Laurent Côté a été appelé par la Couronne en tant que quatrième témoin, mardi, dans le cadre du procès pour négligence criminelle de Patrick Houle. Le témoignage de M. Côté s’ajoute jusqu’ici à celui des trois dames qui étaient présentes lors des événements ayant mené à son arrestation, lors desquels deux femmes ont été attaquées par les chiens de M. Houle alors qu’elles se promenaient sur la piste cyclable de Val-des-Sources le 31 août 2021.
Avec confiance et détail, M. Côté a raconté au juge Conrad Chapdelaine qu’une belle journée de printemps 2021, il s’était aventuré dans les environs de la mine Jeffrey à motocross, à partir du cimetière, en tentant de rejoindre la sablière d’Excavation Émond de Danville, où il avait obtenu la permission de pratiquer son sport. « Le seul chemin que j’ai trouvé sans utiliser de route, c’était sur le terrain du [M. Houle], pensant que c’était abandonné », a-t-il confié, disant ne pas connaître M. Houle ni l’existence de son entreprise à l’époque.
« Il n’y avait pas de clôture que j’ai du enjamber. J’ai juste suivi la route de la mine. » Le jeune homme se serait finalement buté plus loin à la clôture séparant le terrain de MTR de la piste cyclable, a-t-il raconté, ce qu’il l’aurait forcé à rebrousser chemin. « C’est à ce moment là que j’ai vu un monsieur avec ses chiens. Il y en avait entre quatre et sept. »
M. Houle lui aurait fait signe de s’approcher. « Ne voulant pas causer de problème, je me dirige vers lui, note le témoin. Il m’a dit de débarquer et j’ai dit : “non, je m’en vais.” »
À ce moment, M. Houle l’aurait poussé sur l’épaule, sans effet, avant de finalement lui faire un crochet avec l’intérieur de son bras pour le pousser vers l’arrière de sa moto. « Je tombe au sol et c’est à ce moment que les chiens commencent à me mordre. Sur une botte, je sens un étirement. Il y a un chien qui tire sur ma botte. Et sur mon bras du côté gauche. », dit celui qui a qualifié les bêtes d ‘« agressives » et qui estime que M. Houle n’avait pas le plein contrôle sur ses chiens.
M. Côté portait alors plusieurs couches de vêtements et différents équipements, ce qui l’aurait empêché de subir des blessures de la part des deux chiens qui l’auraient mordu, soit un noir et un beige foncé. Ses bottes auraient cependant arboré des marques de dents.
« Je me relève. Cependant, ils continuaient a me sauter dessus et à me donner de l’attention. C’est par la suite que le monsieur va dire à ses chiens d’arrêter. Ce qu’ils font semi. »
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Durant ce temps, M. Houle se serait « enfui » avec le motocross de M. Côté vers son garage. Il aurait également prononcé « Les criss de voleurs, je suis écœuré ». Les chiens auraient continué de « donner de l’attention » à M. Coté alors qu’il rattrapait l’homme, et lui auraient donné des coups de patte dans le dos tout en jappant.
À la suite d’une autre altercation à l’intérieur du garage, M. Houle aurait finalement appelé la police. Les policiers auraient procédé à l’arrestation de M. Côté avant de prendre sa version des faits et de le laisser partir. « À mon départ, les chiens ont recommencé à essayer de m’attaquer. Il a fallu que les policiers demandent à M. Houle de contrôler ses chiens. »
À la suite de cet événement, les deux personnes impliquées ont choisi de ne pas porter plainte.
Patrick Houle, qui était resté stoïque durant les trois témoignages précédents, a esquissé plusieurs sourires durant le témoignage de M. Côté.
Selon le procureur aux poursuites criminelles et pénales dans cette affaire Me François Houle, tous les prochains témoins qui seront appelés de son côté sont des gens qui ont eu des expériences précédentes avec les chiens de M. Houle. Il cherche ainsi à démonter que M. Houle n’a pas posé les gestes appropriés afin de prévenir l’attaque survenue le 31 août 2021 contre Jacqueline Sévigny et Micheline Beaulieu.
D’autres incidents
Deux policiers de la Sûreté du Québec ont témoigné mardi avoir été appelés à se rendre sur la piste cyclable de Val-des-Sources, à la hauteur de l’entreprise de M. Houle, puisque ses chiens étaient en cavale. L’agent Anthony Sawyer a affirmé, carte d’appel à l’appui, être intervenu le 16 mai 2021 après l’appel d’un citoyen. Sur place, il a rencontré une dame qui promenait son chien et a aperçu l’un des chiens de M. Houle qui circulait en liberté. « Elle avait été attaquée par quelques chiens qui étaient près d’elle et elle m’a dit avoir dû donner au moins un coup à un chien au niveau de la tête », a-t-il dit. Lorsqu’il s’est approché du chien pour voir s’il avait une médaille, ce dernier aurait montré les dents au policier.
Des avertissements verbaux auraient été prononcés à M. Houle par le policier, puisqu’il contrevenait à la règlementation municipale.
Le policier Nicolas Hamel a pour sa part raconté des événements documentés par la Sûreté du Québec, qui seraient survenus le 26 avril 2021 alors qu’une femme a rapporté qu’elle circulait sur la piste cyclable et que des chiens étaient sortis du terrain de M. Houle pour aller la rejoindre. « Elle ne voulait pas nécessairement d’intervention policière, mais elle tenait à ce qu’une intervention soit faite auprès de M. Houle pour ne pas que ça réarrive. Elle a eu peur. » M. Hamel serait ensuite allé prévenir M. Houle de la situation.
Recadrage
L’avocat de Patrick Houle, Me Bernard Raymond, a également procédé au contre-interrogatoire de M. Côté, mardi avant-midi. Le processus s’est toutefois déroulé avec certaines tensions entre l’avocat et le juge Chapdelaine, qui est intervenu plusieurs fois pour répéter à la défense des réponses qui avaient déjà été données par le témoin, comme il l’a d’ailleurs fait plusieurs fois depuis le début du procès.
« On a compris ça fait longtemps! Ça fait deux, trois fois qu’il le dit! », s’est par exemple impatienté le juge après que Me Raymond ait demandé au témoin d’admettre une autre fois qu’il n’avait « pas d’affaire là ».
En fin de contre-interrogatoire, lorsque Me Raymond a demandé au témoin d’expliquer pourquoi il avait jugé les chiens agressifs, le juge a interrompu l’échange : « Si les policiers sont obligés de dire au propriétaire de contrôler ses chiens, ça doit être parce qu’ils ne sont pas si fins que ça. »