L’idée de la manette adaptée a vu le jour dans le cadre du projet intégrateur des étudiants finissants du Cégep de Sherbrooke en génie électrique, profil technologie des systèmes ordinés.
« L’idée de départ était de réaliser une télécommande universelle pour faciliter l’accomplissement de certaines tâches par les élèves. On a pensé à développer une manette adaptée au moment où Solène Paré, une enseignante à l’école du Touret, nous a dit qu’un élève de son école ne pouvait pas jouer aux jeux vidéo et qu’il ne pouvait pas être inclus dans ce genre d’activités », expliquent Jackob et Mathis.
Mathis et Jackob ont donc choisi de créer un appareil adapté aux difficultés motrices des élèves du Touret. La manette permettra, entre autres, aux élèves de jouer aux jeux vidéo. Dans un cadre pédagogique, l’outil pourra être utilisé avec des logiciels éducatifs.
« On a utilisé un microcontrôleur pour concevoir la partie manette. Ensuite, on y a branché plusieurs boutons », rapporte Jackob.
L’invention des deux garçons simule à la fois un clavier d’ordinateur et une souris.
« Pour la faire fonctionner, il faut se connecter à un site internet. C’est le même principe qu’un wifi public. Tu te connectes au site web et tu peux ensuite organiser tes paramètres », explique Jackob.
Les deux garçons ont réussi à développer un outil parfaitement adapté, en partie, grâce à la participation d’un élève du Touret. C’est d’ailleurs avec lui que les étudiants ont évalué les différentes fonctionnalités de la manette. Les commentaires de l’élève étaient les bienvenus pendant la conceptualisation du projet.
« L’un de mes élèves, malgré sa limitation motrice, a beaucoup de répartie, il est très social, blagueur et si quelque chose ne fonctionne pas il le dit assez rapidement, dit Karine Beauregard, enseignante de l’élève. Même s’il est pris dans son corps, il veut faire partie d’un ensemble. Il était très fier d’intégrer le projet. »
Les enseignantes du Touret, Mme Beauregard et Mme Paré, soulignent la ténacité de Jackob et Mathis.
« Ils sont venus faire des tests d’application à trois reprises. Ils ont écouté les commentaires de notre élève et ont, par eux-mêmes, réalisé quelques modifications pour favoriser l’utilisation. Par exemple, ils ont pensé à intégrer des suces sous la manette pour éviter qu’elle glisse pendant qu’un élève joue », souligne Mme Karine Beauregard.
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Un outil adapté à la réalité de tous
« Ça nous attirait d’aider des personnes avec des handicaps, explique Mathis Savoie. J’ai moi-même un meilleur ami d’enfance qui vit avec amyotrophie spinale de type 2. Ça m’intéressait de me lancer dans un projet comme ça, de créer quelque chose qui aurait pu lui être utile quand on était jeune. »
L’intérêt était le même pour Jackob qui, lui aussi, a des personnes dans son entourage qui vivent avec des handicaps tels que la trisomie.
« Pour moi, c’était plus intéressant de créer quelque chose qui allait aider les gens, servir à la société. »
— Jackob Breton
Pour l’école du Touret, l’outil développé par les garçons répond à tous les critères d’inclusivité.
« À l’école, on utilise déjà des outils technologiques pour susciter la participation sociale, expliquent les deux enseignantes. On utilise des interrupteurs, des appareils à sortie vocale, mais ces outils-là ne sont pas toujours parfaitement adaptés à la réalité et à la motricité de tous nos élèves, sans oublier qu’ils sont excessivement chers et fastidieux. Parfois, on doit même adapter des outils qui sont déjà adaptés. »
La manette permet non seulement aux élèves d’accomplir des actions qu’ils ne peuvent habituellement pas faire seuls, mais elle est tout aussi utile avec les logiciels éducatifs que les jeux en ligne.
« L’utilisation de la manette est très variable. On peut nous-même programmer différentes fonctionnalités selon les logiciels et les jeux en cours d’utilisation », rapporte Mme Beauregard.
Une invention à dimension humaine
La fierté, pour les élèves du Touret, de faire partie d’un projet spécifiquement pour eux était palpable.
« J’ai perçu de superbes émotions positives chez mes élèves. C’était très valorisant pour eux de voir que l’on s’intéressait à leur réalité. Ce sont souvent des jeunes qui vivent de l’exclusion au quotidien et ce projet-là était un vrai petit vent de fraîcheur pour eux », conclut Mme Beauregard.
Jackob et Mathis sont lauréats locaux Or au Défi OSEntreprendre avec l’invention de la manette adaptée. Ils sont présentement finalistes au national. Les deux garçons aspirent à perfectionner leur projet pour éventuellement le mettre sur le marché.
« Avec la belle réception de tout le monde, ça nous motive à pousser le projet encore plus loin », affirment Jackob et Mathis.