Un drone en renfort dans la lutte aux espèces exotiques envahissantes

De nouveaux moyens technologiques sont utilisés dans la lutte au myriophylle à épis au lac O'Malley.

La lutte aux espèces exotiques envahissantes pourra être améliorée grâce à l’utilisation d’un drone aquatique, capable de reconnaître de manière autonome douze espèces de plantes aquatiques envahissantes. L’Université Bishop’s, en partenariat avec le RAPPEL, a réalisé ce qu’elle qualifie « de première application mondiale » d’un drone aquatique afin de lutter contre les plantes aquatiques envahissantes.


Grâce à une banque d’images, plus de 60 000 images de plantes aquatiques ont été intégrées au drone. Ce dernier peut maintenant reconnaître 12 espèces de plantes aquatiques, dont le myriophylle à épis.

L’engin a été utilisé au lac O’Malley, à Austin, où il a sillonné le plan d’eau. Le RAPPEL a ainsi pu cartographier et identifier des plans de myriophylles grâce aux données obtenues. Les opérations d’arrachage manuel pourront désormais être menées avec beaucoup plus de précision.



Cette avancée permettra de diminuer les coûts de contrôle des plantes aquatiques exotiques envahissantes. La cartographie offre une précision de 10 à 15 cm.

Le RAPPEL (Regroupement des associations pour la protection de l’environnement des lacs et des bassins versants), expert dans les stratégies de lutte au myriophylle à épis, a mené ses premières interventions au lac O’Malley en 2014. La coopérative a fait plus d’une vingtaine d’interventions dans les lacs de la province, mais c’est au lac O’Malley qu’elle a fait ses premières armes.

En 2010, les herbiers de myriophylle à épis couvraient plus de 14 000 mètres carrés de superficie, soit un peu plus d’un hectare sur le lac.

« On a été un des premiers lacs où il y a eu l’installation de toiles de jute. On est venu recouvrir les herbiers avec des toiles pour les empêcher de pousser. De 2014 à 2017, c’était vraiment considéré comme un projet pilote. On a développé le côté opérationnel; comment bien installer les toiles, les méthodes de déploiement… » explique le directeur général du RAPPEL, Jean-François Martel.



Les premiers résultats, en 2017, étaient suffisamment intéressants pour que l’Association pour la protection de l’environnement du lac O’Malley (APELO) investisse de façon plus importante afin de poursuivre le projet.

Des données obtenues par un drone aquatique développé à l'Université Bishop's permet de lutter plus efficacement contre les plantes exotiques envahissantes. Ci-dessus, Jean-Francois Martel,  directeur général du RAPPEL, et Steven Poulin, étudiant à la maîtrise en sciences informatiques à l’Université Bishop’s.

De 2018 à 2022, plus de 11 000 mètres carrés de toile de jute ont été installés dans le plan d’eau. Plus de 300 heures de plongée et de travaux d’arrachage ont été combinées aux techniques de bâchage, en collaboration avec les plongeurs scientifiques de l’Université Bishop’s.

« Ces interventions nous ont permis de réduire de plus de 99 % la population de myriophylle à épis », a indiqué le directeur général du RAPPEL, Jean-François Martel.

Cette avancée technologique permettra de suivre la situation plus efficacement, commente également la présidente de l’APELO, Michèle Lafond.

Malgré cela, on ne peut pas dire que la lutte est gagnée contre cette espèce exotique envahissante, puisque quelques tiges restantes pourraient proliférer et coloniser le plan d’eau. Les plongeurs cherchent ces quelques tiges.

« C’est là que le drone devient un outil pertinent pour nous aider à être plus efficace dans les opérations […] Avec le GPS, nos équipes se dirigent et savent exactement où aller chercher les tiges », note Jean-François Martel en ajoutant qu’il s’agit d’un outil efficace pour la détection précoce.



Le projet a été mené par Steven Poulin, étudiant à la maîtrise en sciences informatiques de l’Université Bishop’s et le Bishop’s Earth Research Group (UBERG).

Le véhicule autonome, précise-t-il, a été conçu afin de ne pas fragmenter les plantes. Au cours de la dernière année, le drone a sillonné des lacs de l’Estrie et de l’Outaouais afin de cartographier des espèces qui ne sont pas encore présentes ici.

Éventuellement, on pourrait aussi s’en servir à d’autres fins, comme pour échantillonner des cyanobactéries, illustre-t-il.

En 2010, les herbiers de myriophylle à épis couvraient plus de 14 000 mètres carrés de superficie, soit un peu plus d’un hectare sur le lac O'Malley. Les interventions menées depuis quelques années ont permis de réduire de plus de 99 % la population de myriophylle à épis.

L’APELO surveille également l’apparition de la moule zébrée, présente dans plusieurs cours d’eau des environs, dont les lacs Memphrémagog et Massawippi.

En collaboration avec la MRC de Memphrémagog et le COGESAF, des collecteurs ont été installés en vue de vérifier la présence de cette espèce tant redoutée.

L’association tente de sensibiliser les citoyens au lavage des embarcations, précise Mme Lafond. Le lac ne compte toutefois pas de station de lavage. Le lac « écologique », où l’on ne trouve pas d’embarcation à moteur, compte un taux de calcium élevé, une caractéristique qui peut favoriser l’apparition de la moule zébrée.

Ce drone aquatique de l'Université Bishop's permet de cartographier les plans d'eau et d'identifier des plantes exotiques envahissantes.