« Astronomique » saisie de drogue : Philippe Bélanger restera détenu pendant les procédures judiciaires

Un kilo de cocaïne a été retrouvé chez le Sherbrookois de 30 ans, Philippe Bélanger.

Pour avoir été arrêté en possession d’un kilo de cocaïne et quelque 20 000 comprimés de méthamphétamine, le Sherbrookois Philippe Bélanger restera détenu pendant le processus judiciaire.


L’homme âgé de 30 ans a subi son enquête sur remise en liberté, vendredi, au palais de justice de Sherbrooke. Il est accusé entre autres d’avoir fait le trafic de cocaïne, de méthamphétamine et d’avoir possédé de la MDMA. Il n’a pas d’antécédents criminels.

La procureure représentant le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), Me Émilie Baril-Côté, explique que le Sherbrookois a été arrêté le 2 mars dernier. « Les policiers avaient amorcé une enquête sur son cas à ce moment, explique-t-elle. [...] Au moment des perquisitions, on a saisi plusieurs téléphones cellulaires, dont un qui nous a permis de démontrer qu’il s’adonnait à du trafic de cocaïne et de méthamphétamine de façon quotidienne depuis les trois dernières années. »

« Le juge a qualifié les quantités de stupéfiants saisis auprès de monsieur d’astronomiques, souligne-t-elle en entrevue avec La Tribune. Ce sont des quantités très importantes, compte tenu de la valeur [de la drogue]. »

Témoignage « peu crédible »

Le témoignage de Bélanger est loin d’avoir convaincu le juge Serge Champoux de la Cour du Québec de lui offrir de recouvrer sa liberté. En rendant sa décision, il l’a même qualifié de « bien peu crédible ».

Dans son témoignage, l’accusé mentionne qu’il aurait décidé de démarrer son entreprise de tonte de pelouse l’été et de déneigement de trottoirs l’hiver il y a cinq ans. Il serait également carrossier et restaurerait des véhicules âgés.

Aujourd’hui, il effectuerait également de l’excavation. Il dit travailler sept jours sur sept. Il aurait deux employés et un associé, a-t-il mentionné dans son témoignage.

Le juge note des contradictions entre les actifs de Bélanger et son revenu d’impôt. « Vos chiffres ne marchent pas trop », a estimé le juge Champoux.

« Peut-être que j’ai mal compté », a répliqué Bélanger, qui affirme que des amis l’aident avec ses paiements entre autres d’une maison achetée et financée pour 50 000$ par une autre connaissance.

D’ailleurs, la Couronne a également énuméré tous les antécédents judiciaires de son associé. Celui-ci aurait neuf dossiers pendants au palais de justice de Sherbrooke, dont cinq en attente de sentence au palais de justice.

Bélanger a mentionné qu’il n’était pas au courant que cet associé était accusé de fraude, de voies de faits armés, de menaces, de voies de fait contre des policiers et d’entrave au travail des policiers. Il admet cependant qu’il connaissait l’antécédent de son partenaire en matière d’alcool au volant.

Dans son témoignage, Bélanger a confirmé qu’il avait des problèmes de drogue. Il dit avoir arrêté de consommer du jour au lendemain, sans aide, lorsqu’il a été arrêté. « Je faisais de la cocaïne et du speed. Je dépensais environ 400$ par semaine [en drogues] », a-t-il dit, ajoutant qu’il cachait cette consommation à sa conjointe. Celui-ci confirme qu’il consommait presque quotidiennement.

Bélanger vit avec sa conjointe et un enfant. « On parle malheureusement de la présence d’un enfant dans ce milieu hautement criminalisé, a lancé le juge Serge Champoux. Dans une habitation où il y a des quantités astronomiques de drogues. [...] On voit qu’il y avait des stupéfiants à divers endroits dans cette maison, y compris dans un coffret de maquillage où il y avait 400 ou 500 capsules de méthamphétamine dans la salle de bain. C’est difficile de concevoir que des personnes, dans leur échelle de valeurs, ne voient pas à quel point ça peut être dangereux ou grave de mêler un enfant dans une situation comme ça. »

Par ailleurs, selon la Couronne, Bélanger aurait menacé de commettre des gestes violents lors d’échanges de textos. « À minimum cinq reprises, entre le 1er janvier et le 2 mars, on va tenter d’engager des gens pour aller chercher de l’argent dû », a-t-elle exposé.

Mère abasourdie

La mère de l’accusé a été complètement abasourdie lorsqu’elle a constaté qu’une perquisition avait été orchestrée par la Sûreté du Québec au domicile de son fils. Celle-ci travaille dans un salon de coiffure situé juste en face de la résidence fouillée par les enquêteurs et a été témoin de l’intervention policière.

« [Ce jour-là], il y avait des clients jusqu’à 18h30. Il y avait plein de monde dans le salon [de coiffure], a-t-elle témoigné. Déjà que j’avais le cœur en miettes, ça m’a pris tout mon sang froid pour continuer ma journée et que ça ne paraisse pas. [...] J’ai traversé à la fin de la journée. Les enquêteurs étaient là. Je me suis présentée. Ils n’ont pas pu me donner de détails, mais ils m’ont dit qu’ils venaient d’arrêter Philippe. »

La mère de Bélanger n’était pas au courant des problèmes de drogue de son enfant. « Vous ne le connaissez pas, votre fils! » a adressé le juge à la témoin de la cour. « Pas vraiment, je pense que non », a-t-elle rétorqué.

« Dans ma tête, il avait son entreprise de tonte de pelouse, il avait son garage, il avait toutes ces choses. Je pensais qu’il gagnait sa vie comme ça. Ça n’a pas l’air. Mais quand ils ont 30 ans, on ne leur demande pas leurs rapports d’impôts pour savoir combien ils gagnent », a-t-elle poursuivi.

« Je l’ai toujours vu respecter ses engagements », a expliqué la mère de Bélanger. La femme loue également un loyer à son enfant de 2000$ par mois.

Les parents ont offert une caution au tribunal de 10 000$. Bélanger a offert quelques milliers de dollars supplémentaires, à condition d’avoir l’approbation de son partenaire d’affaires.

L’avocat de Bélanger, Me Christian Raymond, pense pour sa part que son client n’a pas un train de vie très cossu. Il estime également que son client aurait respecté ses conditions de remise en liberté, puisqu’il payait sa location de voiture et son bail, et sa carte de crédit, entre autres.

« Il a quelques véhicules qui ont peu de valeur et qui sont remisés. [...] Tout ce que vous avez en preuve, c’est le fait qu’il respecte ses engagements actuellement. Ce type, s’il était remis en liberté, il n’y a pas de preuve qui est faite qu’il ne respecterait pas les conditions imposées », a-t-il déclaré au Tribunal.

Le dossier reviendra en cour le 30 mai.