Le parcours de combattante de Molly

Molly Leblanc-Normand a travaillé d'arrache-pied pour terminer son secondaire à l'école Le Goéland.

Plusieurs personnes ont de la difficulté à rester sur les bancs d’école à travers le réseau scolaire conventionnel. Le secondaire n’a pas été de tout repos pour Molly Leblanc-Normand. Fraichement diplômée de l’école Le Goéland, la jeune femme de 18 ans l’affirme : elle a enfin pu prendre son envol grâce à ce milieu.


Molly avait de la facilité au primaire. « J’étais vraiment forte. Je n’avais pas de difficultés d’apprentissage », avoue-t-elle. Son arrivée au secondaire a été plus rocambolesque alors qu’elle vivait simultanément des moments difficiles sur le plan personnel. De l’intimidation et du harcèlement ont mené à un grand taux d’absentéisme. « J’ai fait plusieurs écoles secondaires. Je suis même allée au centre Saint-Michel. Ça comblait quelques-uns de mes besoins, mais d’autres ne l’ont pas été. »

La perte de son grand-père a également été une épreuve difficile à surmonter. « Quand j’allais à l’école secondaire ‘‘normale’', chaque matin je me levais et je n’avais pas le goût d’aller à l’école. J’avais mal au ventre. Je stressais. » Son arrivée au Goéland a complètement changé son parcours scolaire. « J’ai arrêté de manquer de l’école. »



Elle peut maintenant dire haut et fort : mission accomplie. La jeune adulte fait partie de la centaine d’élèves du Goéland qui ont obtenu leur diplôme d’études secondaires jeudi. À l’occasion d’un événement spécial, prises de photos et remises de cadeaux étaient à l’honneur dans les couloirs de l’école. Le Goéland est une école destinée à des élèves ayant de la difficulté à rester dans le système scolaire conventionnel pour terminer leur secondaire.

Les sourires étaient bien visibles dans les corridors de l'école Le Goéland jeudi en avant-midi.  Sur la photo, on peut y voir les finissants Abass, Irman, Oliviera et Jean-Claude.

Molly mentionne que sa famille biologique et sa famille d’accueil l’ont appuyée dans la poursuite de ses rêves. « La valeur de l’école dans ma famille est très importante. Mon père a eu un parcours difficile à l’école. Je pense qu’il avait peur que je ne termine pas. Aujourd’hui, mon père est ma plus grande fierté », raconte-t-elle avec émotions.

« C’est vraiment au Goéland que j’ai pu déployer mes ailes. »

—  Molly Leblanc-Normand

Elle salue le soutien des enseignants et du personnel de l’école. « Ils sont formidables. Ce sont des choses que je n’oublierai jamais. »

Molly ne le cache pas. Sa plus grande difficulté à l’école a toujours été les mathématiques. Lors de son arrivée au Goéland, elle avait déjà échoué ses mathématiques de secondaire 3 à plusieurs reprises. Elle a finalement réussi haut la main son examen du ministère de secondaire 4. « Je suis passée de 0 % en mathématique à 99 % dans un examen du ministère! » explique-t-elle en souriant.



La jeune femme insiste pour dire que son enseignant de mathématiques Olivier Brisson a été une « personne marquante » dans sa vie.

« Jamais la petite Molly n’aurait pensé que j’aurais pu atteindre ça un jour », lance-t-elle spontanément.

« J’y suis arrivée enfin! Je l’ai mon diplôme. Ç'a tellement été difficile. J’ai eu beaucoup de soutien au Goéland. Je peux juste avoir un bel avenir devant moi. »

—  Molly Leblanc-Normand

Si elle pouvait parler à la jeune Molly lors de son entrée au secondaire, elle n’hésiterait pas à lui dire « qu’il n’y a rien d’impossible dans la vie ».

Éviter le décrochage scolaire

Molly invite tous les élèves qui pensent décrocher du système scolaire à aller « chercher de l’aide ».

« Tout le monde est capable. On a tous quelque chose qui est destiné pour nous. Avant de décrocher, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide. Il y a toujours quelqu’un pour t’accueillir à bras ouverts », croit-elle.

Il est essentiel pour la directrice générale de la Fondation des élèves de la CSRS, Anne Préfontaine, de « raccrocher » les élèves avant qu’ils ne quittent pour de bon le réseau scolaire. « Il faut tout faire pour qu’ils terminent leur secondaire. »



Les finissants ont pu prendre la traditionnelle photo lors de la cérémonie jeudi. Sur la photo, Rokaya est bien heureuse de terminer ce chapitre.

Au mois d’août, Molly Leblanc-Normand prendra le chemin de la Gaspésie pour poursuivre son parcours scolaire au Cégep de la Gaspésie et des Iles. Elle débutera ses études au campus de Carleton-sur-Mer afin de débuter la Techniques d’intervention en criminologie. Pour la jeune femme, il est essentiel de redonner aux autres. « Pour moi c’est comme une aventure. Je vais pouvoir sortir de ma zone de confort. »

Inspirer la jeunesse

Molly aimerait faire des conférences dans les écoles auprès des adolescents. « Certains n’entrent pas dans le chemin linéaire. Parfois ça prend une école [comme le Goéland] qui t’accepte comme tu es. Je veux parler de mon parcours pour les soutenir et leur dire qu’ils sont capables. »

Elle est fière d’avoir terminé son secondaire. « C’est beaucoup d’émotions. Je n’avais pas beaucoup d’estime et de confiance en moi. Je vois mes années d’école défiler. Enfin, j’ai terminé! Je sors d’ici avec beaucoup de reconnaissance envers le Goéland et les gens qui m’ont accompagnée. »

Divers parcours

Chaque élève de l’école Le Goéland a une histoire différente, rappelle la directrice de l’établissement, Claudie Potvin.

Jacob Labrie a vécu des mois très difficiles dans les dernières années. Il a même été confronté à la rue. L’alcool l’a fait sombrer dans un enfer. « Je ne me sentais pas bien dans ma peau. »

Jacob Labrie a surmonté plusieurs obstacles avant d'obtenir son diplôme d'études secondaires.

À son arrivée au Goéland, le jeune homme l’avoue, il ne pensait pas terminer son secondaire. « À un moment, je me regardais dans le miroir et j’étais écœuré de voir ça. J’ai eu un déclic », raconte-t-il à propos de son parcours scolaire. Il ajoute qu’il a terminé son secondaire en ayant de bons résultats.

Avec son diplôme d’études secondaires en poche, Jacob Labrie aimerait désormais poursuivre son parcours scolaire.

Dans les couloirs du Goéland, le personnel de l’école était nombreux à souligner les efforts du jeune homme qui ne consomme plus d’alcool depuis sept mois. « Ce sont vraiment des méchants bons profs », lance-t-il sans hésitation.