Et ce pour tous, insiste la titulaire de la Chaire de recherche en santé du Canada sur la génomique de l’asthme et des maladies allergiques. Tant les personnes vulnérables que celles en bonne santé.
Car comme le confirme un rapide coup d’œil à la carte en temps réel du gouvernement du Québec, l’indice de la qualité de l’air était considéré comme mauvais lundi au Lac-Saint-Jean, de même qu’à quelques endroits au Saguenay.
Et le qualificatif « mauvais », ici, signifie « mauvais pour la santé de tout le monde », indique la professeure. « On dépasse les normes en termes de particules fines qui se rendent jusqu’à nos alvéoles, au bout de notre arbre trachéobronchique, là où s’effectuent les échanges air-sang. […] C’est des sources irritantes, ça augmente l’inflammation dans notre tissu bronchique. Et ça, c’est sûr que ce n’est pas une bonne chose. »
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Les symptômes peuvent être nombreux, lorsqu’on respire un air dont la qualité est ainsi altérée. Irritation aux yeux, au nez, aux voies respiratoires, essoufflement, toux, respiration sifflante, sentiment d’oppression au niveau de la cage thoracique…
Tout dépend en fait de la sensibilité et de la condition de chacun, soutient Catherine Laprise, qui précise que les avertissements de smog d’Environnement Canada sont d’autant plus à prendre au sérieux pour les femmes enceintes, les personnes âgées, les enfants et les asthmatiques, entre autres.
Dans tous les cas, il est normal de se sentir moins apte à faire des activités physiques à l’extérieur. Et ce n’est d’ailleurs « pas une bonne idée » d’en faire lorsque la qualité de l’air est aussi mauvaise.
« Si on prend une personne normale au repos, on respire à peu près 16 fois par minute, et ça, ça nous fait un apport d’air d’environ six litres par minute. Lorsqu’on pratique un sport comme la course, en intensité importante, on peut aller jusqu’à 150 litres par minute. Ça, c’est vraiment une exposition à des particules qui est exponentielle, c’est décuplé, c’est 20 fois pire », illustre Mme Laprise.
Une image d’autant plus frappante lorsqu’on considère la taille de la surface exposée, alors que nos alvéoles couvriraient plus qu’un « terrain de football », si elles étaient mises bout à bout.
L’autre chose à ne pas faire, lors de journées comme celle de lundi, c’est de contribuer soi-même à la mauvaise qualité de l’air. Éviter donc de faire fonctionner des poêles à bois, d’allumer des feux extérieurs ou d’utiliser sa voiture, soulève la professeure à l’UQAC, proscrivant du même coup l’ouverture des fenêtres de la maison et les sorties extérieures avec bébé.
Plusieurs personnes ont été mises en arrêt de travail à certains endroits au Saguenay-Lac-Saint-Jean, lundi, mentionne Catherine Laprise. Et ce n’est pas pour rien, alors que de mémoire, celle qui travaille en santé respiratoire depuis plus de 20 ans dit ne jamais avoir vu une situation aussi « extrême » dans la région.
« Je ne suis pas une experte des changements climatiques, mais si on regarde toutes les catastrophes naturelles auxquelles on est exposés, avec des périodes de moins en moins longues entre chacune, bien la logique est de nous dire qu’il y a certainement un lien important avec l’activité humaine derrière ça. Alors je pense que ça renforce l’importance d’adopter de meilleurs comportements face à ça, d’essayer de limiter notre empreinte sur l’environnement », fait valoir Catherine Laprise, qui à plus court terme, souhaite de la pluie, question d’aider les pompiers et de nettoyer l’air.