Détenu depuis trois mois, Oumina était de retour mercredi au palais de justice de Sherbrooke, cette fois pour la tenue de son enquête sur remise en liberté. Il est soupçonné d’avoir abattu accidentellement Charles Lafontaine alors qu’il maniait une arme à feu dans son appartement du boulevard René-Lévesque, à Sherbrooke. Les événements sont survenus le 13 avril dernier.
L’enquête sur remise en liberté, qui se déroule devant le juge Benoit Gagnon de la Cour du Québec, devait durer une journée, mais les parties ont convenu de poursuivre l’enquête jeudi après-midi.
Dès le début de l’enquête mercredi, à la demande de la défense, le juge Gagnon a émis une ordonnance de non publication interdisant aux médias, incluant les médias sociaux, de rapporter le contenu des témoignages entendus devant la cour afin de ne pas nuire à la formation d’un éventuel jury.
Amine Oumina est détenu depuis son arrestation par la police espagnole, le 15 juin dernier. Comme le lui permet la loi, il demande au tribunal de le libérer d’ici la fin des procédures intentées contre lui. Une demande à laquelle s’oppose la poursuite représentée par Mes Louis Fouquet et Stéphanie Landry.
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Parmi leurs arguments, les deux avocats invoquent le fait que l’accusé a pris la fuite immédiatement après le drame du 13 avril, qu’il a quitté le pays, ce qui a amené le déclenchement d’une vaste opération policière qui s’est échelonnée sur deux mois, ainsi que l’émission d’un mandat d’arrêt international par les enquêteurs de la Sûreté du Québec.
Avant de rendre sa décision, le juge aura toutefois à tenir compte de certains critères, a rappelé Me Fouquet au sortir de la salle d’audience.
« Le juge doit déterminer, d’une part, si monsieur Oumina va se présenter à la cour. D’autre part, s’il constitue un danger pour le public. Et, en dernier lieu, si la confiance du public [envers la justice] serait minée si jamais il est remis en liberté. Il doit pondérer ces critères-là et décider si la poursuite a démontré que, pour ces raisons-là, monsieur Oumina doit rester détenu. »
Accusations abandonnées
Me Fouquet a par ailleurs informé le juge que les accusations de possession de cocaïne dans le but d’en faire le trafic et de possession illégale d’une arme à feu portées contre Oumina sont abandonnées en raison de certaines dispositions entourant la loi sur l’extradition.
« Monsieur Oumina a été extradé de l’Espagne sur une accusation d’homicide involontaire coupable. Par la suite, on a rajouté des accusations. Par contre, la loi canadienne sur l’extradition prévoit qu’on ne peut pas rajouter des accusations, même pour des événements passés. C’est la raison pour laquelle on a été obligés ce matin de demander l’arrêt des procédures dans ces dossiers. »
Seule une accusation d’homicide involontaire coupable pèse dorénavant sur le Sherbrookois âgé de 27 ans.
Oumina assiste en personne dans le box des accusés à son enquête sur remise en liberté. Menottes aux poings, il suit calmement le déroulement des procédures, hochant parfois la tête, tout en fixant le sol.
L’enquêteur principal de la SQ au dossier a été le premier témoin entendu mercredi matin par la poursuite. Le père de l’accusé et Amine Oumina lui-même ont ensuite été interrogés.
Pendant ce temps, quelques proches de Charles Lafontaine étaient présents au palais de justice. Quelques-uns d’entre eux avaient pris place dans la salle d’audience, alors que d’autres ont préféré suivre les débats par visioconférence dans une pièce adjacente à la salle d’audience.