La Fondation Rivières réclame de meilleures données des déversements d’eaux usées... incluant à Sherbrooke

Les déversements d'eaux usées peuvent avoir des impacts sur les activités aquatiques, entre autres.

Les municipalités connaissent mal le portrait des déversements de leurs eaux usées rejetées sans traitement, selon la Fondation Rivières. Bon nombre d’entre elles n’ont pas encore mis à jour leur ouvrage avec un enregistreur électronique de débordement (EED). Selon elle, le tiers des ouvrages à Sherbrooke ne compte pas de tels enregistreurs.


L’enregistreur électronique de débordement (EED) est prescrit par le Règlement sur les ouvrages municipaux d’assainissement des eaux usées, en vigueur depuis 2014, soutient la Fondation.

Le portrait est donc incomplet et « impossible à corriger adéquatement », avance l’organisation au sujet des villes et des municipalités qui n’ont pas mis leurs ouvrages à niveau. Seulement six sanctions ont été imposées aux 194 municipalités en infraction, selon le décompte de la Fondation.

Environ 30 % de ces équipements n’ont pas d’enregistrement en continu, mais le remplacement des équipements se fait de façon continue, précise la Ville de Sherbrooke. Des panneaux d’acquisition de données seront mis aux endroits où il n’y en a pas, assure l’administration municipale.

« Ce qu’il faut retenir, c’est qu’on a 36 panneaux qu’on a achetés cette année pour être installés. On travaille là-dessus… C’est sûr que c’est important pour nous, je le maintiens. Ce n’est jamais glorieux de parler de ce sujet-là. On continue à améliorer nos connaissances et nos acquisitions de données », explique Jean-Pierre Fortier, chef de division gestion des eaux et construction à la Ville de Sherbrooke.

Une partie du problème des eaux usées repose sur les réseaux unitaires, qui recueillent à la fois les eaux pluviales et celles des égouts dans les vieux quartiers. Dans les nouveaux, ces réseaux sont automatiquement séparés à Sherbrooke.

La Fondation interpelle l’ensemble des municipalités de la province. « La demande qu’on fait, c’est qu’il faut absolument équiper tous les ouvrages d’un enregistreur électronique, sinon on n’a pas une bonne idée du problème », résume le directeur général de la Fondation, André Bélanger.

« C’est un peu gênant pour une ville de la dimension de la Ville de Sherbrooke de ne pas avoir réglé ça. Je ne veux pas décourager Sherbrooke, je veux encourager les efforts », lance André Bélanger, dit-il en voyant cette situation comme « un angle mort ».

Au total, la province a connu 57 263 déversements en 2022. On en comptait 36 391 en 2021, mais l’année a été exceptionnelle en raison du peu de précipitations.

« La cause des déversements, c’est trop d’eau, trop vite dans le réseau », vulgarise M. Bélanger au sujet des causes. Une partie du problème repose sur les réseaux unitaires, qui recueillent à la fois les eaux pluviales et celles des égouts dans les vieux quartiers. Dans les nouveaux, ces réseaux sont automatiquement séparés.

« Dans tout nouveau développement à la Ville de Sherbrooke, c’est un réseau séparé. Cependant, dans nos différents travaux de réfection que nous effectuons au fil des ans, il y en a toujours une partie où on va faire la séparation. On aurait fait un km de conduite séparée cette année […] On continue à en faire bon an mal an, mais il nous en reste encore plusieurs dizaines et centaines de km », note M. Fortier.

La Fondation observe toutefois une « légère amélioration sur la période couverte par le palmarès (2017 à 2022) pour toutes les régions administratives, à l’exception de Montréal et des Laurentides.

Rappelons que la Fondation déplore depuis plusieurs années que le Québec n’a pas d’objectif global de réduction des déversements d’eaux usées. « Le ministère de l’Environnement, de la Lutte aux changements climatiques, des Forêts et des Parcs (MELCCFP) demande aux municipalités de ne pas en augmenter le nombre au-delà de celui de 2013 et leur accorde même jusqu’en 2030 pour y arriver. »

Les déversements d’eaux usées ont différentes conséquences, notamment d’être une menace pour les espèces aquatiques. Ils peuvent aussi limiter les activités nautiques en raison des risques d’exposition à la E. coli.

Ce palmarès s’appuie sur les données du MELCCFP disponibles depuis 2017.