Combien de fois votre député s’est-il levé à l’Assemblée nationale?

Le salon bleu où siègent les 125 députés formant l'Assemblée nationale.

Bien que le travail d’un député ne se mesure pas au nombre de fois qu’il prend la parole lorsqu’il est au parlement, le nombre d’interventions de chaque élu est néanmoins recensé de façon rigoureuse dans le Journal des débats de l’Assemblée nationale, auquel tous les citoyens peuvent avoir accès.


Ainsi, un survol de l’Index du Journal des débats permet de constater que les six députés de l’Estrie se sont levés à 169 reprises depuis le début de la nouvelle session parlementaire, en novembre 2022.

De ce nombre, c’est la députée de Québec solidaire Christine Labrie (Sherbrooke), qui compte le plus grand nombre d’interventions avec 60, suivie des députés de la CAQ François Bonnardel (Granby), avec 53, Geneviève Hébert (Saint-François) avec 26, Isabelle Charest avec 14, André Bachand (Richmond) avec 13, François Jacques (Mégantic) avec 9 et Gilles Bélanger (Orford) avec 8 interventions.

Ce décompte est celui recensé en date du 13 octobre dernier. À cet effet, le Journal des débats précise que, « pour la session en cours, il faut compter un délai entre l’intervention du parlementaire et son apparition dans la liste », de sorte que le nombre peut être plus élevé.

L’index du Journal des débats permet également de connaître les sujets pour lesquels les députés de l’Estrie se sont levés en Chambre?

Un coup d’œil à la fiche de Christine Labrie permet d’établir que près de la moitié de ses interventions (27/60) ont porté sur la situation des personnes âgées (résidences privées pour aînés, centres hospitaliers de soins de longue durée, etc.) de même que sur les questions de justice (accessibilité, violence conjugale, équité, etc.). Les thèmes liés au logement et à la fonction publique font aussi partie de la liste.

En tant que ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel a consacré près de la moitié de ses interventions (24/53) sur les services policiers, incluant la Sûreté du Québec, le Bureau d’enquête indépendant (BEI) et l’Unité permanente anticorruption.

De son côté, Geneviève Hébert a consacré près des deux-tiers de ses 26 interventions (16/26) à rendre hommage à des citoyens ou à des organismes de sa circonscription ainsi qu’à souligner des anniversaires. Cinq autres de ses interventions ont porté sur des membres de l’équipe de hockey du Phoenix de Sherbrooke pour leur participation au championnat mondial de hockey junior 2023.

Isabelle Charest a consacré les deux-tiers de ses interventions dans le cadre des déclarations des députés afin de rendre hommage ou de souligner la contribution de gens ou d’organismes de son comté.

André Bachand a pour sa part consacré la quasi-totalité de ses interventions (9/13) à des sujets liés à la justice (agression sexuelle, sécurité publique, accessibilité) ainsi qu’à la question des mères porteuses.

Outre son intervention sur les crédits budgétaires, François Jacques s’est servi de son droit de parole (3/9) afin de rendre hommage ou de féliciter des citoyens ou des organisations de sa circonscription.

Enfin, en tant qu’adjoint parlementaire du ministre des Finances, Gilles Bélanger s’est levé à quatre reprises (4/8) lors débats portant sur le discours du budget et sur le fonds des générations.

Une partie du travail

Professeure adjointe à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke, Joanie Bouchard insiste sur un point : il serait injuste d’évaluer le travail d’un député à la lumière de ses interventions à l’Assemblée nationale.

Selon elle, le nombre d’interventions d’un député relève en partie de la stratégie de chaque parti, des fonctions qu’il occupe, ainsi que des enjeux qui composent l’ordre du jour des débats durant la session parlementaire.

« On va avoir certains députés qui vont être davantage porteurs de ces enjeux, autant du côté du gouvernement que du côté de l’opposition. Tout ça demande une bonne dose de stratégie », résume la Pr Bouchard.

« Ça ne veut pas dire nécessairement qu’une personne qui va moins se lever en chambre ne sera pas par ailleurs présente, notamment dans son comté. Une bonne partie du travail des députés se fait vraiment sur le terrain, localement, dans les bureaux de circonscriptions. Cela ne les empêche pas de faire valoir les intérêts de leur circonscription dans d’autres forums, que ce soit au sein de leur parti, au sein du caucus des députés, etc. »

De plus, comme le temps imparti aux députés présents à l’Assemblée nationale est réparti en fonction de la représentation des partis, cette disposition limite les possibilités d’intervenir.

« Lorsqu’il s’agit d’un parti au pouvoir versus un autre, on n’a pas nécessairement le même temps, ni le même budget de recherche. Tout ça va avoir un impact quantitativement sur la longueur des interventions de chacun des députés. »