Son livre, lancé en avril dernier, était nécessaire, croit-elle, dans un Québec où les œuvres en prévention sur le sujet ne sont pas légion. On y explique notamment ce qui se passe dans le cerveau humain lorsque la peur survient, lorsqu’on fige. Et l’on explique comment reprendre le contrôle.
« Parce que figer, c’est normal, c’est humain, c’est la réaction par défaut de notre cerveau devant la surprise ou la peur. Mais il y a moyen d’apprendre à réagir autrement », explique Marie Gray, qui donnait un atelier sur le sujet, vendredi matin, au Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Au-delà des actions à prendre devant un comportement déplacé ou une agression potentielle, que ce soit dans le métro, sur une application de rencontre ou dans un party, il est aussi question d’attitude. De confiance. Ne pas « attendre d’être secourue », martèle l’autrice, et « enlever des opportunités » aux agresseurs.
Elle le répétera plusieurs fois au cours de l’entrevue avec Le Quotidien. Les victimes n’auront « jamais, jamais, jamais » la moindre part de responsabilité. Et dans un monde idéal, un livre comme le sien ne serait pas nécessaire. Mais le monde étant ce qu’il est, il est primordial d’enseigner aux femmes à faire preuve de vigilance et d’intuition, croit-elle, et de leur fournir des outils pour faire face au danger. Quel qu’il soit.
Les outils donnés à travers les pages du livre De biche à bad bitch : flusher les fatigants, harceleurs sont d’ailleurs tous fondés, appuyés sur des recherches et les connaissances de Sylvain St-Amour, ex-policier formateur au Service de police de la Ville de Montréal.
« Il a fait beaucoup de recherches, il a fait énormément de formations. Je lui disais que je voulais parler de tel sujet, il me donnait toute l’information et moi, je m’amusais à vulgariser ça avec ma couleur. Tout est validé, vérifié, contrevérifié. C’est basé sur des études vraiment sérieuses, autant aux États-Unis qu’à travers le monde, en criminologie, en psychologie comportementale. »
Sans que ce ne soit trop lourd non plus, nuance Marie Gray, qui souhaitait adopter un ton « irrévérencieux ».
« C’est très terre-à-terre, très concret, c’est des situations de Tinder, à un party d’ados, ça passe par tout. L’information qui est là est solide, mais on s’adresse vraiment à tout le monde, pour que ce soit accessible et très compréhensible, autant pour des adolescentes que des femmes », soutient celle qui est également maman.
L’autrice a l’habitude de parler aux ados à travers sa plume. Avec le roman La première fois de Sarah-Jeanne, de même que les sept autres tomes qui ont suivi dans la Collection 14+, elle abordait sans tabous des sujets tels que les premières relations sexuelles et les relations toxiques. « Ç'a été super, ça m’a permis de faire plein de conférences justement dans les écoles secondaires, dans les milieux communautaires aussi. »
C’est toutefois à travers ses romans pour adultes que Marie Gray s’est d’abord fait connaître dans le monde littéraire, ses Histoires à faire rougir ayant récolté un succès qu’elle n’aurait jamais pu imaginer, avec un million de livres vendus, au Québec et ailleurs, et des traductions dans 14 langues.
Loin d’avoir délaissé ce premier penchant, celle qui est en parallèle éditrice chez Saint-Jean, maison que son père a fondée en 1981, a également publié les œuvres Sois belle et tais-toi et Ce que femme veut, ces dernières années. Et elle participera au Cabaret de lectures coquines du Salon du livre, samedi, à 21 h au Côté-Cour de Jonquière.