Passant allégrement d’un environnementalisme gonflé à l’hydrogène à un gauchisme sans vision tentant même de rivaliser avec Québec solidaire dont les positions ont au moins le mérite d’être parfaitement définies, la haute direction du PLQ a été incapable de redresser la barre pendant la campagne électorale. Et c’est ce qui a fait en sorte que la majorité des membres, tout comme les électeurs fédéralistes francophones et anglophones, ont quitté le navire ou l’ont complètement boudé dans l’isoloir au moment du vote.
Pourtant, il me paraît encore tout à fait pensable de croire que ce parti pourrait revenir dans les bonnes grâces d’au moins 30-35 % des électeurs. Il pourrait même, avec quelques correctifs, faire élire certainement au moins 35 députés lors de la prochaine campagne électorale. Pour autant, bien sûr, qu’il soit suffisamment courageux pour revenir défendre les valeurs qui ont fait sa force et sa marque de commerce pendant presque tout le vingtième siècle. Cette force et cette marque qui en ont aussi fait le parti naturel de la gouvernance centriste au Québec. Je suis convaincu qu’il y a plusieurs éléments d’un programme revampé qui pourraient même lui permettre de reprendre seul et sans partage, certains enjeux qui ont marqué la société québécoise surtout depuis l’élection de Robert Bourassa en 1970. Des enjeux qui sont encore pertinents aujourd’hui pour une bonne partie des électeurs québécois.
La gouvernance régionaliste
Le Parti libéral du Québec a été de loin, le parti le plus décentralisateur depuis que Robert Bourassa a pris le pouvoir pour la première fois en 1970. Le PLQ est quand même à l’origine des conseils régionaux de développement (CRD), des conseils régionaux de la santé et des services sociaux (CRSSS) et aussi des conférences administratives régionales. Qui plus est, l’ultime geste de la régionalisation de la gouvernance au Québec est venu en 1992 lorsque le PLQ a décidé de rajeunir sa propre politique de développement régional qui datait de 1987. On l’a appelée la Réforme Picotte, du nom de l’ex-ministre libéral Yvon Picotte qui l’a pilotée.
Cette réforme a fait en sorte d’ajouter des CRD dans chacune des 16 régions du Québec, régions créées d’ailleurs en 1987 sous Robert Bourassa lors de son deuxième mandat. Puis en 2003, le PLQ alors dirigé par Jean Charest a mis en place les conférences régionales des élus (CRE) qui ont remplacé les CRD. C’est d’ailleurs ce qui a permis aux élus locaux d’avoir une main mise encore plus forte sur le développement régional en sortant les fonctionnaires des postes décisionnels clés. Entre vous et moi, tout cela ne fait-il pas du PLQ le vrai parti des régions?
Bien sûr, vous pourriez me dire ici que c’est le même PLQ qui, sous Philippe Couillard, a aboli les CRE et les agences de santé régionales et c’est bien vrai. Cependant, c’est aussi à cette époque qu’a commencé le début de la fin pour le PLQ. C’est donc autant sous Philippe Couillard que Dominique Anglade que le PLQ s’est éloigné de ses origines. Malgré tout, je crois qu’aller chercher cinq ou six députés de plus en dehors de Montréal en martelant cet état de fait me paraît tout à fait possible.
Le fédéralisme
Après tout, c’est le Parti libéral du Québec qui incarne le mieux la défense d’un modèle fédéraliste de la gouvernance du Québec. Ni la CAQ, ni Québec solidaire et encore moins le PQ ne peuvent mieux défendre l’idée du beau risque d’un fédéralisme opportuniste que le PLQ. Il y a encore très certainement dans plusieurs régions du Québec des nostalgiques qui souhaitent qu’un parti politique provincial soit ouvertement fédéraliste. Certes dans le contexte actuel il faudra expliquer, reprendre le bâton de pèlerin. Oui le prochain chef devra aussi être courageux avec une telle position, mais il y a définitivement du vote à aller chercher dans plusieurs régions du Québec comme en Estrie, en Outaouais, en Beauce et même au Bas-St-Laurent et en Gaspésie. En ramenant le fédéralisme dans le discours libéral, aller chercher encore cinq ou six députés en dehors du grand Montréal est certainement possible.
Le bilinguisme
Voilà un autre aspect qui définit clairement les valeurs du Parti libéral du Québec et pas seulement pour les anglophones de souche. Avec les nouvelles lois passées récemment au Québec et surtout cette nouvelle loi fédérale C-13, il y a là certainement un élément porteur pour redynamiser le Parti libéral du Québec. Et là, je ne parle même pas du vote anglophone qui est déjà plutôt acquis au parti libéral. Non, je parle plutôt d’un vote tout ce qu’il y a de plus francophone même auprès de francophones qui ne parlent même pas anglais. Le vote d’une frange importante de la population qui, sans le dire tout haut, souhaite encore que leurs enfants francophones puissent fréquenter des cégeps anglophones sans contraintes. Ajoutons donc ici trois à quatre députés de plus en dehors du grand Montréal simplement avec une telle position. On arrive donc à près de 18 députés de plus avec ces trois positions politiques tranchées qui ne pourront être défendues que par le Parti libéral du Québec.
L’immigration
Le PLQ ne doit jamais oublier qu’une très large part des immigrants qui viennent au Québec demeurent très attachés au Canada. Pour la plupart, ils comprennent que c’est le Canada qui leur a donné cette chance d’habiter ici. Qu’ils soient francophones, anglophones ou allophones, ils savent pour la plupart qu’ils ne peuvent vraiment pas trouver un meilleur allié que le PLQ pour leur permettre de s’épanouir au sein de la société québécoise tout en protégeant leurs valeurs voire même leurs coutumes. Une telle position peut facilement permettre au parti d’aller chercher encore d’autres nouveaux députés et toujours en dehors du grand Montréal.
Finalement, si les réflexions amorcées par le PLQ cette semaine au Québec et ce soir même à Sherbrooke se font dans un esprit de renouvellement de l’offre, mais surtout en revenant à des valeurs de bases sans chercher à refaire le monde ni plaire à tous, le PLQ pourrait certainement sauver ses 20 députés actuels et en ajouter au moins une vingtaine sans trop se casser la tête. Mais le plus important ici, ça va être de trouver un chef qui ne voudra pas que suivre la parade et se draper dans les tendances du moment.
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