a utilisé la même résilience sur les bancs d’école.



« Au niveau scolaire, ça a été une adaptation, j’arrivais du Cameroun et j’ai été sous-classé. J’ai été classé en adaptation scolaire, il a fallu que je fasse des matières de base. Après le secondaire IV, je me suis assis avec un conseiller d’orientation afin de me faire un plan pour entrer au Cégep. Il a fallu que je fasse un DEP d’un an, en abattage et débardage forestier alors j’ai eu assez de crédits pour entrer au Cégep. Depuis mon arrivée, étonnamment, ça va bien, j’ai une moyenne générale de 80 », a-t-il dit avec fierté.

« Je me suis entouré de bonnes personnes, j’ai écouté les conseils, j’ai fait les devoirs et académiquement, je suis plus solide qu’au secondaire, et ça c’est un gros avantage. J’ai perdu une année avec le DEP et j’ai perdu une année d’admissibilité, j’ai dû jouer une année de plus au secondaire. Je savais ce que ça impliquait un échec, alors j’ai mis les efforts. »