Thierry Boudrias, un multirécidiviste en la matière, a formellement été accusé de harcèlement criminel, d’avoir communiqué avec une personne en vue d’obtenir des services sexuels moyennant rétribution et de communication indécente.
La Tribune a rencontré trois des quatre plaignantes lundi après-midi. Selon ce qu’elles racontent, elles ont reçu un texto la semaine dernière de la part de Thierry Boudrias, le concierge de leur immeuble. Lors de l’enquête sur remise en liberté de l’accusé mardi après-midi, la procureure aux poursuites criminelles et pénales, Me Magalie Sheehy, a qualifié ces messages d’«assez troublants».
Les textos, dont La Tribune a obtenu copie et qu’elle reproduit intégralement, auraient été envoyés vers 23 h 15 mercredi dernier.
«Heille [sic] salut... je me demandais, vous avez de l’air funny bad girls un peu, je veux faire un espèce de jackass... je vous payerais 100 $ chaque peu importe comment vous êtes pour me kicker din couilles [sic] pendant 30 minutes», aurait écrit l’accusé, ajoutant avoir «un seuil de douleur très élevé».
«Pi [sic] si vous y prenez goût, vous allez vivre comme des princesses parce que la douleur est mon meilleur enseignant et je repousse tjrs [sic] mes limites», aurait-il poursuivi.
«Ayez pas peur de me faire mal, vous serez pas les 1res. Juste que j’ai pensé à vous puisque vous êtes à l’école donc c’est plus dur d’arriver», aurait-il écrit dans un second texto.
«C’est pas le genre d’offre qu’on a 2 fois dans une vie se défouler pi rire pour faire du cash.» «Parle en avec [tes amies] pi revenez moi avec un oui ou un non», aurait-il ajouté dans deux autres messages.
Les plaignantes assurent avoir refusé les avances. L’homme se serait ensuite excusé du malaise.
Peur
Les trois étudiantes ont tout de même contacté les policiers, qui ont procédé à l’arrestation de cet homme aux prises avec des déviances sexuelles.
«On avait vraiment peur, a confié en entrevue l’une des victimes alléguées. [Ce soir-là], on a toutes dormi dans un même appartement. Sur le coup, la police ne pouvait rien faire, car on ne connaissait pas son nom de famille.»
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Les cégépiennes ont ensuite trouvé le nom de famille de l’individu et ont été mises au courant de ses antécédents criminels. Elles sont donc retournées au poste de police pour faire une déclaration. Les policiers ont ensuite procédé à l’arrestation de l’homme de 45 ans.
Les plaignantes ont pu résilier leur bail sans frais. Pour les trois jeunes femmes, il n’était pas question de rester là. «Les propriétaires ne semblaient pas de notre côté avant que la police s’en mêle. On ne se serait pas senties en sécurité avec un autre concierge. On se doute qu’ils ne regarderont pas ses antécédents», disent celles qui habitaient dans le même bloc que l’individu.
Repentant
Thierry Boudrias a témoigné mardi lors de son enquête sur remise en liberté. Plusieurs fois, il a versé des larmes, qualifiant ses textos «d’erreur».
«Ça fait sept ans que je n’ai pas eu de chefs [d’accusation], a-t-il dit. Je me considère comme un citoyen. Je considère que j’ai travaillé énormément pour me rendre où je suis rendu. Je l’avoue que j’ai fait une grosse erreur. Je ne pensais pas que ça aurait ces répercussions sur les jeunes femmes. J’en suis désolé.»
Boudrias n’a pas nié qu’il avait un problème d’ordre sexuel. «Je ne connais pas grand-monde qui aime se faire donner des coups dans les parties intimes. C’est pour ça que j’utilisais le subterfuge de Jackass. C’est honteux comme problématique», a exprimé celui qui a suivi des thérapies dans le cadre de sa probation il y a quelques années. Il assure également avoir cessé de consommer lorsqu’il est entré en prison en 2015.
Employeuse confiante
La Tribune a tenté de parler à l’équipe de gestion des appartements, mais la personne au bout de la ligne s’est contentée d’un «pas de commentaire» avant de raccrocher. Or, la patronne de Thierry Boudrias, a témoigné en sa faveur lors de l’enquête sur remise en liberté au palais de justice.
Selon elle, l’accusé, représenté par Me Audrey St-Amand, est un excellent employé en qui elle a confiance. Elle souhaitait qu’il soit libéré afin qu’il continue à s’occuper des 175 portes dont il avait la responsabilité. «C’est lui qui s’occupe de la sécurité physique des immeubles, a-t-elle lancé au tribunal. C’est le répondant d’urgence. C’est très important qu’il soit là. En attendant, je me croise les doigts pour qu’il n’arrive rien aux immeubles, car il n’est pas là. »
Boudrias a également expliqué qu’il «croyait avoir des chances» avec les cégépiennes, puisqu’elles lui avaient fait remarquer une ressemblance avec un candidat de la télé-réalité Occupation double.
Comme les plaignantes étaient majeures, il ne croyait pas que ses actes étaient criminels.
En 2015, alors qu’il habitait à Ange-Gardien, Boudrias a été accusé de crimes à caractère sexuel à l’égard de mineurs dans plusieurs dossiers. Selon Me Sheehy, ce dernier a plaidé coupable à 25 chefs d’accusation en semblable matière. L’homme a finalement reçu en 2016 une sentence de trois ans de prison.
Cette fois, toutes les plaignantes sont «majeures et des poussières», confirme Me Sheehy, soulignant du même souffle le jeune âge des victimes alléguées.
Thierry Boudrias sera de retour devant tribunal le 11 octobre.