
Sherbrooke
Il semble que ni les services municipaux ni la Régie du bâtiment, chargée d’accorder le permis d’exploitation, n’ait la responsabilité d’avertir les services d’urgence pour leur permettre d’adapter leur plan d’intervention en cas de sinistre (voir autre texte). M. Simoneau, qui a multiplié les représentations après la tragédie de Lac-Mégantic pour que les villes soient avisées des matières dangereuses qui transitent sur leur territoire, croit qu’il serait pertinent qu’un règlement ou une loi incite à une meilleure communication avec les intervenants des services d’urgence.
M. Simoneau déplore donc ne pas avoir été mis au courant de la présence du réservoir. « Avec ce genre de produit, nous devons inspecter le site toutes les années. Nous avons toujours avantage à être informés pour valider la conformité du site. Le fait de le savoir nous rend plus compétents pour répondre en cas d’incendie. Pour le premier appel pour un feu dans le secteur, des citernes seront immédiatement en route et un nombre plus important de pompiers sera assigné pour éviter que ça dégénère. Dans ce cas-ci, nous sommes allés valider sur le terrain. Chaque caserne a été sensibilisée au site pour limiter les risques. »
Si Stéphane Simoneau cherche à calmer les inquiétudes en parlant d’un risque faible dans le cas du réservoir de propane, considérant la qualité des équipements détenus par la compagnie, il admet qu’en cas d’incendie important, une évacuation dans un rayon de 1,5 km serait nécessaire. Il faudrait donc évacuer une partie du quartier Marie-Victorin, du boulevard René-Lévesque et du parc industriel régional. Notons que les écoles de la Croisée et de la Maisonnée sont situées aux limites du périmètre d’évacuation. « Ce genre d’événement est extrêmement rare », convient-il.
« Il n’y a pas de danger imminent. C’est toujours préoccupant, mais avec les mesures en place et le mode de conception des réservoirs, les risques sont presque totalement diminués », rassure Stéphane Simoneau.
Sauf que, précise-t-il, les matières dangereuses ne présentent pas un risque zéro et il faut savoir les gérer.
À preuve, un réservoir de taille semblable a explosé dans un site de stockage de propane à Toronto en 2008. Près de 1200 personnes avaient été évacuées. C’est un transfert illégal entre camions qui était alors en cause.
S’il peut sembler plus logique de permettre l’implantation de matières comme le gaz propane aux limites du territoire, une telle décision aurait d’autres impacts. « Quand il y a un feu dans du propane, souvent, l’extinction est rapide. Sinon, la deuxième stratégie, c’est l’évacuation. Le risque est presque nul, mais est-ce qu’on devrait favoriser d’installer ces matières à l’extérieur du périmètre urbain? Il y a un enjeu d’alimentation en eau qui serait alors important. Est-ce qu’on préfère ne pas avoir de matières dangereuses sur notre territoire? La réponse est oui. Mais à partir du moment où on vit en société, il faut une intégration des risques. »

Schéma de couverture de risques
Stéphane Simoneau voudrait la mise en place d’un schéma de couverture de risques en sécurité civile. « Ça fait plusieurs années qu’on le demande. Il y a place à amélioration, c’est clair. »
Les villes disposent déjà d’un schéma de couverture de risques en incendie qui leur permet notamment de planifier la façon dont sont déployés les pompiers lors d’un brasier. À Sherbrooke, pour améliorer le temps de réponse en cas d’urgence, ce schéma a permis de déterminer que certaines casernes avaient avantage à être déplacées. « Il y a dix ans, un projet de loi pour les Villes visait à répertorier les dangers pour la population. L’objectif était d’améliorer la planification du territoire pour ne pas mélanger la population civile avec les milieux à risque. »
Un tel schéma n’aurait pas pu empêcher l’implantation d’une compagnie de propane sur le chemin de Saint-Élie. « Nous n’avons pas d’outils en ce sens, donc nous avons les mains liées, mais nous pouvons nous demander si c’était le meilleur endroit. Nous devrions avoir notre mot à dire parce qu’on installe un risque important près d’une population. Le schéma de couverture de risques nous permettrait de prévoir ça avant que le permis soit donné en nous assurant que la zone ne le permet pas. »
Chez Gaz Propane Rainville, l’entreprise concernée, le vice-président, Dominic Fontaine, indique que la compagnie a discuté avec la Ville pour valider le zonage avant de déposer un plan et d’obtenir le permis d’implantation. D’autres sites avaient été considérés, mais ils ne convenaient pas pour des raisons de sécurité. « Notre protocole est de demander un permis à la Ville. C’est ce qu’on a fait. »
M. Fontaine rapporte qu’il ne prévient jamais directement les services de protection contre les incendies, mais que dans d’autres villes, une fois le permis accordé, il arrive que le directeur de pompiers demande un entretien.
« Notre installation de Saint-Élie est à la fine pointe de la technologie et est conforme aux normes les plus récentes et les plus strictes. Notre ingénieur a déjà fait un premier rapport d’appréciation du risque et il mentionne qu’il s’agit d’un des sites les plus sécuritaires au Québec. »