Malgré les modifications apportées récemment à la Loi sur la santé et la sécurité au travail, les conditions de travail des travailleurs migrants ne se sont guère améliorées, soutient Michel Pilon, du Réseau d’aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec (RATTMAQ).
Au contraire, dit-il: les quarts de travail sans pause, les refus d’accorder des congés, des conditions d’hébergement insalubres, la confiscation du passeport et l’isolement sont encore monnaie courante dans plusieurs domaines.
À ces conditions de travail difficiles s’ajoutent celles des blessures et des accidents de travail non déclarés, des cancers liés à l’utilisation des pesticides, la peur et la menace du rapatriement en cas de plaintes.
Les cas rapportés récemment en Estrie au Havana Club ainsi que chez BRP ne seraient que « la pointe de l’iceberg », va jusqu’à dire Michel Pilon, selon qui 80 % des cas de mauvais traitements ne se rendent pas jusqu’au Tribunal administratif du travail (TAT) pour diverses raisons, dont celle de la peur de représailles.
Des nombreux cas d’abus, de violence, de viol, de mauvais traitement, de harcèlement, de préjugés, de discrimination, de disparité de traitement sont toujours le lot de nombreux migrants, estime la coalition qui compare leur situation à « de l’esclavagisme moderne. »
Manon Brunelle, d’Illusion emploi Estrie, soutient que le phénomène de la migration économique a connu une expansion vertigineuse depuis la création des premiers programmes du gouvernement fédéral.
« La migration temporaire ne cesse d’augmenter, a-t-elle ajouté lors d’un point de presse tenu mardi par Solidarité populaire Estrie. À un point tel, qu’aujourd’hui « la migration temporaire dépasse de trois fois la résidence permanente. Les gouvernements favorisent principalement les personnes qui viennent travailler ici dans le but de résorber la pénurie de main-d’œuvre.»
Le « rêve américain »
Elle reproche en outre aux agences de placements de « vendre le rêve américain » aux travailleurs migrants alors que la réalité qui les attend est toute autre.
Une fois embauchés, trop de travailleurs ne sont pas adéquatement informés de leurs droit en ce qui concerne la santé et la sécurité au travail, déplore de son côté le Comité des travailleuses et travailleurs accidentés de l’Estrie, qui rappelle qu’il s’agit d’une responsabilité de l’employeur en vertu de la loi.
« Ce sont les employeurs qui paient en totalité le fonctionnement de la CNESST, précise le coordonnateur Patrick Morin. Les employeurs font énormément de pression sur la CNESST pour que les dossiers soient annulés, refusés ou limités au niveau des soins, surtout lorsqu’on parle de travailleurs blessés. »
Les quatre organismes réclament que le gouvernement agisse afin que ces travailleurs puissent bénéficier de tous les services pour lesquels ils paient des taxes et des impôts.
Outre le RATTMAQ, la coalition est composée d’Illusion Emploi Estrie, Actions interculturelles de l’Estrie et du Comité des travailleuses et travailleurs accidentés de l’Estrie.