De nouvelles salles à la fine pointe de la technologie à l’Hôpital Fleurimont

L'angiographie a fait peau neuve à l'Hôpital Fleurimont. Ici, un appareil d'angiographie biplan.

Les patients en angiographie et en cardiologie d’intervention de l’Hôpital Fleurimont recevront désormais des soins dans de nouvelles salles hautement sophistiquées. Ces unités, résultats d’un investissement de 14 M$, permettront aux équipes soignantes de bonifier l’offre de services et de rendre les différentes procédures plus sécuritaires pour les usagers.


« C’est simple : pendant 20 ans, j’ai conduit l’hiver avec des pneus d’été et sans rétroviseur. Aujourd’hui, j’ai des rétroviseurs, des pneus d’hiver et quatre roues motrices. Ça va vraiment mieux et c’est vraiment plus sécuritaire », évoque métaphoriquement le Dr François Belzile, médecin spécialiste en neuro-intervention, pour décrire son nouvel environnement de travail en angiographie.

Concrètement, ses collègues et lui peuvent désormais travailler dans une salle munie d’un appareil biplan, c’est-à-dire qui peut visualiser l’emplacement où l’équipe de soins travaille de deux angles différents plutôt qu’un seul. La Tribune a pu assister à l’inauguration de cet appareil lors d’une visite des lieux tenue lundi.



Cela peut sembler banal, mais l’angiographie, qui permet de procéder à une imagerie médicale des vaisseaux sanguins par l’injection d’un liquide colorant directement dans les artères, devient ainsi beaucoup plus rapide, mais surtout plus sécuritaire. On peut expliquer cela, notamment, par le fait que le médecin a une bien meilleure vue de ce sur quoi il travaille qu’auparavant.

Le Dr François Belzile explique comment fonctionne le nouvel équipement d'angiographie de l'Hôpital Fleurimont.

« En ayant un biplan, on réduit au minimum les risques de complications. On utilise aussi moins de liquide de contraste [le colorant], qui n’est pas nécessairement dangereux, mais qui peut l’être pour les patients avec des maladies rénales », explique le Dr Belzile.

« On peut désormais, poursuit-il, réaliser des interventions qu’avant, on ne pouvait pas faire. Certains patients devaient inévitablement être envoyés à Montréal, car il fallait absolument voir dans les deux axes pour réaliser l’intervention. Il y a une procédure où on peut injecter une espèce de colle dans les vaisseaux pour bloquer une malformation vasculaire, par exemple. Quand on fait ça, si on ne voit pas sur deux plans, on ne sait pas où ça s’en va et ça peut aller dans un autre vaisseau qui peut être responsable de faire bouger la jambe, par exemple.»

L’économie de temps que permet le nouvel appareil est aussi non-négligeable : des procédures qui pouvaient autrefois prendre 30 minutes en prennent maintenant 10 ou 15, note le Dr Belzile.



Chaque année en Estrie, quelque 3 000 personnes ont recours à des soins en angiographie. Cela inclut, souligne François Belzile, des interventions diagnostiques, la détection de vaisseaux à risque de créer un AVC, par exemple, et thérapeutiques.

Sur l'écran, on peut clairement voir les deux angles observables par le biais de l'appareil biplan. Cette avancée facilite le travail des équipes soignantes et le rend plus sécuritaire pour les patients.

Plus d’espace

Quelques mètres plus loin, une autre spécialité peut désormais travailler dans un tout nouvel environnement : l’hémodynamie, ou cardiologie d’intervention.

Dans la toute neuve salle hybride que se plaît à nous montrer le Dr Simon Bérubé, cardiologue en hémodynamie, l’abondance d’appareils médicaux dernier cri ne fait pas sentir à l’étroit, au contraire.

« Historiquement, on travaillait beaucoup dans le coronarien, donc les artères du coeur. La cardiologie d’intervention, ç'a été ça pendant 35 ans. Depuis 15 ans, les possibilités ont explosé. On remplace des valves par cathéter, ce qui était uniquement possible par chirurgie avant. Ça arrive par contre avec son lot de complexité : il nous fallait plus d’équipement et d’un environnement différent, ce que cette salle permet », maintient-il.

