La triste histoire a été rapportée sur les réseaux sociaux par le petit-fils en question, Jeffrey Dupont.
«Sur l’heure du dîner, ma grand-mère s’est fait appeler par un individu en pleurs. Elle ne l’a pas reconnu sur le coup, mais il s’est fait passer pour moi», rapporte-t-il en entrevue avec Le Nouvelliste.
Si l’individu ne connaissait pas son nom, il a réussi malgré tout à se faire passer pour M. Dupont, affirmant qu’il avait été impliqué dans un grave accident de la route et qu’il avait été arrêté.
«Il a commencé en lui disant: ‘’salut mamie, c’est moi’'. Elle a répondu: ‘’qui’'? Il a répété la même chose et c’est elle qui a demandé: ‘’Jeffrey’'? L’individu a dit: ‘’oui, c’est moi’'», poursuit-il.
L’usurpateur d’identité a ensuite affirmé qu’il avait besoin de 5000 $ pour être relâché du palais de justice et qu’un employé de l’institution viendrait collecter l’argent. Une deuxième personne, manifestement complice de la première, a ensuite téléphoné à la dame en se faisant passer pour un «courtier» du palais de justice.
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«Il a même donné un numéro de dossier à ma grand-mère, ça avait l’air très crédible. Il a dit qu’il ne fallait pas qu’elle aille au palais de justice, qu’il allait passer parce que c’est comme ça que ça marche», raconte M. Dupont.
L’homme en question s’est présenté assez rapidement au domicile de sa grand-mère pour lui soutirer l’argent, alors qu’elle était toujours au téléphone avec celui qui se faisait passer pour son petit-fils, la suppliant d’ailleurs de ne pas en parler à ses parents.
Du début à la fin, ce stratagème s’est déroulé en une heure environ.
«Je l’ai appelée 30 minutes après, elle m’a demandé si j’étais dans mes cours et je lui ai dit oui. Elle m’a dit: je me suis fait arnaquer.»
«C’est facile de dire ‘’je ne me ferai pas avoir’'»
Même si cette histoire peut difficilement être rendue plus dramatique, il convient de préciser que la grand-mère de Jeffrey Dupont est atteinte de fibromyalgie, une maladie qui l’empêche de travailler depuis plusieurs années.
«Les 5000 $ qui lui ont été pris, c’était ses dernières économies. Elle comptait sur ça pour s’occuper de sa maison et pour gérer des imprévus», précise M. Dupont.
Celui-ci dit s’être senti mal sur le coup, pensant qu’il connaissait les gens qui s’en sont pris à sa grand-mère. En écoutant son récit, il a toutefois compris que les malfaiteurs ont réussi à obtenir les informations nécessaires pour se faire passer pour lui sans même avoir à le connaître.
Naturellement, une plainte a été déposée auprès de la Direction de la police de Trois-Rivières. Une caméra installée à l’extérieur de la résidence de la dame a permis d’avoir une image, quoique floue, de l’homme venu collecter l’argent.
Après avoir communiqué avec la police, la dame a appelé son institution financière, pour voir s’il y avait un moyen de récupérer l’argent.
«On n’a pas eu de retour encore. C’est sûr que la plupart de nos discussions sont avec la police pour le moment, ils vont essayer de retrouver cet individu-là. On verra ensuite s’il y a des recours possibles, mais ça semble être difficile, selon ce qu’on nous dit», explique M. Dupont.
Celui-ci rappelle que les fraudes de ce genre ciblent les personnes vulnérables, souvent des aînés, et jouent beaucoup sur les émotions de leurs victimes.
«C’est facile de dire ‘’je ne me ferai pas avoir’', mais sur le coup de la panique, ça peut être plus facile de tomber dans le panneau», souligne-t-il.
Recrudescence
La Direction de la police de Trois-Rivières (DPTR) confirme observer une recrudescence de fraudes de ce genre depuis le début de la semaine, alors que huit incidents lui ont été signalés.
«Il s’agit d’un réseau de fraudeurs structuré qui opère de façon cyclique, dans plusieurs grandes villes au Québec», indique le sergent Luc Mongrain, porte-parole de la DPTR.
Celui-ci rappelle que quatre personnes avaient été arrêtées en mai dernier, après avoir commis une fraude de type «arnaque des grands-parents». Dans ce cas, la somme de 4000 $ qui avait été soutirée à la victime et avait été récupérée et remise à celle-ci. Dans ce cas, le véhicule des suspects avait toutefois été intercepté très rapidement après l’événement. Les fraudeurs n’avaient pas eu le temps de consommer le fruit de leur fraude.
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Pour le reste, M. Mongrain assure que «les dossiers sont colligés pour échange de renseignement criminel entre les autres organisations policières».
Rappelons aussi qu’au début du mois, la Sûreté du Québec a arrêté une personne soupçonnée d’avoir commis une fraude de type «faux représentant bancaire», à Louiseville. Plusieurs cas de ce type de fraude étaient survenus en quelques jours sur le territoire de la MRC de Maskinongé.
La fraude de type «faux représentant bancaire» consiste à récupérer des cartes bancaires prétendument défectueuses, ainsi que leur NIP. Les personnes qui les récupèrent, se faisant passer pour des représentants d’institutions bancaires, se rendent ensuite dans ces dernières pour vider le ou les comptes de leurs victimes.
Peu importe le type de fraude, la police rappelle qu’il est important de ne jamais donner ses données bancaires à qui que ce soit, et qu’il faut questionner les personnes qui appellent dans le but de soutirer de l’argent. On peut notamment leur poser une question personnelle à laquelle il est invraisemblable qu’un arnaqueur ait la réponse, pour s’assurer de l’identité de son interlocuteur.