Dans une publication Facebook intitulée « L’histoire de la gastro à 210$ », Audrey Richard explique que sa fille a été aux prises cette semaine avec « la plus grosse gastro que j’ai jamais vue de ma vie » et qu’elle a dû s’absenter de l’école mardi et mercredi.
Sauf que mercredi, sa fille avait un examen ministériel, et que pour pouvoir le reprendre, « ça va prendre un billet médical, c’est obligatoire », aurait dit l’école à la mère de famille.
« Elle n’a plus de médecin de famille, comment puis-je avoir un billet médical sans la déplacer? Elle n’est même pas capable de se rendre aux toilettes, je vois mal comment la faire attendre 6-8 heures à l’urgence pour un billet », expose Mme Richard.
Au bout de quelques appels, notamment au Guichet d’accès à la première ligne, Audrey Richard apprend que sa fille serait inscrite sur la liste des patients orphelins et qu’un rendez-vous lui serait trouvé... dans les deux semaines.
« On s’entend que dans 2 semaines, la gastro sera finie et l’école sera finie », soupire la mère de famille.
Restait donc l’urgence, où on aurait dit au conjoint de Mme Richard de ne pas amener leur fille « si elle est malade et qu’elle fait de la fièvre », que « c’est plein à craquer » et qu’« il n’y a plus un siège de libre ».
La couple aurait donc été forcé de se rabattre sur un service de télémédecine privé, qui lui aurait permis, en moins de 10 minutes mais moyennant 210$, de mettre la main sur le précieux billet médical.
Il n’avait pas été possible de parler à Audrey Richard au moment de publier ces lignes.
L’histoire a été relayée sur Twitter par Gabriel Nadeau-Dubois, accompagnée de ce commentaire : « Ça nous prend une porte d’entrée simple pour avoir des soins gratuites au public. C’est un droit! »
Ce à quoi un médecin lui a répondu que ce qu’il fallait surtout à la fille de Mme Richard, qui n’avait pas besoin urgemment de soins médicaux, c’était « une dispensation d’examen». « Le problème majeur dans ce cas c’est un système qui exige trop de billets médicaux », a rappelé le Dr Sam Freeman.
Au ministère de la Santé et des Services sociaux, on se dit conscient que « la situation n’est pas idéale pour cette famille ».
« La priorité du MSSS est d’offrir des soins et services de santé aux personnes qui en ont besoin. Les consultations médicales sont donc destinées en priorité aux personnes ayant besoin d’une intervention de santé. De façon générale, une gastro n’est effectivement pas une indication de visite médicale », écrit la porte-parole Noémie Vanheuverzwijn.
Cela dit, ajoute le Ministère, « cette situation soulève également une question d’équité pour les élèves qui passent les examens du ministère de l’Éducation ».
« Il en revient donc au jugement clinique du professionnel de la santé qui doit analyser la demande de consultation en fonction de l’ensemble des éléments portés à son attention », estime le ministère de la Santé.
Le ministère de l’Éducation n’a pas l’intention de changer la règle du billet du médecin obligatoire en cas d’absence à un examen ministériel.
« L’examen ministériel s’inscrit dans le parcours scolaire obligatoire d’un élève et il n’y a pas d’exemption possible pour cette épreuve », nous dit le porte-parole Bryan St-Louis, en soulignant que « toute attestation médicale pourrait être faite par tout professionnel de la santé à postériori ».