Mais justement, comment avoir des plates-bandes mieux contrôlées tout en favorisant la biodiversité et la présence d’insectes bénéfiques? Je vous propose de redonner un coin, petit ou grand, de votre jardin à la nature.
Réensauvagement
Le concept de réensauvagement date des années 60. Il vise la restauration d’habitats naturels par l’introduction d’espèces végétales et animales dans le but de réparer les interactions écologiques et, ainsi, de permettre aux écosystèmes de s’autoréguler.
Dans nos jardins, surtout en ville et en banlieue, on ne peut pas espérer reproduire des écosystèmes entiers… et je ne vous demande pas d’introduire une famille de carcajous dans votre cour! On peut tout de même créer chez soi des habitats pour des plantes, insectes, mammifères, oiseaux, amphibiens et reptiles indigènes, et ce, avec peu d’effort.
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À quoi servent toutes ces bibittes?
Quel est l’avantage de créer des biotopes pour la flore et la faune indigènes dans nos jardins? Le but est de produire de petits écosystèmes chez soi qui vont s’autoréguler. Des limaces dans vos hostas? Les crapauds et les serpents en raffolent. Les coccinelles peuvent se gaver de quantités énormes de pucerons. Il y a un type de guêpe qui pond ses œufs dans des chenilles nuisibles. Les papillons eux… ne sont pas des prédateurs, mais ils sont beaux et ils pollinisent nos fleurs! Il ne faut pas oublier que les plantes nourrissent aussi ces animaux qui, en mourant, se décomposent et nourrissent le sol. Et ce n’est qu’une fraction des interactions qui se produisent dans nos espaces verts. Le cercle de la vie dans votre jardin, quoi!
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Un coup de pouce à la nature
Le hic, c’est qu’un jardin trop propre n’est pas un bon habitat pour cette faune. Une alternative facile consiste à redonner à la nature une partie de votre propriété que vous utilisez peu : derrière le cabanon, en dessous de la haie de cèdres matures, dans l’espace exigu entre votre maison et celle de votre voisin. Vous aurez donc aménagé un sanctuaire de biodiversité, et vos plates-bandes plus formelles profiteront de toute cette vie.
Je planifie justement quelques travaux dans le jardin de ma belle-mère, celui que mon père a conçu et «entretenu» pendant une trentaine d’années. Dans le fond du terrain, derrière un mur de pierre, se retrouvent quelques arbres et arbustes et bien des mauvaises herbes. Les plantes d’origine, probablement mal adaptées à l’ombre grandissante, ont disparu. Un endroit idéal à laisser aller en friche au profit d’une niche écologique. Surtout que l’accès y est difficile et qu’on ne le voit pas de la maison.
Contribuer à sauver l’environnement, n’est-ce pas une excellente excuse pour paresser au jardin? Mais comment s’y prendre? Le plus simple est de tout bonnement cesser d’entretenir une partie de votre cour. Toutes sortes de plantes indigènes et non indigènes s’y installeront sans votre intervention. Vous pourriez aussi donner un petit coup de pouce à la nature en y plantant quelques plantes indigènes. C’est ce que j’ai prévu chez ma belle-mère. Puisque le Québec est composé en grande majorité de forêts, j’ai choisi une végétation de sous-bois, qui survivra à l’ombre.
Quelques végétaux de sous-bois
Plusieurs fougères originaires du Québec sont faciles à trouver en pépinière et s’adaptent à une variété de conditions. L’anémone du Canada (Anemone canadensis) trouvera sa place en bordure de sous-bois, produisant de petites fleurs blanches de mai à juillet. Le quatre-temps (Cornus canadensis), en plus de fleurir au printemps et de produire des fruits rouge-orange, est un excellent couvre-sol pour l’ombre. La tiarelle (Tiarella cordifolia) représente un autre bon choix pour tapisser une grande étendue et produit de délicates fleurs blanches. Et je n’ai nommé ici que les plantes les plus communes. Il existe quelques pépinières spécialisées en plantes indigènes au Québec et plus vous en ferez la demande chez votre jardinerie locale, plus il y aura de variétés disponibles.
Presque sans entretien
Aucun jardin n’est réellement sans entretien, même ce genre de coin nature, sinon ce ne serait pas un jardin. Attention de ne pas laisser des espèces trop envahissantes y élire domicile. Vous aurez ensuite de la difficulté à les éliminer et elles pourraient se répandre dans le reste de vos plates-bandes. Il serait aussi préférable de surveiller les grands arbustes et arbres qui apparaissent spontanément. S’ils deviennent trop gros, vous devrez demander un permis pour les abattre et la plupart des municipalités sont réticentes à en émettre.
Votre coin abandonné fait aussi un bon dépotoir pour vos feuilles, vos branches mortes et même vos bûches. Cette matière organique pourra s’y décomposer à l’abri des regards tout en servant de nichoir aux animaux bénéfiques.
L’entretien se résume donc à un peu de surveillance et au désherbage occasionnel. Vous pourrez probablement oublier votre coin abandonné pendant plusieurs années avant d’avoir à intervenir. Ainsi vous pouvez avoir votre jardin propre et votre coin paresseux. Le meilleur des deux mondes!
ENTRETIEN HORTICOLE : À FAIRE CETTE SEMAINE
› Utilisez du paillis organique dans votre potager pour empêcher les mauvaises herbes de pousser et maintenir l’humidité du sol plus stable.
