Votre propriété est-elle touchée par le Plan nature?

Le conseil municipal de Sherbrooke a adopté mardi son plan nature.

La carte interactive mise en ligne cette semaine par la Ville de Sherbrooke en lien avec l’adoption de son Plan nature permet maintenant aux citoyens de visualiser les zones de protection sur le territoire. Comme ce n’est pas si simple de s’y retrouver, La Tribune vous propose quelques explications et réactions supplémentaires.


Au lendemain de la présentation du plan, où l’on découvrait la cartographie des futures zones de conservation (en vert), de conservation partielle (jaune) et où le développement demeurait plus ouvert (en rouge), la carte interactive rendue disponible sur le site de la Ville affichait plutôt la superficie occupée par trois autres types de zones : milieux humides d’intérêt, milieux boisés d’intérêt ainsi qu’écosystèmes et habitats particuliers.

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Quoi comprendre?

Ces trois catégories représentent en fait l’étendue couverte par le règlement de contrôle intérimaire (RCI), qui vient encadrer temporairement ce qu’il est possible ou non de réaliser comme projet à ces endroits. Une protection accrue est accordée aux écosystèmes et aux habitats particuliers [en vert pâle hachuré sur la carte], où les exceptions seront donc plus difficiles à obtenir, a expliqué jeudi la présidente de la commission de l’aménagement du territoire, Geneviève La Roche.

Pour leur part, les milieux boisés d’intérêt [en vert] sont quand même protégés, mais certaines activités ou même constructions pourront être permises, sous plusieurs conditions, précise-t-elle.

Dans la présentation du plan, on a donné en exemple un agrandissement d’un bâtiment existant, la construction d’un bâtiment accessoire, des interventions à des fins d’entretien ou bien certaines activités agricoles, puisque de larges portions du territoire identifiées comme protégé se trouvent effectivement en zone agricole.

Encore là, plusieurs balises viendront encadrer les différents usages et activités. L’abattage d’un arbre est par exemple interdit à l’intérieur d’un milieu boisé d’intérêt, même si « de nombreuses exceptions sont prévues afin de permettre la réalisation de travaux, d’ouvrages et de constructions qui ne compromettent pas l’atteinte des objectifs de conservation », précise la Ville.



Pour ce qui est des milieux humides d’intérêt [en turquoise hachuré], « la majorité des travaux, des ouvrages et des interventions n’est pas permise dans ce type de milieu », indique-t-on. Dans tous les cas, il s’agit de balises générales et les propriétaires qui voudront réaliser des projets devront valider avec les équipes municipales.

Les zones rouges, où aucune mesure de conservations supplémentaires ne sera ajoutée, ne sont pas non plus affichées sur la carte, mais il s’agit en général des projets déjà approuvés ou en analyse avancée, en plus de certaines zones où l’affectation est déjà mixte ou industrielle, par exemple en bordure des grandes artères.

Pourquoi pas les couleurs?

Il s’agit d’un choix de concentrer sur l’impact du RCI dans l’information donnée à la population puisque cette réglementation, bien que temporaire, est celle qui s’applique concrètement pour le moment, a également détaillé Geneviève La Roche.

Jointe par La Tribune, la conseillère indépendante Hélène Dauphinais a de son côté jugé que la carte aurait dû intégrer les secteurs vert, jaune et rouge pour mieux informer à la fois les citoyens préoccupés par la protection des milieux naturels et ceux avec des visées de développement pour ces terrains. « La carte cache des informations dont la Ville dispose. Je ne comprends pas », a-t-elle commenté jeudi.

Cette situation amène même plus « d’incertitude » pour ceux qui tentent de comprendre les implications du Plan nature, selon l’élue du district du Pin-Solitaire. Elle donne l’exemple d’espaces adjacents au parc Victoria, inscrits en zone jaune dans le plan, a-t-elle constaté en consultant la version complète. L’information n’apparaît toutefois pas sur la carte interactive, a-t-elle noté.

Mme La Roche a de son côté indiqué que la Ville restait ouverte à « s’ajuster en continu » en fonction des commentaires et des questions recueillis. Elle n’exclut donc pas de rajouter éventuellement d’autres couches d’informations à la carte. La section explicative du site de la Ville qui répond aux questions les plus fréquemment posées sera d’ailleurs mise à jour régulièrement, a-t-elle aussi informé.



Il aurait néanmoins été « instructif » pour la population de pouvoir visualiser en deux temps les zones protégées, avant et après la démarche du Plan nature, ce que les élus ont pourtant pu voir, a aussi indiqué Mme Dauphinais. « On ne voit pas qu’est-ce qui s’ajoute [avec ce plan]. Il reste beaucoup d’inconnus », a-t-elle ajouté.

Il n’a pas été possible de parler de ces enjeux avec la mairesse Évelyne Beaudin ce jeudi.