Un an de Covid-19
Renaud Légaré, propriétaire de la Cantine du lac de Magog, a revu avec émotion ses clients cette semaine, après quatre mois de fermeture en raison de la pandémie.
Chez les habitués de ce genre d’établissement, l’ouverture des salles à manger était un pas de plus vers le retour à la normalité, alors que la région estrienne passait en zone orange. « Mes clients qui arrivaient à 5 h avant sont arrivés à 5 h lundi matin. Même chose pour ceux qui venaient à 6 h, 7 h, 9 h… », dit fièrement M. Légaré.
« Ils étaient heureux de se voir, de se parler. Ça se sentait que le monde s’était manqué durant cette période. J’ai été fermé pendant quatre mois. C’est long pour des gens qui sont habitués de se côtoyer régulièrement », affirme-t-il.
« Dans le fond, on est comme une famille! »
Pour Renaud Légaré, c’était le moment de revenir devant son public avec ses « niaiseries », quand tout est prétexte aux taquineries, aux anecdotes gonflées à l’hélium et aux histoires dignes des meilleurs vaudevilles.
C’est l’endroit pour se faire « tirer la pipe » même si on n’a pas le droit de fumer.
Reprendre le collier pour servir des assiettes deux œufs bacons, grilled cheese et omelettes westerns a été un soulagement, dit l’homme d’affaires aussi connu pour son dévouement auprès de l’équipe des Cantonniers de Magog. Il a dû se relever les manches rapidement aussi.
« Il a fallu se retourner vite »
« Il a fallu se retourner vite pour être prêts lundi matin. On a eu le OK du premier ministre (François Legault) le mercredi. Jeudi matin, je suis arrivé à la cantine. C’est là que je me suis aperçu que des frigos ne fonctionnaient plus », relate-t-il.
« Ça voulait dire trouver un réparateur. Il fallait aussi courir après les fournisseurs pour commander de la nourriture. Tout le monde des restaurants courait après eux. J’ai été chanceux, car j’ai pu avoir mes commandes à temps. »
Renaud Légaré n’a pas pensé abandonner, afficher « à vendre » devant le petit bâtiment situé au coin des rues Principale et du Moulin, à l’ombre d’une succursale de la SAQ. L’aide aux entreprises offertes par le gouvernement en cette pandémie ne couvre pas tous les frais. Il a dû faire avec, dit-il.
L’un de ses fidèles spectateurs, le Magogois André Côté, trouvé son déjeuner encore meilleur avec cette réouverture tant espérée. « C’est bon pour le moral. Après des mois à voir les mêmes visages, les mêmes meubles, les mêmes murs à la maison, ça fait du bien de sortir et venir ici pour refaire le monde », lance-t-il.
« Moi je dis que des cantines comme chez Renaud, il devrait y en avoir dans toutes les villes et tous les villages. Quand on se présente ici le matin, c’est souvent le seul loisir qu’il te reste quand tu as un certain âge. »
« Bien contents de revoir notre monde »
Si les clients étaient heureux de revenir s’assoir à leur cantine préférée, les employés ne demandaient pas mieux de les revoir. « Nous étions bien contents de revoir notre monde, c’est certain », commente Pierre Blais, du Resto-Bar La Patrie, dans le village du même nom.
« Nous avions hâte de revenir au boulot. Des mois sans travailler, c’est long et plate! »
À Lambton, la Cantine L’Express a repris vie après avoir offert seulement des plats à la livraison pendant quelques mois, mais les contraintes pèsent lourd sur les opérations du commerce. « Il y a tellement de restrictions que ça complique le travail », déplore la propriétaire des lieux sans vouloir se nommer.
« Les gens sont contents de revenir à l’Express, mais certains sont frustrés parce qu’ils ne peuvent pas s’assoir ensemble. On doit garder les gens éloignés. Ce n’est pas toujours évident », se plaint-elle.
« Nous n’avons que quatre tables et on ne peut pas se servir des places au comptoir. C’est moins intéressant disons... »