
Quatre enfants de la DPJ dans un même foyer
«Quand on fait le choix d’adopter un enfant, il faut le voir comme le défi d’une vie», dit Rachel Messier d’entrée de jeu.
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Les quatre enfants de Rachel Messier vivent toujours avec les séquelles des conditions dans lesquelles ils se sont développés et des premiers mois qu’ils ont vécus auprès d’une famille dysfonctionnelle. L’un d’entre eux lutte contre le syndrome de l’alcoolisation fœtale, l’un est hyperactif, l’autre a dû vivre un sevrage des drogues consommées par sa mère biologique durant sa grossesse, mais n’a heureusement pas gardé de séquelles, alors que l’un d’eux vit avec une dyspraxie verbale.
«Quand les enfants adoptés arrivent dans une famille, il faut créer un cocon autour d’eux. Ce ne sont pas des enfants qui peuvent être pris par n’importe qui comme un autre bébé. Au début, ils doivent s’attacher à leur maman et à leur papa avant de pouvoir s’ouvrir aux autres. Ç’a été particulièrement vrai pour l’un de mes enfants qui est arrivé dans notre famille à l’âge de six mois et demi et qui s’était déjà promené beaucoup dans les premiers mois de sa vie», raconte la maman qui ne changerait sa vie pour rien au monde et qui rêve même, un peu secrètement, de faire de la place pour un cinquième petit trésor dans sa vie.
Moments difficiles
Pourtant, il y a eu des moments difficiles dans cette famille. «Il y a eu des grandes périodes de notre vie où, pendant trois ou quatre heures la nuit, ni mon conjoint ni moi ne pouvions dormir parce qu’il fallait s’occuper des enfants. On commence juste à pouvoir dormir», se souvient une Rachel Messier complètement sereine.
Les quatre enfants de Rachel Messier connaissent leur histoire de vie et savent qu’ils ont été adoptés. Ils peuvent parler librement à leur maman et à leur papa de ce qu’ils ressentent par rapport à cette situation. «Je leur explique que leur maman les aimait. Le fait qu’elles n’aient pas eu de capacités parentales n’enlève rien à l’amour des mamans biologiques», assure tout doucement Mme Messier, qui forme une très solide équipe avec son conjoint des 23 dernières années, André Chauveau.
La vie avec un enfant adopté est différente de celle que l’on peut vivre avec un enfant naturel. «L’enfant adopté doit vivre avec des blessures profondes à l’intérieur de lui», nuance Rachel Messier.
Le processus pour adopter un enfant est difficile. Parsemé d’embûches. De doutes. De remises en question. De craintes de voir son enfant s’envoler pour retourner auprès de ses parents biologiques.
«Dès la formation initiale, on parle des vraies affaires aux gens qui se présentent comme familles postulantes à l’adoption», explique Manon Marcotte, chef de service à l’adoption au CIUSSS de l’Estrie-CHUS.
Difficile oui, mais combien enrichissant. Et merveilleux. «Je ne changerais pas ma vie pour rien au monde», assure Rachel Messier dans un éclat de rire sincère.