M. Legault a annoncé jeudi, aux côtés du premier ministre du Canada, Justin Trudeau, que les deux ordres de gouvernement investissent 7,3 milliards $ pour la construction de l’usine de batteries en Montérégie, à Saint-Basile-le-Grand et à McMasterville.
Toutefois, selon les informations de Radio-Canada, l’usine de Northvolt pourrait ne pas être soumise à une évaluation du BAPE, car sa capacité de production serait de 56 000 tonnes métriques.
Le mois de juillet dernier, le Règlement relatif à l’évaluation et l’examen des impacts sur l’environnement de certains projets a été modifié de façon à éviter une évaluation du BAPE aux usines de batteries qui produisent 60 000 tonnes métriques ou moins.
Questionné à ce sujet lors d’une mêlée de presse vendredi, François Legault a affirmé que «toutes les règles environnementales vont être respectées» lors de la mise en place de l’usine de Northvolt, et que le BAPE «ne s’applique pas» dans son cas.
«Je pense que tous les groupes d’environnement devraient applaudir ce projet extraordinaire pour l’environnement», a déclaré le premier ministre.
«C’est une usine qui est excellente pour l’environnement, toutes les règles environnementales vont être respectées», a-t-il réitéré.
Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a indiqué vendredi matin que le projet ne devrait pas être soustrait au BAPE.
«À mon avis, lorsqu’il s’agit de projets aussi importants, l’environnement et les citoyens doivent être considérés. On ne peut pas juste contourner cet aspect-là, surtout étant donné la taille des fonds publics qu’on investit là-dedans. Ceci étant dit, ça ne veut pas dire que d’investir dans la filière batterie c’est une mauvaise idée, il faut bien faire les choses si on veut de l’adhésion, puis on ne peut tasser à chaque fois le critère environnemental», a-t-il déclaré.
Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a pour sa part semblé ne pas exclure une évaluation par le gouvernement fédéral de l’impact environnemental du projet.
«Le Québec a son propre système d’évaluation d’impact. Nous avons évidemment le nôtre. Ce que nous essayons de faire autant que possible, c’est de ne pas dupliquer les évaluations environnementales de façon à ne pas alourdir le processus d’évaluation. Donc il y a un certain nombre de critères qui doivent être rencontrés pour qu’une évaluation fédérale soit mise de l’avant. Nous allons étudier si le projet doit ou non passer à travers le prisme d’une évaluation fédérale. Le gouvernement du Québec suivra son propre processus», a dit M. Guilbeault.
«On ne demande qu’à être convaincus»
Pour Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada, une évaluation environnementale du projet de Northvolt est nécessaire. S’il ne s’oppose pas d’emblée à l’usine de batterie, il dit avoir «plus de questions que de réponses actuellement», et que plusieurs détails sont manquants.
«Il y a plusieurs enjeux, et pour nous c’est important que la filière batterie parte du bon pied, et pour le faire, ça prend une véritable audience publique où les gens vont pouvoir poser des questions, obtenir leurs réponses», a-t-il affirmé, en entrevue, en faisant notamment référence au BAPE.
M. Bonin se demande également si la province possède suffisamment d’électricité pour réaliser le projet sans à avoir à construire d’autres infrastructures, comme des barrages, qui auraient des impacts importants sur l’environnement.
«C’est un créneau d’avenir, les batteries, c’est certain, il faut que ce soit bien fait, il faut que ce soit produit le mieux possible, c’est pas là la question. La question, c’est comment ce projet-là s’insère dans la transition que doit faire le Québec avec des capacités électriques limitées», a dit M. Bonin.
«Pour nous, on ne demande qu’à être convaincus, qu’à voir quels seront les impacts de ce projet-là, est-ce qu’il va être acceptable socialement, est-ce qu’il cadre avec les autres enjeux qui doivent être priorisés, comme, par exemple, la réduction des GES dans tous les secteurs du Québec pour lesquels on a besoin d’électricité», a-t-il ajouté.