
Prête à travailler dans un CHSLD, mais prise dans les dédales bureaucratiques
Née en Haïti, Nancy Célicourt a trouvé refuge à Sherbrooke grâce au parrainage de l’Archevêché. Parallèlement à ses études en éducation à l’enfance, elle a suivi une formation au Centre 24-Juin qui lui a permis notamment de travailler au Foyer Saint-Joseph, à Youville et au pavillon Argyll.
« J’adore prendre soin des aînés, dit-elle. C’est vraiment ma vocation. J’aimerais tellement travailler plus d’heures… »
Or, les règles administratives liées à son visa d’étudiante l’empêchent de travailler plus de 20 h par semaine. Ce qui fait qu’elle doit se contenter de travailler les fins de semaine.
Pour pouvoir travailler à temps plein, la jeune femme aurait besoin d’un document appelé EIMT (Évaluation d’impact du marché du travail). L’obtention d’une EIMT coûte 1400 $ et nécessite un délai d’attente d’environ neuf mois avant l’obtention d’un permis de travail. Sans compter les dédales administratifs qu’il faut surmonter avant d’obtenir une réponse, déplore Anne-Marie Laffage, responsable du Soutien aux ressources pastorales de l’Archevêché de Sherbrooke, qui épaule Nancy Célicourt dans ses démarches.
« Depuis décembre, on essaie de trouver une façon de lui permettre de travailler. On appelle à un endroit et à un autre. C’est tellement gros comme système. On ne sait pas à quelle porte cogner exactement. »
On estime que des centaines d’immigrants, dûment formés et prêts à contribuer à « l’effort de guerre », sont confrontés aux mêmes difficultés partout au Québec.
Consultant réglementé en immigration canadienne, Sébastien Aubé comprend que certaines règles doivent s’appliquer lorsqu’il est question de travailleurs-immigrants. Mais celles-ci pourraient-elles être assouplies lorsqu’il y a urgence sanitaire à l’échelle nationale ?
« Elle parle déjà français, elle est déjà formée au Québec, elle est déjà intégrée à la société québécoise, dit-il. C’est un cas servi sur un plateau d’argent. En plus, l’Archevêché est prêt à payer les 1404 $ de l’EMIT. C’est assez particulier de constater que, même à coût nul, notre système de santé n’en veut pas. C’est sidérant ! » estime M. Aubé.
Selon lui, le fédéral pourrait « lever temporairement » l’interdiction de travailler plus de 20 heures par semaine imposée aux étudiants étrangers. Un avis que partage Nancy Célicourt.
« Je suis prête à travailler 40 heures s’il le faut, ça ne me dérangerait pas, dit-elle. Je veux juste pouvoir contribuer. »