CRi embrasse le Miracle de la vie

Le titre de son second album était déjà décidé quand CRi a su qu’il allait devenir père.

« J’avais le goût d’explorer l’idée de l’émerveillement face au lâcher-prise », explique CRi au sujet de son nouvel album Miracle, pendant qu’un bébé gazouille près de lui…


« C’est comme malade mental de sortir un album et d’avoir un nouveau-né en même temps. Ce n’était pas dans les plans, mais on embrasse tout ça avec force et courage », confie le producteur de musique électronique.

Le titre de son second album était déjà décidé quand Christophe Dubé, de son vrai nom, a su qu’il allait devenir père.

Alors que sonne la trentaine, CRi essaye d’embrasser ce qui vient à lui plutôt que de vouloir tout contrôler ou tout expliquer.

En ce sens, il s’ouvre aux miracles, ces événements aussi inexplicables qu’inattendus.

« C’est comme si mon concept d’album m’a préparé à ce que j’allais vivre », constate l’artiste originaire de Québec.

L’effervescence post-pandémie

Après avoir lancé un premier album en pleine pandémie, CRi compte s’offrir un beau gros lancement à l’Impérial Bell à Québec le 13 octobre et au MTELUS à Montréal le 7 octobre.

« C’est quand même une nouvelle étape pour moi de pouvoir me produire sur scène au MTELUS », se réjouit le producteur de musique électronique qui habite maintenant dans les Laurentides, « un move de pandémie ».

Depuis la fin des restrictions sanitaires, sa carrière a pris son envol aussi bien chez lui qu’à l’international.

Christophe Dubé a notamment joué sur la scène TD au Festival international de Jazz de Montréal en 2022.

CRi sur la scène TD de la place des Festivals, dans le cadre du Festival International de Jazz de Montréal.

« C’était la première fois qu’il y avait un artiste de musique électronique québécois qui était la tête d’affiche pour ce genre de spectacle : c’était vraiment légendaire ¡ » s’enthousiasme le DJ.

Celui-ci se produit régulièrement aux États-Unis et en Angleterre où est basée sa maison de disque. Il a entre autres eu le plaisir de jouer au Printworks à Londres, une salle mythique de la scène électro.

C’est dans l’effervescence de ses nombreuses représentations que CRi a produit Miracle, un album qui prend tout son sens quand on en fait l’expérience en live, affirme son créateur.

« J’ai choisi une structure qui fonctionne bien en spectacle et je l’ai mis en disque. »

—  Christopher Dubé, alias CRi

Toutefois, composer en étant toujours en déplacement a été « éprouvant », admet-il.

« Le processus a été difficile : non seulement parce qu’il y a la pression du deuxième album, mais aussi parce que je n’avais pas nécessairement les mêmes conditions de compositions », explique le DJ.

Un artiste dans son élément

L’eau est un élément important dans l’univers créatif de CRi.

Après avoir joué avec sa forme liquide pour la pochette de Juvenile, l’eau revient, mais sous forme de buée, pour celle de Miracle.

Pochette de l'album Miracle de CRi.

Comme le producteur a pu le confirmer pendant la séance photo, la buée est un état « moins contrôlable et plus temporaire » que l’eau sous sa forme liquide.

« C’était quand même vraiment important pour moi d’avoir une continuité autant visuelle que musicale », mentionne l’artiste qui conçoit ses deux premiers albums comme faisant partie d’une trilogie.

En plus de s’inspirer de la fluidité de l’eau, les sons qui composent sa musique semblent parfois étouffés et déformés, comme si on les percevait sous l’eau.

« Les sons stridents et bruyants m’inspirent moins. J’aime vraiment les sons qui sont plus étouffés », confirme le producteur.

« Je trouve que les arrangements complexes avec beaucoup de couches amènent un flou, ou quelque chose d’un peu instable, qui peut rappeler l’eau », ajoute-t-il.

Miracle lui semble moins naïf que Juvenile. Il est aussi plus rythmé, dansant et propose même des « vraies chansons ».

« Astray avec Half Moon Run, ça respecte un peu plus le format classique d’une chanson, c’est moins des beats », fait-il remarquer.

CRi a aussi fait quelques expériences styliques en offrant une première sans percussions (Chaos) et une autre à saveur drum’n’bass (Butterfly).

Faire ses premiers pas

C’est en anglais — et avec beaucoup d’humilité — que CRi a choisi de faire ses débuts en chant.

Dès la première pièce, on peut l’entendre répéter « I Can Make It / Make It Through » sur un rythme optimiste, plein de force et d’espoir.

Cette phrase lui est venue en tête alors qu’il berçait sa nièce quelques jours après sa naissance, sans savoir que ce serait son propre fils qu’il tenterait d’endormir ainsi dans quelques mois.

En fait, il s’agit plutôt d’un retour au micro pour l’artiste qui a été chanteur dans un groupe de hip-hop pendant son adolescence.

« J’étais toujours fasciné par ceux qui créaient les beats autour de moi. Quand j’ai commencé à faire de la production musicale, c’était dans le but de faire mes propres beats pour chanter, mais finalement j’ai délaissé le chant parce que je trouvais que je ne chantais pas si bien », raconte CRi.

Son retour au micro a été encouragé par sa collaboration avec le producteur américain Durante avec qui il a enregistré une chanson qui sortira prochainement.

Même s’il est important pour le Québécois d’inclure une chanson en français sur ses albums, le DJ préfère laisser à Klô Pelgag le soin de représenter la beauté de sa langue maternelle sur Miracle.

« Je trouve ça plus intéressant que ce soit des artistes avec des aussi belles plumes que Klô Pelgag qui représente le français dans mon album », explique celui qui aussi collaboré avec Half Moon Run, Jesse Mac Cormack, Sophia Bel, Everyone You Know et HANA pour ce projet.

« Ma plume n’est pas très intéressante, en tout cas, pour l’instant. Pas que je n’ai rien à dire, mais je ne sais pas comment bien le dire. Je ne suis pas un interprète encore mature, mais ça fait partie de ma démarche : j’ai de plus en plus le goût de prendre le micro », conclut-il.