Jusqu’à lundi matin, il était impossible de prendre un rendez-vous pour une prise de sang sur Clic-Santé à Weedon avant la fin août. Le service devait prendre une pause pour l’été dans le Haut-Saint-François, ce que nous confirmait à demi-mot le CIUSSS de l’Estrie-CHUS vendredi. Impossible, à ce moment, d’avoir toute l’information demandée sur les détails de la coupure de service, l’établissement ayant prévu donner une conférence de presse mardi et ne voulant rien révéler d’ici là.
Par courriel, le service des communications a confirmé: « Il y aura effectivement des ajustements d’horaires dans certains centres de prélèvements sur tout le territoire. Toutefois, la population du Haut St-François aura accès à un centre de prélèvement à proximité. » Impossible de savoir ce qu’entendait le CIUSSS de l’Estrie-CHUS par « à proximité » vendredi.
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Des employés contraints de garder le silence
« Je connais des employés du CLSC de Weedon qui m’ont confirmé qu’il faudrait aller à Val-des-Sources, Thetford Mines ou Sherbrooke pour avoir des prises de sang cet été, mais ils se sont fait avertir de se taire. S’ils parlent, ils peuvent perdre leur emploi », confirment plusieurs personnes présentes devant l’hôtel de ville lundi matin.
Ces personnes sont nombreuses, mais souhaitent protéger les employés en question, elles ne veulent donc pas être citées.
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Une mobilisation qui porte fruit
Le maire de Weedon, Eugène Gagné, a promis de porter la cause dans la sphère politique. Le CIUSSS a été informé qu’une mobilisation prenait place. Lundi matin, les choses avaient bougé et la perspective d’un service maintenu pendant l’été, de l’ordre de 50 % selon les informations qu’a obtenues le maire, était accueillie avec joie.
Des places étaient également disponibles pour prendre rendez-vous sur Clic-Santé.
Celui-ci a pu annoncer à la centaine de personnes présentes l’ouverture de places pour la prise de rendez-vous cet été. Les citoyens, tout sourire, ont salué son implication.
« J’ai rencontré des employés du CIUSSS, je leur ai dit que je n’étais pas content et que ça allait brasser. C’est malhonnête, qu’ils annoncent clairement leurs intentions. À Weedon, on a une population vieillissante. On est loin des autres grands centres. On n’allait pas se laisser faire », ajoute M. Gagné.
Selon les citoyens présents, les employés étaient avisés depuis mai de la coupe de service en été. « C’est définitivement à cause de la pression que les médias et les élus ont faite que ça a bougé », croit le maire.
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« 23 000 personnes dans le Haut-Saint-François sans prises de sang, ça n’a pas de bon sens. Weedon, on va se lever comme on l’a déjà fait en 2013. Le CLSC est ici pour rester et si on pense nous l’enlever, il va faire chaud. La population se tient, elle augmente, elle paie des impôts. C’est un service de proximité essentiel. Je suis fâché, parce que les instances du CIUSSS ne sont pas transparentes. Annoncez vos couleurs. On peut comprendre qu’on doive fonctionner à effectifs réduits, mais couper des services, non. Ici, à Weedon, il y a 400 prises de sang par mois. », ajoute le maire.
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Prêts à se battre
Les citoyens sur place lundi étaient prêts à se battre pour le maintien des services de leur CLSC. Renée Montgrain est l’une d’eux. « Je ne peux pas aller à mes rendez-vous sans mon conjoint. Il doit quitter son travail pour venir avec moi. Alors c’est important pour moi d’avoir des services à Weedon. »
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Françoise Labonté croit que « le service doit être conservé, on est loin. Pourquoi ne pas nous réunir à plusieurs municipalités, s’il le faut, pour donner le service? Ça ne fait pas de sens de devoir faire 45 minutes de route, et il y aura toujours des gens malades, des gens peu déplaçables. »
Pauline Denis-Fontaine connait le portrait de la population et elle ne conçoit pas comment il serait possible de fonctionner sans ce service de proximité. « On est une population vieillissante, plusieurs n’ont pas d’auto, ce serait très compliqué d’aller à l’extérieur. »
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Martine Primeau en a lourd sur le coeur quand il est question de couper des services. « Je représente le Centre d’action bénévole, qui s’occupe du transport des gens. Les gens vont devoir nous appeler pour avoir du transport à Sherbrooke. Parfois, les gens vont devoir payer 50 sous du kilomètre, ce qui est ridicule. On fait déjà du transport, mais on ne peut pas en faire trois fois plus. » Déjà, elle doit régulièrement assister la population dans la prise de rendez-vous en ligne ou au téléphone. Elle se voit mal porter la situation à bout de bras.
Claude-Gilles Gagné s’est pointé à l’hôtel de ville avec une pétition lancée durant le weekend, comportant plus d’une soixantaine de signatures. « On donne le mandat au maire de faire les pressions nécessaires pour que le service ne nous soit pas enlevé. » Le maire était heureux de pouvoir lui annoncer les avancements. « Je travaille déjà sur le dossier depuis deux semaines, et on a gagné notre bataille. Les employés du CLSC ont reçu une note disant que 50 % du service serait maintenu. Mais ce qui me fâche, c’est que le personnel du CIUSSS n’est pas transparent, ils essaient de nous passer ça par en arrière. Heureusement que les gens sont mobilisés et réveillés. »
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Jean-Denis Roy affirme que depuis Sherbrooke, il est impossible de connaitre l’importance des services de proximité en région éloignée, et qu’il est fatigué de toujours devoir argumenter sur le sujet. « On est toujours en train de se battre pour ne pas perdre ce qu’on a.»
Lucienne Gravel a mené de front le combat pour le maintien du CLSC en 2013. Elle était présente lundi matin à Weedon. « On a toujours réagi et on réagit encore. Ça commence à être gênant d’enlever des services à des gens qui réagissent. Qu’on cesse de nous enlever des services miette par miette, ici, ça ne passe pas. »
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