« Ce ne sera plus jamais comme avant » à Lac-Mégantic

La mairesse de Lac-Mégantic Julie Morin, l'ancienne mairesse Colette Roy Laroche et Raymond Grégoire se tiennent debout pendant une minute de silence pour commémorer le 10e anniversaire de l'accident ferroviaire de Lac-Mégantic, à l'Assemblée législative de Québec.

Il y a 10 ans, le déraillement d’un train transportant du pétrole brut a tué 47 personnes, au centre-ville de Lac-Mégantic. Les élus du Québec ont commémoré la tragédie par une minute de silence empreinte d’émotion.


Il y a de ces rares moments à l’Assemblée nationale où la partisanerie, les lignes de comm, l’adversité, les répliques et les combats de mots n’ont plus leur place.

En fin de matinée, vendredi, on a eu droit à l’une de ces perles hors du temps.



Une vingtaine de minutes au cours desquelles, dans la grande salle de débats qu’est le Salon bleu, les élus se sont tenu la main. Au sens figuré, mais certains même au sens propre.

Le tout sous le regard bienveillant de la mairesse qui dirigeait la municipalité de Lac-Mégantic lors de la catastrophe, Colette Roy-Laroche, et de celle qui a poursuivi la reconstruction depuis 2017, Julie Morin. Les deux femmes étaient au balcon, dans les tribunes réservées aux spectateurs.

Le député de Mégantic, François Jacques, se lève pour applaudir la motion commémorant le 10e anniversaire du tragique accident ferroviaire de Lac-Mégantic.

Le député de Mégantic, François Jacques, a d’abord déposé une motion pour rendre hommage aux victimes du 6 juillet 2013, à leurs proches et à l’ensemble des résidents de la région de Lac-Mégantic.

Cela lui revenait d’office. Lors de la tragédie ferroviaire, M. Jacques était à la tête du salon funéraire familial situé au centre-ville de Lac-Mégantic et travaillait lui-même comme thanatologue.



Il a procédé aux obsèques de 29 des 47 victimes et connaissait personnellement 43 des 47 personnes qui ont perdu la vie dans le désastre. Il est allé sur place le soir même.

Avant la minute de silence observée, chaque parti a délégué un représentant pour faire une allocution de deux minutes sur le sujet.

À la fois nerveux et ému, M. Jacques a été le plus éloquent.

« Je vais garder les sons et les images pour moi, par respect pour ma famille et pour toutes les autres familles, surtout celles des disparus », a-t-il déclaré, la main tremblante tenant son discours.

« Souvent, on me demande : quel est le sentiment général à Lac-Mégantic, 10 ans après? Je leur dis qu’on voudrait rebâtir comme c’était avant, être ce qu’on était, mais ce ne sera plus jamais comme avant. »

—  François Jacques, député de Mégantic et témoin de la tragédie du 6 juillet 2013

« Il faut continuer à redéfinir notre avenir, toujours trouver une meilleure façon de regarder vers l’avant, mais en se souvenant du passé », a dit l’élu caquiste, à ses collègues remués.

La motion a été passée un mois avant la date officielle de commémoration, car les travaux parlementaires à l’Assemblée nationale seront suspendus à compter du 9 juin, et ce, jusqu’en septembre.