
Le CIUSSS offre trois postes à l’infirmière disqualifiée par son poids
« Il n’y a pas beaucoup de gens qui osent dénoncer, qui osent en parler, parce que c’est difficile », dit-elle d’une voix douce au bout du fil.
Rappelons l’histoire. Cette infirmière voulait revenir au travail après une pause à la suite de sa quatrième grossesse. Après le processus d’entrevue, sa candidature a été retenue au CIUSSS de l’Estrie-CHUS à la condition que son questionnaire médical soit approuvé. Or son indice de masse corporelle (IMC) est supérieur à 40. Même si elle est en bonne santé, cela la disqualifie pour venir prêter main-forte dans le réseau de la santé.
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Quand elle a appris la nouvelle, Marie-Christine Lanoue était outrée.
Cette passionnée de la périnatalité fait du bénévolat et est marraine d’allaitement. « Le CIUSSS va avoir un centre mère-enfant. Il veut devenir une organisation Ami des bébés. J’ai pensé que j’avais quelque chose à apporter dans l’organisation. Mais il semble que non », s’attriste-t-elle.
Lundi sur l’heure du souper, la vidéo de Mme Lanoue a été portée à l’attention de la direction du CIUSSS de l'Estrie-CHUS par La Tribune.
« On m’a appelée dès lundi soir pour me parler. J’ai coupé ça court. J’avais besoin de réfléchir. On m’a dit qu’on me rappellerait mardi », indique-t-elle.
L’appel est venu en fin d’après-midi mardi. On lui a offert trois postes, notamment en Santé publique, qui affiche présentement un retard dans ses enquêtes.
Mme Lanoue pourra donc aller travailler au CIUSSS de l’Estrie-CHUS. Mais acceptera-t-elle cet emploi de la deuxième offre?
« Je ne sais pas. J’ai un gros malaise. Il y a matière à réflexion », dit-elle.
Sa conversation de mardi après-midi lui a toutefois fait du bien. « J'ai eu une conversation enrichissante en lien avec le manquement, ou les procédures mises en place pour éviter de reproduire une telle situation », dit-elle.
Mais n’empêche que… « Sans ma vidéo, jamais le CIUSSS n’aurait révisé mon dossier. Même si on m’offre un emploi finalement, ça n’efface pas la discrimination qu’il y a eu à mon endroit et à l’endroit de toutes celles et de tous ceux qui se sont fait refuser un poste à cause de leur poids », dit-elle.
« Je suis bien décidée à porter plainte à la Commission des droits de la personne du Québec. Je veux aller jusqu’au bout », dit-elle.