Il suffit de faire une tournée du centre-ville de Halifax pour se souvenir de Nathan MacKinnon et Jonathan Drouin, soulevant la coupe, en regardant toutes les photos affichées derrière le bar ou les murs des restaurants. Les éditions de 2019 et 2000 n’ont pas été oubliées non plus, alors que les Mooseheads participaient encore au tournoi de la Coupe Memorial.
L’histoire des Mooseheads est riche et prestigieuse. Celle du Phœnix a encore tout à bâtir.
Stéphane Julien aimerait voir sa troupe se rendre là où elle n’est jamais allée: en grande finale.
Pendant ce temps, une autre organisation de renom attend de connaître l’identité de son adversaire, puisque les Remparts de Québec n’ont fait qu’une bouchée des Olympiques de Gatineau.
Le Phœnix menait pourtant la série 2 à 0.
Un premier match qui se résume par une domination du Phœnix à Halifax. Même après la première période du deuxième match présenté au Centre Scotiabank, on voyait déjà le Phœnix en grande finale, alors que le pointage était déjà de 2 à 0 et les tirs, 17 à 3 en faveur de Sherbrooke.
Le jeu s’est resserré, le vent a tourné de bord peu à peu.
Bizarrement, tout concorde avec le départ de Jordan Dumais, blessé en deuxième période. Par la suite, les Mooseheads ont repris vie, mais ont tout de même perdu en prolongation devant leur foule au second match.
À Sherbrooke, on sentait déjà l’urgence dans le clan de Halifax.
À l’aéroport, un membre de la presse télé a demandé à l’entraîneur Sylvain Favreau s’il pensait voir le Phœnix dans l’avion pour revenir à Halifax afin de disputer un match numéro 5 samedi. La question aurait motivé la troupe des Maritimes.
Une nouvelle mode, semble-t-il, puisque les Remparts ont eux aussi puisé leur inspiration dans les prédictions d’un journaliste du Journal de Québec.
Il y a meilleure motivation, à mon humble avis, mais toutes les raisons sont bonnes une fois rendu en séries.
Les Mooseheads ont finalement surpris le Phœnix dans un amphithéâtre où il semblait pourtant imbattable, ou presque.
Ils ont même ajouté l’insulte à l’injure en obtenant une deuxième victoire, jeudi, au compte de 5 à 2.
Chaque fois, Halifax s’est forgé une avance considérable, et ce, rapidement. Les débuts de match seront des plus importants d’ici la fin de la série.
« On a du talent, donc on est opportunistes. Ensuite, on garde l’avance sans ouvrir le jeu », résume Alexandre Doucet, qui semble à l’aise comme un poisson dans l’eau sur la glace du Palais des sports, lui qui vient de Sherbrooke.
« On a arrêté de les regarder jouer. Notre équipe jouait trop sur les talons et on respectait trop le Phœnix. Notre club s’est mis à travailler en équipe, surtout en début de partie. »
Les Mooseheads avaient clairement un complexe d’infériorité. Les mines étaient basses après les deux défaites au Centre Scotiabank.
« On est une jeune équipe encore et ça vient avec un manque d’expérience, donc on accordait beaucoup de respect au Phœnix. C’est vraiment grâce à nos deux dernières périodes du dernier match à Halifax que notre équipe a retrouvé un certain espoir, mais on avait gardé confiance quand même. »
Sylvain Favreau joue également la carte du club favori et utilise la stratégie traditionnelle de mettre la pression sur l’autre équipe. Pourtant, les Mooseheads ont terminé tout juste devant le Phœnix, au deuxième rang.
« Dans cette série, on n’était pas favoris en partant et on voulait prouver que notre club méritait d’être en demi-finale, avance l’entraîneur-chef des Mooseheads. Nous, on le savait que c’était possible. On manquait de constance lors des deux premiers matchs à Halifax et ici, on a mis l’accent sur cet aspect. Le caractère de nos joueurs se transpose dans le nombre de tirs bloqués. On tente de jouer de façon hermétique en limitant les chances de marquer et on fait le travail. On est contents, mais on sait que ce n’est pas terminé. »
En effet. Ce n’est pas terminé. Mais la prochaine partie sera déterminante. Le hockey de rattrapage n’a jamais souri au Phœnix dans cette série contre les champions des Maritimes. Ce sera peut-être la même chose s’il échappe la prochaine victoire à Halifax, samedi après-midi, là où les Sherbrookois ont été excellents.
« Il faut oublier les deux matchs à Sherbrooke, clame Joshua Roy. Ce n’est pas la façon dont on veut jouer. On veut éviter les revirements et les chances de marquer de l’adversaire et on ne l’a pas fait à Sherbrooke. On doit trouver les solutions et jouer de façon plus physique et revenir à la base. »
Le Phœnix sera de retour dans son amphithéâtre dimanche après-midi. Les partisans auront droit à tout un spectacle.
Ils ont été patients, depuis 2012. Les amateurs sherbrookois ont eu un avant-goût la saison dernière avec une participation au carré d’as: une élimination face à Charlottetown, cette fois.
Gageons d’ailleurs que les anciens joueurs du Phœnix seront attentifs, ce week-end.
Les Xavier Parent, Samuel Poulin, Julien Anctil, Alex-Olivier Voyer, Benjamin Tardif, Mathieu Olivier et même les plus âgés, Daniel Audette et Thomas Grégoire, surveilleront de près ce qui se passera entre les deux formations.
Le dénouement est attendu. Jamais le Phœnix n’a pu célébrer un triomphe. On croyait que le grand jour était arrivé en 2020, mais la pandémie en a décidé autrement.
Cette fois, la chance est trop belle pour la laisser passer et le Phœnix devra gagner ce week-end pour espérer éviter l’échec. Pour ne pas se dire « tout ça, pour ça ».
Sinon, l’attente pourrait être encore longue.
Tout change rapidement dans le hockey junior. Un mauvais but accordé en début de période, comme celui de jeudi lors du match 4, peut faire tout basculer. Une grosse mise en échec. Une déclaration monstre. Un simple mauvais rebond. Une performance magistrale d’un gardien. Tout peut arriver maintenant.
Ma prédiction demeure. Phœnix en 6. Mais comme il s’agit maintenant d’une série deux de trois, comme disait Olivier Adam, j’irai avec Phœnix en 2.
Mais un original, ça se mange un steak à la fois. Pas d’une seule bouchée, pour reprendre les propos de Bruce Richardson, entraîneur de l’Armada, après son élimination.
Voyons voir maintenant s’il avait raison: la bête du Phœnix est-elle si grosse que ça?