Et l’un des premiers gestes à poser est d’interpeller le Ministère des Transports du Québec (MTQ), selon le docteur Éric Lampron-Goulet, médecin spécialiste en santé publique, afin que celui-ci fasse pression sur le fédéral.
« On s’entend que la règlementation est fédérale. Mais nous, à la Santé publique, on pense que le MTQ doit prendre le leadership en matière de transport. Quand vient le temps de se tourner vers un acteur, on pense que le MTQ est le mieux placé pour agir avec le gouvernement fédéral », a déclaré mercredi le chef du département clinique de santé publique du CIUSSS de l’Estrie - CHUS, devant une centaine de citoyens réunis au Vieux Clocher de Magog à l’initiative des comités de citoyens de Magog, Sherbrooke et Lac-Mégantic.
« Le pouvoir est entre vos mains », a-t-il lancé à quelques reprises.
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Au Québec, une dizaine de ministères sont directement concernés par le transport ferroviaire. D’où l’importance, dit le spécialiste en médecine préventive, de cibler un seul ministère qui puisse servir d’intermédiaire entre les citoyens et Transport Canada.
Études scientifiques à l’appui, le docteur Lampron-Goulet ainsi que le professeur Tony Leroux, de l’Université de Montréal, ont tour à tour décrit les impacts à court et long termes sur la santé des citoyens exposés aux sifflements de train en milieu résidentiel.
« Certaines personnes nous disent que le train ne les réveille pas et qu’elles n’ont pas de problème avec ça. Même si le train ne vous réveille pas, votre corps, lui, enregistre tout ce qui se passe durant son passage », a prévenu le professeur Leroux, en faisant référence non seulement aux bruits, mais aussi aux vibrations que provoque le passage d’un train, même à une certaine distance d’un domicile.
Les deux spécialistes ont rappelé que le transport par train est en plein essor depuis plusieurs années et que l’industrie est appelée à croître au cours des prochaines années. « Les trains sont de plus en plus nombreux et de plus en plus longs », a confirmé le professeur Leroux.
Et qui dit essor dit aussi augmentation des revenus, rappelle le Dr Lampron-Goulet, selon qui les compagnies ferroviaires doivent participer techniquement et financièrement à l’implantation des mesures d’atténuation.
Aux yeux des deux spécialistes, Transport Canada a le devoir de forcer les transporteurs à remettre une partie de leurs bénéfices dans la sécurité des citoyens en milieu urbain. « On pourrait s’en servir pour construire des passages à niveau sécuritaires et des infrastructures qui permettraient d’éliminer l’utilisation des sifflets. »
Pour le professeur Leroux, les municipalités ont aussi un rôle à jouer dans ce dossier, notamment en aménageant leur territoire de façon plus adéquate. « J’ai été témoin d’édifices neufs construits à moins de 30 mètres des voies ferrés. Parfois, le problème, ce n’est pas le CN ou le CP. C’est la municipalité qui a foutu le bordel », a-t-il précisé en préconisant l’aménagement de zone tampon composée d’édifices industriels et commerciaux, séparant la voie ferrée des quartiers résidentiels.
Présent parmi les spécialistes invités, le maire de Saint-Basile-le-Grand et ancien député fédéral, Yves Lessard, a expliqué avoir réussi à éliminer le sifflement du train sur son territoire après s’être entendu avec le Canadien National (CN), il y a quelques années. Des modifications au passage à niveau et un meilleur éclairage ont contribué à améliorer la situation.
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L’exemple de Saint-Basile-le-Grand
« La bataille que vous menez, c’est la bonne bataille, a-t-il lancé aux citoyens présents au Vieux Clocher. Le sifflement des trains la nuit, c’est une agression envers la population. Et après ça, on demande à la population de s’adapter. Il y a quelque chose d’illogique là-dedans. » Il faut, dit-il, repenser le transport ferroviaire de marchandises.
« À l’heure actuelle au Québec, il y a 500 villes où le train passe sans avoir besoin de s’arrêter. Est-ce qu’il a encore un besoin à ce que le train passe dans 500 villes où il n’a pas besoin de s’arrêter? Les voies ferrées devraient servir avant tout à transporter des personnes dans une perspective de développement durable. »
Bien qu’il espérait une plus grande participation citoyenne, Pierre Perras a qualifié la rencontre de succès en termes de qualité d’information obtenue. « On ne pouvait pas espérer avoir un panel d’experts aussi impressionnant », a-t-il déclaré.
« Il nous reste maintenant à demeurer mobilisés et à continuer à faire pression pour qu’on puisse obtenir la quiétude à laquelle on a droit. »
Une douzaine d’élus de Sherbrooke et de Magog ont assisté à la rencontre.