Quand il montre la salle où ses collègues et lui travaillaient depuis le début des années 2000, il devient facile de comprendre pourquoi un tel investissement était nécessaire pour permettre la venue de ces nouvelles possibilités à l’Hôpital Fleurimont. Celle-ci était facilement la moitié de la superficie de la nouvelle et ne possédait pas autant d’équipement.

Malgré l'abondance d'équipement, on ne se sent pas à l'étroit dans le nouvelle salle d'hémodynamie.
L'ancienne salle était beaucoup plus petite.

« Travailler comme en 2000 en 2000, c’est parfait. Travailler comme en 2000 en 2020, on n’était pas au niveau de ce qu’on pouvait offrir de mieux. Première chose, on a désormais une meilleure vision, une meilleure capacité d’imager ce qu’on fait avec nos nouveaux équipements », dit le Dr Bérubé.



« Deuxième chose, continue-t-il, c’est l’espace qui fait toute la différence. Une intervention sur une artère coronarienne, c’est une équipe de cinq. Notre ancien espace était suffisant. Dans la nouvelle salle, les possibilités d’intervention ont explosé, notamment car on a l’espace pour accueillir une plus grande équipe. On peut être deux cardiologues, un cardiologue en échographie, un anesthésiologiste, une inhalothérapeute, les infirmières, les technologues, donc c’est très complet. »

Cela permet de réaliser différentes interventions qui se faisaient uniquement en chirurgie auparavant. Le patient y gagne donc, car les interventions en hémodynamie sont moins intrusives et demandent une convalescence bien moins longue pour l’usager, ce qui est aussi au bénéfice de l’établissement, qui voit ainsi un lit occupé moins longtemps.

Parlant de chirurgie, comme il s’agit d’une salle hybride, elle peut aussi recevoir des patients qui ont besoin d’une opération, Simon Bérubé notant « qu’ici, on pourrait faire une chirurgie cardiaque complète » sans aucun problème.

« Comme en angiographie, on gagne aussi en sécurité. Notre vision de ce qu’on fait est beaucoup plus claire », rappelle aussi le Dr Bérubé.

Fait qui peut paraître anodin, mais le département a « fait une petite dépense supplémentaire » pour intégrer de l’éclairage d’ambiance qui peut être réglé sur différentes couleurs selon les demandes du patient.

« On essaie de faire relaxer les patients. On baisse les lumières, on met l’éclairage d’ambiance et ça enlève la froideur de l’événement », image le cardiologue.

Près de 3 600 personnes bénéficient de soins en hémodynamie chaque année en Estrie.

Le Dr Simon Bérubé explique que plusieurs nouvelles interventions peuvent maintenant être pratiquées dans la nouvelle salle.

Aboutissement

Ces deux projets sont l’aboutissement de plusieurs années de travail de la direction des services multidisciplinaires du CIUSSS de l’Estrie-CHUS, soulève le PDG de l’organisation, le Dr Stéphane Tremblay. Ces projets datent en effet d’avant la pandémie.



« Ç'a pris un certain temps à se réaliser, mais c’est un projet très important pour l’Estrie et les autres régions qui peuvent bénéficier de nos soins. [...] La qualité qui a été le plus utilisée pour avoir ces salles, c’est la patience. [...] Ce fut quand même assez long avec tous les écueils qu’on peut avoir dans un projet et avec la période pandémique », mentionne-t-il.

Le Dr Tremblay ajoute que l’inauguration de lundi soir s’inscrit dans une dynamique de refonte du troisième étage de l’Hôpital Fleurimont, qui, à terme, permettrait au centre d’ouvrir une dixième salle d’opération. Rappelons que les neuf salles actuellement ne sont pas toutes ouvertes, faute de personnel.

Le PDG du CIUSSS, le Dr Stéphane Tremblay, a pris la parole pour rappeler l'importance de ces services en Estrie.

Des 14 M$ nécessaires aux projets, 2,2 M$ proviennent de la Fondation du CHUS, par le biais de sa campagne majeure. Les différentes salles portent le nom des grands donateurs de cette initiative : Gisèle et Émilien Bolduc, la Famille Jean Brassard, la Fondation Famille Lamarre et CGI.

« C’est le résultat d’une belle mobilisation de plusieurs de nos fidèles donateurs. Grâce à la contribution [des grands donateurs], les usagers pourront avoir accès à des interventions encore plus précises, sécuritaires, et favorisant un retour à la maison plus rapide », souligne le directeur général de la Fondation du CHUS, Martin Clermont.