Une longue nuit d’angoisse à Stoke

Les citoyens de Stoke ont été tenus en haleine dans la nuit de mercredi à jeudi, après qu'une alerte de menace imminente ait été lancée.

Les Stokois ont poussé un grand soupir de soulagement jeudi matin quand la vie a repris son cours après une nuit confinée dans leur résidence à craindre la présence d’un homme armé et potentiellement dangereux dans le secteur.


Franklyne Prévost habite sur le 5e Rang, tout près de l’érablière où l’homme recherché avait été aperçu mercredi après-midi. Elle a vécu une nuit de terreur. Toute la soirée et toute la nuit, elle a vu les véhicules des policiers circuler.

« Ç'a été très long avant que je m’endorme. On s’est barricadées, ma copine et moi. On a éteint les lumières, fermé les fenêtres, j’ai mis le frigo devant la porte. Un homme de cette carrure-là, d’un coup d’épaule, il pourrait entrer. La fameuse cabane à sucre est au bout du rang et la piste de VTT passe juste en arrière. J’entendais les ratons laveurs dehors, j’ai eu vraiment, vraiment peur. J’avais tout fermé, il faisait chaud.



Quand j’ai regardé les nouvelles ce matin et que j’ai vu qu’ils l’avaient attrapé, je me suis sentie délivrée. Ma copine se sentait en sécurité pour sortir dans la cour et aller travailler. »

L’événement était également sur toutes les lèvres au dépanneur Au coin du 4 jeudi matin. Aux pompes à essence, les citoyens étaient bavards.

Bertrand Gosselin a verrouillé toutes ses portes.

Bertrand Gosselin a appris qu’il y avait une alerte par sa soeur.

« Je n’ai pas de cellulaire, je suis un ordinosaure. Elle savait que j’ai tendance à laisser mes portes débarrées, alors elle m’a averti dès qu’elle a su qu’il y avait une alerte. Elle m’a dit qu’un homme armé dangereux circulait à Stoke. Ça saisit, on n’est pas habitués à ça à Stoke. J’ai barré ma porte patio et j’ai appelé mon fils pour lui dire de barrer ses portes aussi. J’étais stressé, on ne sait jamais... J’ai même fermé mon garage, parce que je m’inquiétais pour mon fils et ma compagne. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Mais je relativisais en me disant que Stoke, c’est grand, il pouvait être partout. »



Carmen Gagné est soulagée que l'homme recherché soit pris en charge.

Carmen Gagné habite non loin du secteur où s’est déroulée la recherche de l’homme armé. « Quand j’ai entendu ça, j’ai eu un choc. J’ai verrouillé les portes. J’analysais tout dans ma tête. Mon mari m’a dit de me calmer et de respecter ce qu’on nous demandait, on a éteint les lumières et baissé les toiles. Ça s’est bien passé. Ce matin, quand je me suis levée, je me suis dit ah, je suis en vie. J’étais contente », partage-t-elle.

Audrey Girouard n'a appris la nouvelle que le lendemain, une fois l'alerte de menace imminente levée.

Ce n’est qu’au matin qu’Audrey Girouard a appris qu’il y avait eu une intervention majeure dans sa localité. « Je n’en ai pas eu connaissance, mais une chance, sinon j’aurais eu peur et je n’aurais pas dormi », confie-t-elle.

Selon la Sûreté du Québec, il fallait confirmer plusieurs détails avant d'alerter les citoyens de Stoke et des environs.

Pas si simple de lancer une alerte

Plusieurs citoyens de Stoke se questionnaient sur le délai entre le début des recherches de l’homme en après-midi et l’envoi de l’alerte aux citoyens à 21 h 30. « Pourquoi, si l’homme a été aperçu à 15 h, l’alerte n’a été lancée qu’à 21 h 30? Ça aurait pu être grave », interroge entre autres Franklyne Prévost.

L’agent de la Sûreté du Québec Louis-Philippe Ruel explique qu’il faut au moins un début d’enquête afin d’établir la sévérité d’une menace.

« Il faut valider plusieurs critères avant de lancer une alerte de menace imminente. Il faut évaluer l’urgence, le risque et la sévérité. Il y a un volet d’absence de contrôle de la menace et un volet de confirmation », dit-il.

« À partir du moment où ces critères ont tous été rencontrés, on a envoyé le courriel. Il faut préciser qu’on était en milieu boisé, et une personne avec une arme de chasse, ça peut arriver. Au départ, on ne savait pas qu’il s’agissait de l’homme de 43 ans de Val-des-Sources qui présentait des problèmes de santé pouvant avoir un impact sur l’évaluation de la menace. C’est donc à la suite de l’enquête et des démarches policières entreprises qu’on a évalué qu’on pouvait lancer une alerte. »