Le public a quand même aimé. La fierté des comédiens était d’ailleurs palpable sur scène. Il faut saluer l’ambition des créateurs de cette nouvelle comédie musicale 100 pour cent québécoise — Stéphane Brulotte (texte et paroles), Yves Morin (musique) et Sylvain Scott (mise en scène) —, qui sont allés au-delà du théâtre d’été traditionnel avec une proposition plus nichée et une pièce d’un peu moins deux heures.
L’histoire se déroule en 1684, à Londres. L’apparition d’une comète sème l’émoi dans la ville... et dans la tête de Newton (Frédéric Desager), qui souhaite se sauver de l’Armageddon anticipé. Mais Edmond Halley (Jean-François Poulin) avance plutôt la prémisse d’une nouvelle théorie scientifique qui changerait le cours de l’histoire : les corps célestes seraient reliés à la loi sur la gravité.
Pari est donc pris avec son adversaire Robert Hooke (Jean Maheux), qui réfute toute nouvelle découverte : celui qui réussira à calculer la trajectoire des planètes gagnera quarante shillings.
Parallèlement s’ajoutent de multiples autres quêtes. Mary Halley (Marie-Ève Pelletier), épouse d’Edmond, conteste son rôle de femme traditionnelle. Robert Hooke, pire ennemi de Newton, veut s’approprier les recherches du célèbre scientifique. Edmond Halley veut faire reconnaître le travail de Newton, mais accepte mal le rôle du héros dans l’ombre. Christopher Wren (Dominique St-Laurent) veut se faire pardonner l’impardonnable pêché de s’être amouraché de la vierge Marie, pendant que Catherine (Hélène Durocher) aspire à être bien plus qu’une serveuse.
Mêlons à tout cela la « vulgarisation » de concepts scientifiques, humour et jeux de mots assez bien placés. Beaucoup de thèmes et de revendications, qui ajoutent peut-être trop de dimensions à l’histoire, mais qui, somme toute, divertissent.
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Une proposition qui évolue
La proposition se transforme rapidement au fil des premières scènes. Sans changer le fil conducteur, le propos finit par se lier davantage à une quête de sens. Newton et les corps célestes remet en question la peur du changement et la perpétuelle confrontation entre la foi et la science, thèmes intemporels s’il en est.
Finalement, la crainte de la fin du monde installée en début de soirée devient bien secondaire. Le sujet se brûle rapidement avant l’entracte et ne fait que resurgir brièvement à la fin du spectacle.
On pourrait dire la même chose de la chanson d’ouverture, Peste, qui illustre la piète qualité de vie des Londoniens de l’époque, alors que famine et pauvreté ne seront ensuite plus du tout évoquées dans le reste de la pièce.
Par contre, la musique d’Yves Morin est bondée de référents connus de tous. Les mélodies, inspirées du british invasion, frappent fort avec des rythmes entraînants et des instruments à cordes vibrants. D’autant plus qu’il n’y a pas excès de chansons.
Le blanc n’existe pas
Mention spéciale au segment Le blanc n’existe pas, qui explique l’origine du conflit entre Robert Hooke et Isaac Newton. La vivacité du texte et l’interprétation changent complètement le rythme. Même chose pour le jeu et la voix d’Hélène Durocher dans la chanson où elle interprète la mère de Newton pendant que ce dernier rêve. Les désescalades puis l’ambiance rock psychédélique donnent un nouveau ton à la comédie.
Si tous les comédiens étaient impeccables, l’actrice Hélène Durocher fait preuve de polyvalence avec ses nombreux rôles parfois absurdes, parfois clés dans le déroulement de l’histoire. Dominic St-Laurent allège beaucoup la soirée avec son jeu naïf et attachant.
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L’ambiance de la Marjolaine
Du reste, le décor enveloppant et l’ambiance du Théâtre la Marjolaine ont certainement joué sur l’expérience générale. La grange, les étoiles et le nombre de places limitées assuraient une belle intimité entre les acteurs et le public.
Somme toute, Newton et les corps célestes, même si elle est assez chargée, se révèle rafraîchissante.
Newton et les corps célestes sera présentée au Théâtre la Marjolaine jusqu’au 19 août.