C’est avec des trémolos dans la voix que s’est exprimée Valérie Delage: «C’est évidemment un grand choc que d’apprendre la perte d’un ami et d’un humain extraordinaire dans un contexte qui reste encore aussi nébuleux. À nos yeux, plusieurs questions restent en suspens et on attend avec impatience les résultats de l’enquête du coroner», a déclaré la directrice générale du CS3R. Celle-ci était accompagnée de tout le noyau de personnes qui gravitent autour de l’organisme, des proches du disparu.
La conjointe d’Eduardo Malpica, Chloé Dugas, est demeurée avec leur fils, mais a fait connaître son souhait de vivre ce deuil dans l’intimité, par l’entremise de ce point de presse: «On ne peut s’empêcher d’avoir une pensée pour sa famille, sa conjointe Chloé et son petit garçon, et de demeurer entièrement solidaires avec eux. Celle-ci nous a d’ailleurs exprimé sa volonté de ne pas commenter la nouvelle», a rapporté madame Delage.
Elle invitait néanmoins la communauté à transmettre à Chloé Dugas ses messages de soutien et condoléances, «qu’elle lit tous avec attention».
Dès aujourd’hui, à Montréal, l’entourage du défunt devait tenir un rassemblement public au parc Turin, pour lui rendre hommage. À Trois-Rivières, les citoyens qui le désirent pourront se retrouver devant les bureaux du CS3R, lundi à 19h. «On a profité d’un gros élan de solidarité au moment des recherches. On voulait que les gens qui ont vécu ça et qui ont vécu des émotions à ce moment-là aient, comme nous, l’espace pour partager ensemble un petit moment», a reconnu Valérie Delage.
«On sent le besoin dans la communauté de prendre ce moment-là ensemble et on en a besoin nous aussi», a précisé Steven Roy-Cullen. «C’est juste important qu’on ait un moment de recueillement où les gens peuvent se sentir libre d’exprimer leurs sentiments, leurs émotions par rapport à la nouvelle.»
Des questions en suspens
Dès l’annonce de la macabre découverte qui a été faite dans la baie de Beauport, la direction du service de police de Trois-Rivières a tenu à rapidement écarter toute piste criminelle pour expliquer la disparition d’Eduardo Malpica.
«[L]e corps ne présente aucune trace de violence ni ne soutient de thèse criminelle ayant causé le décès», confirmait, selon le communiqué de la police, l’expertise médico-légale préliminaire ayant permis d’identifier la victime.
Mais une enquête du coroner devrait pouvoir déterminer les causes et circonstances du décès. «On mise sur l’enquête du coroner, et ça peut être une enquête assez poussée, pour voir s’il y a quelque chose de suspect», a indiqué Valérie Delage au nom des proches de la victime.
Depuis plusieurs mois, la théorie selon laquelle Eduardo Malpica aurait fui sans laisser de traces, dans un état de frayeur, à la suite de l’altercation survenue le soir de sa disparition, était fortement contestée par son entourage. Une intuition que la découverte de son corps vient valider.
«La théorie la plus probable, c’est qu’il soit tombé dans l’eau. Mais est-ce qu’il est tombé de son plein gré? Ça, on ne le sait pas», soutient Valérie Delage.
Rappelons qu’après sa sortie du café-bar Zénob dans des circonstances nébuleuses, des témoins ont vu pour la dernière fois l’homme apparemment désorienté au centre-ville de Trois-Rivières. Il se serait trouvé non loin du parc portuaire, près du Flambeau, peu après deux heures du matin.
Un homme curieux et épris de justice
Voulant surtout rendre hommage à leur ami Eduardo Malpica, ceux qui ont partagé avec lui des idéaux de solidarité internationale et de justice sociale pendant un an d’activités militantes ont parlé de ses qualités.
«Nous, on le connaissait comme un intellectuel extrêmement curieux des enjeux internationaux. Il lisait à peu près tout. C’était une personne très impliquée, extrêmement appréciée dans sa communauté, autant à Montréal que par nous, ici, dans son équipe. C’était une personne très, très gentille, bienveillante, très sensible», a décrit Valérie Delage.
Son collègue Richard Grenier a quant à lui rappelé le grand défi que venait de relever celui qui agissait au CS3R à titre d’agent aux communications et à l’éducation citoyenne mondiale. Le dernier jour avant sa disparition, Eduardo Malpica avait été le maître d’œuvre d’un rassemblement provincial de l’Association québécoise de développement international au Musée Pop, à Trois-Rivières.
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«Il a réussi à réseauter des gens de partout au Québec au Musée Pop ce soir-là. Il l’a fait avec beaucoup de dévouement. Je me souviens de lui avoir dit: «Chapeau, bon travail!» C’est un bon souvenir qu’on garde de lui, cette dernière activité qu’il a organisée», a rappelé Richard Grenier en lui reconnaissant un bon esprit critique et son souci du travail bien fait.
Eduardo Malpica travaillait également au Collège Laflèche à titre de professeur de sociologie. Il n’a pas été possible de joindre les responsables de cette institution en fin de semaine.