
Mais qu'avait mangé Lisée?
«J'viens de me faire voler du temps en torieux!», s'est étonnée Manon Massé, incrédule devant l'insistance du chef du Parti québécois.
Les règles de ce face-à-face diffusé à TVA et LCN jeudi soir étaient encore plus complexes que celles de XOXO. À un moment donné, on ne savait plus qui débattait contre qui, et Pierre Bruneau a dû le rappeler plusieurs fois aux chefs, comme si cela était évident, alors que ce ne l'était plus du tout.
On a vu hier à quel point l'idée du chrono des deux précédents débats, français et anglais, était une bonne initiative, qui aurait dû être reprise par TVA. On a longtemps reproché à la formule du débat des chefs de Radio-Canada d'être statique et ennuyante. Cette formule de face-à-face à TVA était au contraire beaucoup plus contraignante et ne permettait pas de réel débat. Encore plus qu'il y a quatre ans, on avait l'impression que Pierre Bruneau a passé sa soirée à interrompre les chefs pour les empêcher de finir leurs phrases. On a dépoussiéré la formule pour la dynamiser; on a seulement réussi à complexifier les échanges.
S'il fallait déclarer un vainqueur, Manon Massé est celle qui a le mieux exprimé ses idées, calmement, perdant rarement son sourire, ne se laissant jamais déstabiliser par les batailles auxquelles se livraient ses adversaires. Philippe Couillard et François Legault ont été meilleurs qu'au premier débat en français, plus proactifs. On a eu l'impression que Legault avait été prévenu de sourire davantage, tant ses rictus paraissaient forcés. Encore une fois, répéter les mêmes formules trois ou quatre fois, comme il l'a fait avec l'expulsion du Parti libéral, ne fait que diminuer leur effet.
La dernière demi-heure du débat, sur l'économie et les finances publiques, a finalement été la moins chaotique et la plus cohérente. Il était cependant bien tard. «Je dois vous féliciter, vous avez été étonnamment disciplinés ce soir», leur a envoyé Pierre Bruneau en fin de soirée. Conclusion un peu surréaliste pour un débat aussi décousu et brouillon.
Pour commenter, rendez-vous sur ma page Facebook.