L’industrie minière contre vent et fumée, de l’Abitibi à la Côte-Nord

Le 1er juin, le ministère des Ressources naturelles et des Forêts et la SOPFEU ont interdit les travaux en forêt et l’accès au chemin forestier sur une grande partie du Québec.

Les feux de forêt qui font rage au Québec mènent la vie dure à l’industrie minière. Si certaines mines reprennent leur souffle peu à peu, l’exploration attend toujours l’aval du gouvernement, et de Dame Nature, pour retourner sur le terrain.


« Moi, je suis en Abitibi, et je peux vous dire, il fait très beau malheureusement. Et non seulement il fait très beau, mais il y a un vent assez impressionnant », déplore Guy Bourgeois, directeur général de l’Association de l’exploitation minière du Québec (AMEQ)

Il surveille attentivement depuis plusieurs jours l’intensité et le déplacement des incendies forestiers qui parsèment le territoire québécois.



Au grand dam de l’industrie minière, très présente en Abitibi-Témiscamingue et sur la Côte-Nord, deux territoires fertiles en gisement minier.

Les premières apparitions des brasiers se sont traduites en « arrêt immédiat de toute les activités minières et l’évacuation complète du territoire pour protéger le personnel », rapporte M. Bourgeois.

Les gens ont également collecté des équipements, qui peuvent valoir quelques milliers, voire millions de dollars, pour « un tant soit peu » les protéger.

Il n’y a pas de chiffres pour connaître le nombre exact de sites d’exploration minière touchés par les feux de forêt, mais à titre de comparaison, l’an dernier, « 1400 claims ont vu des travaux soit de forage d’échantillonnage en vrac ou de volume. »



Pas d’accès, mais encore de l’espoir

Le 1er juin, le ministère des Ressources naturelles et des Forêts et la SOPFEU ont interdit les travaux en forêt et l’accès au chemin forestier sur une grande partie du Québec.

Il est donc impossible de vérifier l’état des campements temporaires établis proche des sites d’exploration minière, souligne M. Bourgeois.

« Les campements temporaires et toutes ces infrastructures sont à risque. Et il n’est pas possible de démobiliser ces équipements pour une courte période. »

Mais l’enjeu principal, répète M. Bourgeois, « c’est l’accès au territoire. »

« Aujourd’hui, c’est toutes les compagnies d’exploration qui sont touchées, car personne ne peut y aller. [...] Et les autorités nous disent de prévoir une saison difficile. [...] Mais il faut comprendre que les gens de l’exploration sont quand même habitués avec le phénomène des feux de forêt. En soi, c’est l’ampleur qui est particulière. »

Mais le temps s’écoule rapidement pour cette industrie qui doit peser sur l’accélérateur durant la saison estivale pour faire les travaux d’exploration, s’inquiète-t-il.



Les saisons d’exploration varient notamment selon le territoire et le type de projet prospecté. Un projet peut prendre plus d’une dizaine d’années avant d’obtenir l’aval pour la construction officielle d’une mine.

« Il y a une seule personne qui va nous dicter la voie, c’est la nature. Malgré tout le travail que tout le monde fait, incluant les compagnies qui ont rendu disponible du personnel pour mettre l’épaule à la roue, mais aussi des équipements pour appuyer le travail des pompiers forestiers… au-delà de ça, ça va prendre un peu d’aide d’en haut. »

Pour le moment, aucun site d’exploration n’a été identifié avec « à risque réel ».

Les mines en mode vigilance

« On sait que la situation change d’heure en heure, car évidemment il y a les feux, mais aussi les vents. Je sais que certaines minières ont repris leurs opérations, sauf qu’au moment où je vous parle, la situation peut être complètement différente », observe Josée Méthot, présidente-directrice générale de l’Association minière du Québec (AMQ).

Mais même si plusieurs mines ont repris les activités, souvent de manière partielle, elles restent vigilantes, explique Mme Méthot. Surtout en ce qui a trait aux concentrations de monoxyde de carbone.

D’autres, toutefois, comme la mine Casa Berardi d’Hecla Québec, au nord de La Sarre, doivent toujours attendre que les pompiers gagnent le combat contre les brasiers environnants. Elle demeure donc fermée.

En Abitibi-Témiscamingue, M. Bourgeois confirme aussi que la « majorité des mines ont repris leur opération », entre autres celles près des municipalités et des routes provinciales.

« Pour les mines en opération, nous en sommes vraiment à surveiller d’heure en heure l’état des vents, de la fumée, des foyers d’incendie et la qualité de l’air », résume la pdg de l’AMQ.

Pour le moment, il est impossible de chiffrer les pertes des minières en lien avec ces incendies.