Toutefois, plusieurs enjeux et considérations affectant les Producteurs de grains du Québec (PGQ) semblent ne pas avoir été réellement pris en compte lors de l’élaboration de ces modifications réglementaires. Malgré tout, nous maintenons notre engagement de collaborer étroitement avec le MELCCFP, à trouver des solutions pour réduire la pression des pesticides sur l’environnement et à lutter contre les changements climatiques.
Il nous apparaît toutefois important de rappeler que la dynamique climatique et la pression des ravageurs ne sont pas figées dans le temps.
Les PGQ sont déterminés à inclure les meilleures pratiques en matière de développement durable dans leurs opérations. Pour atteindre cet objectif, il faudra effectuer une révision significative des lourdes restrictions imposées par la nouvelle réglementation et obtenir un soutien accru du gouvernement. Pour avoir du succès, les mesures gouvernementales doivent être basées sur un équilibre entre les aspects agronomique, économique et environnemental. En effet, l’omnibus réglementaire n’entraîne actuellement qu’une augmentation des coûts et une réduction de la productivité, limitant l’autonomie des entrepreneurs, les empêchant d’être impliqués de manière constructive dans l’élaboration et la mise en œuvre de développement durable.
Notons également que le manque d’agronomes et de technologues pour fournir des services de qualité et professionnels qui se profile à l’horizon risque de laisser en pan les productrices et les producteurs seuls devant le défi de l’agriculture durable. Pourtant, plus que jamais, dans un contexte de bouleversements climatiques, les agriculteurs et l’ensemble de la filière agroalimentaire ont besoin de ces spécialistes à leur côté pour opérer la nécessaire transition vers des pratiques plus durables et soucieuses de l’environnement — et qui permettront aussi à terme de maintenir une production suffisante pour répondre à la demande.
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Dans le contexte des répercussions probables sur les producteurs de grains québécois, nous avons pris le soin de transmettre au ministre nos recommandations, qui, après avoir été considérées, n’ont malheureusement pas été intégrées à l’omnibus. Justement, le gouvernement propose un élargissement des classes de pesticides visés par la réglementation afin d’inclure les fongicides. C’est la première fois que nous observons une telle politique au Canada et une analyse plus approfondie est nécessaire quant au traitement des semences aux fongicides et leur impact sur la présence de ces fongicides dans l’eau. Plus spécifiquement, nous remarquons que les ajustements réglementaires projetés auront comme effet de perturber la capacité de production de nos entrepreneurs à long terme.
En outre, nous demandons également la révision de la pratique de publication de rapports sur la qualité des eaux sur la base de valeurs provisoires plutôt que celles appuyées par une validation scientifique robuste. Ces rapports établissent les critères de qualité de l’eau de surface pour la protection de la vie aquatique chronique (CVAC) et ont un impact substantiel sur les activités et les revenus des productrices et producteurs de grains. Ainsi, nous avons obtenu une confirmation du MELCCFP que les CVAC seront révisés lorsque des données scientifiques seront disponibles.
En terminant, le canal de communication présentement en cours et la collaboration continue assureront une transition fluide vers un encadrement réglementaire et des pratiques plus durables autant pour l’environnement que pour les producteurs et productrices de grains du Québec, le tout à travers des politiques publiques basées sur des faits empiriques.
Par Christian Overbeek, président des Producteurs de grains du Québec