Va-t-il changer quelque chose à part nous faire prendre conscience des enjeux liés aux changements climatiques? Oui certainement. Mais non il ne changera rien à l’avenir de la planète. Appelons un chat un chat. Ce plan fera évoluer les consciences, mais il ne va pas avoir un impact majeur sur l’environnement, car financièrement, je demeure convaincu que nous ne pourrons jamais nous payer un tel plan sur le long terme. Il faut être réalistes ici, pas dogmatiques.
Et tant que le gouvernement du Québec ne mettra pas l’argent nécessaire pour que les municipalités puissent mettre de l’avant de tels plans aussi ambitieux et périlleux pour les finances publiques d’une ville, on ne pourra pas aller aussi loin que 45 %. Pour moi, cette cible est irresponsable et met en péril notre situation financière déjà précaire, comme vous le savez tous.
Une chose est sûre, c’est que le choix d’aller jusqu’à 45 % de milieux naturels protégés par le conseil municipal aura un impact réel et très fort sur les entrées de taxes servant à payer pour les services dont nous bénéficions ici à Sherbrooke. Et c’est là où ça va faire mal. Moins de développement signifie moins d’entrées de taxes. C’est simple et mathématique.
Et ça, c’est sans compter que ce Plan nature ouvre la porte à une interminable série de poursuites devant les tribunaux, tant par des promoteurs que des propriétaires légitimes de terrains, en plus d’être complètement dénué d’analyses d’impacts économiques et environnementaux pour nous tous ici à Sherbrooke. Et si par exemple on mise sur la conversion d’édifices plutôt que sur la construction neuve, vous ne me ferez pas croire que ça va coûter moins cher que de construire à neuf. L’absence de développement sur 45 % du territoire risque d’être une catastrophe sur le plan des taxes municipales et ça aussi il faut que ce soit calculé avant de s’embarquer dans un tel bateau.
Comprenons-nous bien ici. Je suis tout à fait d’accord sur le fait qu’un plan nature est pertinent et nécessaire, mais il ne faut pas qu’il ne soit qu’un plan purement politique décidé en catimini par quelques élus qui disent qu’il faut agir avant qu’il ne soit trop tard. Cette réponse n’est pas une réponse acceptable, surtout quand on joue avec nos comptes de taxes et l’avenir économique de notre ville.
Il faut aussi que les élus indépendants soient d’accord avec ce plan. Vous et moi devons aussi être d’accord avec ce plan. Et pour l’heure ce n’est pas le cas. Et ce n’est certes pas non plus parce que certains élus savent ce qui est bon pour l’environnement que ceux qui ont voté contre se foutent de l’avenir de la planète. Nous devons tous avoir voix au chapitre, d’autant c’est nous qui allons en payer le prix fort.
À 45 %, le risque est énorme que l’on se retrouve dans une situation financière pire qu’en ce moment. On parle de centaines de milliers de dollars en taxes que nous ne percevrons pas. Et ne venez pas me justifier qu’une terre agricole sur le territoire de la ville est un milieu naturel à protéger, car ce n’est pas le cas. Cette terre est l’intrant d’une entreprise qui produit une monoculture. Qu’il y ait une bâtisse dessus à la place du blé d’inde n’est ni mieux ni pire pour l’environnement.
Le fin fond de l’histoire ici c’est que l’annonce du Plan nature avec la cible de 45 % décidé par vos élus sans qu’aucun ne sache vraiment de quoi il parle, ce n’est pas raisonnable. J’aurais préféré un 10 %, 20 % bien justifié et documenté qu’un 45 % en poudre aux yeux. Et 10 %, 20 % serait pas mal plus facile à faire accepter, quitte à augmenter la cible dans quelques années si on voit que le reste du plan se passe bien. Surtout, ce plan court le risque d’être démoli par une prochaine administration municipale. On ne sera pas plus avancé si c’est ce qui se passe dans un an et demi.
Alors tant qu’à faire, j’ai l’impression que l’on devrait se donner un peu plus de temps avant de se priver de centaines de milliers de dollars de taxes municipales en avançant avec un Plan nature trop ambitieux et qui risque d’être tourné en ridicule par quiconque veut s’assurer que ce plan ne mette pas à risque les finances de la ville. Surtout, il faut permettre aux citoyens de se prononcer sur le choix du 45 % de ce Plan nature en disposant de toutes les informations économiques pertinentes tant sur les pertes en revenus réels et en poursuites tout comme en augmentations réelles de taxes pour palier ses pertes et coûts supplémentaires.
Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras, peut-être non?
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