À la fin du mois de juin, trois véhicules avaient été ajoutés temporairement sur le territoire de Sherbrooke pour faire passer le nombre d’ambulances en patrouille quotidiennement de douze à quinze. À l’époque, le Syndicat des paramédics de l’Estrie (SPEC) – CSN demandait déjà le maintien permanent de cet ajout.
Or, ces trois véhicules ont été retirés de la patrouille le 1er octobre, se désole le président du SPEC, Samuel Côté. Selon lui, le CIUSSS aurait agi ainsi en raison de préoccupations budgétaires.
« Avec ces trois véhicules en plus, ç'allait relativement bien, mais on devait parfois composer avec des découvertures. Le 26 septembre, par exemple, une ambulance de Coaticook a dû dépanner à Sherbrooke pour répondre à un appel concernant un arrêt respiratoire. À douze, les découvertures vont arriver plus fréquemment », explique-t-il.
M. Côté ajoute que le 1er octobre, soit la première journée à douze ambulances, « un patient qui a chuté à 10h59 a dû attendre son ambulance durant 9h57 avant l’arrivée des paramédics.»
Il craint d’ailleurs les impacts que ces découvertures peuvent avoir sur la population, évoquant même des possibilités de décès. Il se questionne donc à savoir pourquoi les trois véhicules ajoutés en période estivale ne sont simplement pas pérennisés.
Son employeur, la CTAE, rejoint le syndicat sur cette demande. Le chef de division et responsable des communications de la coopérative, Keven Archambault, confirme que des représentations ont été faites au CIUSSS de l’Estrie-CHUS pour garder de façon permanente ces trois ambulances. Depuis, les discussions sont au point mort, dit-il.
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Un service adéquat, selon le CIUSSS
Le CIUSSS a par ailleurs voulu « rassurer la population à l’égard de la desserte ambulancière du territoire de Sherbrooke » mardi en milieu de journée.
« Comme par le passé, un nombre d’ambulances supplémentaires est mis en place pendant la période estivale afin de mieux répondre aux différents festivals et la gestion de la période de vacances. Cette période étant terminée, nous revenons à la couverture habituelle qui est évaluée quotidiennement en fonction de plusieurs paramètres comme le volume d’appel, les conditions météo, les activités grand public, etc. », indiquent les communications de l’établissement.
« Le nombre d’ambulances accordé sur le territoire est effectué par le MSSS sous les recommandations du CIUSSS de l’Estrie – CHUS, poursuit-on. Il existe une coordination serrée entre la gestion des services préhospitaliers d’urgence et celle des urgences afin de permettre une libération plus rapide des ambulances prioritaires. En cas d’augmentation, des délais nous pouvons ajuster les ressources nécessaires pour répondre aux besoins.»
À ce sujet, Samuel Côté reconnaît que l’ajout ponctuel de véhicules ambulanciers est possible, mais que les délais d’arrivée en poste d’une nouvelle ambulance lorsqu’elle est demandée peuvent s’étirer jusqu’à deux heures.
M. Côté indique par ailleurs que le CIUSSS « a même payé l’ajout d’une ambulance, basé à l’[H]ôpital [Fleurimont] et qui est dédiée au transfert de patient de leur département d’hémodynamie et ce, du lundi 2 octobre au vendredi 6 octobre, afin de pallier le manque de véhicules et donc aux délais de transfert ».
Le service des communications du CIUSSS répond sur ce point précis qu’il a « l’obligation légale d’assurer le transport d’un patient en hémodynamie vers son centre hospitalier d’origine. Nous visons d’assurer en tout temps une accessibilité et fluidité pour ces services spécialisés, c’est pourquoi cette solution utilisée pour effectuer ces transports en attendant de développer une solution pérenne ».
Démobilisation
Samuel Côté estime que les membres du SPEC vivent une « démobilisation » en raison de la situation actuelle.
« Avant, les gens aimaient mieux travailler à Sherbrooke. Avec une charge de travail augmentée et les découvertures, ils préfèrent aller ailleurs en Estrie », explique-t-il. La Coopérative des travailleurs ambulanciers de l’Estrie dessert aussi East Angus, Magog, Richmond, Stanstead et Valcourt.
Tout en soulignant que les patients demeurent les plus touchés dans cette histoire, M. Côté craint que cela marque le début d’un cercle vicieux où travailler à Sherbrooke devient non attrayant, ce qui découragerait les paramédics d’y aller.
De son côté, Keven Archambault dit reconnaître que cette situation met une certaine pression sur les employés de la CTAE qui oeuvrent à Sherbrooke.
Rappelons qu’il ne s’agit pas de la première fois que le SPEC fait une telle sortie. En janvier dernier, le syndicat avait dénoncé le retrait, quelques mois auparavant, des trois véhicules ajoutés à l’été précédent. À ce moment, le CIUSSS avait aussi répondu que la couverture était adéquate.