L’Université de Virginie-Occidentale, le campus de l’Université de Californie à Merced, Ressources naturelles Canada, le Jardin botanique de l’Université de la Colombie-Britannique et la Corporation forestière de La Nouvelle-Galles-du-Sud en Australie ne sont que quelques clients qui ont acheté le DeLeaves, le premier produit commercialisé de l’entreprise sherbrookoise. Muni d’une pince coupante, il s’attache à un drone et permet d’aller récolter des échantillons au sommet des arbres. La start-up a également conclu des ventes dans des secteurs assez surprenants.
« Dans le Maine, ils ont des infestations de la chenille du cul-brun, souligne Guillaume Charron. Ils ont de la difficulté à se débarrasser des nids sur le bout des branches, car près des cours d’eau ils ne peuvent pas utiliser de produits chimiques. Quelqu’un s’est rendu compte qu’ils pouvaient utiliser le DeLeaves et on en a vendu à cinq entreprises qui offrent le service d’enlever ces nids. On a passé à Fox News. »
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La première année, Outreach Robotics a vendu cinq unités du DeLeaves. Ce chiffre a triplé l’année suivante, avant de se stabiliser par la suite.
« C’est un marché tellement précis que c’est difficile de faire une étude, explique Guillaume Charron. Est-ce que la demande s’est stabilisée? Est-ce que les gens n’en entendent pas assez parler ou est-ce qu’il n’y a juste pas assez de clients? C’est pour ça qu’on développe d’autres projets. »
Outreach a donc créé le Spy II, une caméra d’inspection suspendue et contrôlée à distance.
« On a déposé un brevet et on a deux partenaires de Sherbrooke qui l’utilisent pour les inspections de bâtiments, mentionne Guillaume Charron. Ils nous donnent de la rétroaction. On pense le vendre aux États-Unis et au Canada par la suite. »
Le Mamba
L’équipe de six personnes est en ce moment à pied d’œuvre pour développer le Mamba, un outil qui s’attache à un drone comme le Deleaves, mais qui permet cette fois d’aller recueillir des échantillons sur des falaises escarpées.
« Le Jardin botanique tropical d’Hawaï nous a approchés en nous disant qu’ils avaient des plantes sur des falaises inaccessibles et on avait vu passer la demande de la National Geographic Society pour développer des technologies pour la préservation de la biodiversité. On a fait 1 + 1 et on a appliqué. »
Outreach Robotics a donc reçu 144 000 $ US en 2020 ce qui a permis aux Sherbrookois de créer un premier prototype.
« On a fait deux voyages à Hawaï l’année passée et dans un de ces voyages on a récolté des plantes vraiment rares, mentionne Guillaume Charron. Il y en a même une que les botanistes n’avaient jamais vue avant. C’était fou, ils sautaient de joie. Je pense que c’est la première fois qu’une plante aura été découverte et récoltée entièrement par un robot. »
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Le succès de l’entreprise a résonné puisque National Geographic Society a consenti une deuxième bourse de 100 000 $ US en 2022 pour permettre à l’entreprise de développer une deuxième version du Mamba. Les Sherbrookois prévoient finaliser cette étape en 2023.
« On retourne à Hawaï en octobre prochain pour tester la nouvelle version et le Jardin botanique tropical risque d’être notre premier client. Des clients potentiels de l’île de la Réunion et de la Nouvelle-Zélande nous ont aussi contactés »
De la robotique environnementale
Pour l’instant, l’entreprise opère à l’Institut interdisciplinaire d’innovation technologique (3IT) de l’Université de Sherbrooke, mais prévoit se dissocier tranquillement de l’environnement académique. Elle aura toutefois besoin d’augmenter ses sources de revenus pour y parvenir.
« On a fait beaucoup de projets dans des marchés très nichés, ce qui nous permet d’avoir une petite production à l’interne et d’être une petite équipe, explique Guillaume Charron. Nos ventes soutiennent nos besoins en ce moment, mais on n’est pas en train de faire une croissance fulgurante. Un créneau comme l’inspection d’infrastructure risque d’exploser plus rapidement, mais on a des valeurs environnementales. Quand on travaille pour un jardin botanique pour trouver des plantes, il y a plus de travail et moins de retours financiers. Mais il faut financer ces projets-là. On essaie de se diversifier, mais sans perdre l’essence de la robotique environnementale qu’on aime. »
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Outreach Robotics participera finalement au concours XPRIZE forêt tropicale au mois de mai. La demi-finale se déroulera à Singapour et le grand prix est de 10 millions de dollars.
« Il y a un kilomètre carré de forêt dans lequel tu ne peux pas entrer, résume Guillaume Charron. Le but est de dénombrer le plus d’espèces vivantes possible en 24 h. Il y a une équipe aux États-Unis qui nous a contactés pour être leur partenaire de robotique. Ils travaillent sur l’intelligence artificielle pour la reconnaissance d’insectes et nous on développe le drone qui va aller déposer un capteur sur les arbres. »