› Si vos arbustes à floraison printanière, tel le lilas, ont besoin de taille, faites-le peu après la fin de la floraison.
› Lorsque les feuilles de vos légumes commencent à se toucher, c’est le temps d’éclaircir.
› Les plantes en pots ont besoin d’être arrosées plus régulièrement que celles qui vivent en pleine terre, surtout avec l’arrivée des températures estivales. Vérifiez-les souvent!
RÉPONSES À VOS QUESTIONS
Chasser des intrus du lis
Q J’aimerais connaître le produit biologique pour placer sur les lis qui sont toujours infectés de ces insectes rouges qui mangent leur feuillage. J’ai pulvérisé un mélange d’eau et de vinaigre avec peu de résultats. — Lyse Belanger
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R Il y a bien quelques produits pour lutter contre le criocère du lis (Lilioceris lilii), cet insecte rouge-orange originaire d’Asie, mais aucun n’est très efficace, surtout pour un jardinier paresseux!
L’huile de neem fonctionne en bouchant les pores des insectes qui leur permettent de respirer et peut aussi faire fondre la couche cireuse qui protège certains d’entre eux. Le savon insecticide fonctionne de la même façon. Dans les deux cas, il faudra que le produit soit appliqué directement sur le criocère pour qu’il soit efficace et il faudra le réappliquer aux 4 à 5 jours. Il y a aussi des insecticides biologiques à base de Pyrèthre qui peuvent être efficaces pour éliminer le criocère, mais aussi comme répulsif pour cet insecte.
Le hic avec tous ces produits est qu’ils ne sont pas spécifiques au criocère du lis. Ils tueront donc tous les insectes atteints, même ceux qui sont bénéfiques et qui sont des prédateurs d’autres insectes nuisibles. Il y a un risque de déséquilibrer l’écosystème de votre jardin. Est-ce que vos lis en valent vraiment la peine? L’hémérocalle remplace le lis à merveille, est très rustique, presque sans maladies ou prédateurs et peut fleurir pendant de longues périodes.
Pensez-y toujours deux fois avant d’utiliser des pesticides au jardin, même biologiques. Les produits naturels ne sont pas nécessairement plus sécuritaires que les produits chimiques ni meilleurs pour l’environnement.
Hydrangée au froid
Q À Pâques, j’ai reçu une hydrangée bleue. Ma fille m’a dit que je peux la mettre en pot et la laisser dehors l’hiver venu. Qu’en pensez-vous? — Lise Pruneau
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R Par hydrangée bleue, je présume qu’on parle de l’hydrangée à grande feuille (Hydrangea macrophylla), qui est un arbuste originaire de l’Asie. Bien qu’on la vende au Québec, parfois indiquant qu’elle est rustique en zone 5 ou même 4, elle n’est vraiment pas adaptée à notre climat rigoureux et s’acclimatera mieux en zone 7, donc pas au Québec! Il est possible que votre hydrangée survive à l’hiver, mais elle restera toute petite, ne dépassant pas 60 cm, et ce, avec une floraison inégale. Pourtant, sous de meilleurs cieux, elle dépasserait les deux mètres! Si vous la gardez en pot, elle ne passera probablement pas son premier hiver. Il vaut mieux la planter en pleine terre. Les végétaux en pots, même isolés, ne bénéficient pas de la chaleur provenant du sol et souffrent de gels profonds.
L’hydrangée à grande feuille ne sera pas plus à son aise comme plante d’intérieur : elle a besoin d’un hiver frais pour fleurir à nouveau. Il ne reste que deux options : la mettre au compost à la fin de l’été ou déménager dans le sud!
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Des questions svp!
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Retrouvez encore plus de conseils horticoles sur le blogue jardinierparesseux.com
CALENDRIER HORTICOLE
Vous cherchez des idées pour occuper vos pouces verts? Voici quelques-unes des activités horticoles à venir dans les prochains jours.
La Semaine des fleurs cultivées au Québec
Pour une troisième année, la Semaine des fleurs cultivées au Québec sera l’occasion de «faire découvrir les fleurs coupées ici au Québec, cultivées en harmonie avec la nature». Du 10 au 16 juillet, des fermes florales, des fleuristes et des acteurs de l’industrie florale de partout dans la province tiendront des activités diverses, comme des visites des lieux de production et des boutiques, entre autres. Une centaine de variétés de fleurs sont cultivées chez nous. Info : @lasemainedesfleurscultiveesauquebec sur Facebook
Un voyage vers «Montréal et ses environs fleuris»
La Société d’horticulture de Québec organise un voyage de groupe vers «Montréal et ses environs fleuris», le mardi 18 juillet 2023, avec un départ à partir de Québec. Au programme : une visite commentée du musée et du site historique Château Ramezay ainsi qu’une visite guidée des jardins extérieurs du Jardin botanique de Montréal. Coût : 249 $ pour les membres, 259 $ pour les non-membres. Le transport en autocar, le dîner et le souper sont inclus. Info et réservation : via le site Web shq-jardinage.com/voyages, par téléphone au 581 983-7624 ou par courriel societehorticulturequebec@hotmail.com
Pour diffuser vos activités horticoles dans Le Soleil, écrivez-nous à lemag@lesoleil.com.