Le Plan nature est l’outil de planification sur lequel Sherbrooke s’appuie pour préserver ses milieux naturels, plus particulièrement ses boisés, de même que ses milieux hydriques et humides. Il a été présenté aux élus sherbrookois lors du comité plénier, mardi, pour une adoption au conseil municipal en soirée.
Ce plan est né des exigences des plans régionaux des milieux hydriques et humides (PRMHH) exigés par Québec. Sherbrooke a ajouté le volet des milieux boisés en cours de route; la démarche a été lancée en 2020. Il devait être adopté initialement l’année dernière. Il s’agit d’un jalon du plan d’urbanisme.
Actuellement, 53 % du territoire sherbrookois est situé en milieu naturel. « Pour les besoins de développement, on va diminuer jusqu’à 8 % [NDLR : le seuil de protection du territoire] », a précisé la mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin, lorsqu’interrogée sur cet écart.
« Aller en bas de ça [45 %], ce n’est pas recommandé par la science et c’est contraire à ce qui est demandé par le gouvernement », a-t-elle fait valoir.
Les objectifs du plan prévoient la conservation de 93 % de l’ensemble des milieux humides, 83 % de l’ensemble des boisés et 100 % des milieux hydriques encore à l’état naturel.
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Entre 2007 et 2020, 116 hectares ont été perturbés ou détruits en sol sherbrookois. En outre, 972 hectares de milieux boisés ont été perdus entre 2002 et 2018.
Parallèlement au Plan nature, Sherbrooke doit adopter un projet de règlement modifiant le schéma d’aménagement. De plus, un règlement de contrôle intérimaire (RCI) doit être adopté.
Les projets déjà approuvés pourront se poursuivre. Une trentaine de projets, dont la construction de nouvelles rues, a déjà obtenu l’aval de la Ville, dans des milieux humides, hydriques et boisés.
Le RCI, précise la Ville de Sherbrooke, vise uniquement les milieux humides et boisés d’intérêt pour la conservation identifiés dans le Plan nature. Certains usages demeurent autorisés dans les milieux boisés visés, comme l’abattage d’arbres pour agrandir un bâtiment existant ou la construction de bâtiments accessoires ou encore l’abattage d’arbres pour la construction d’un nouveau bâtiment principal sur une rue existante.
Les projets en « analyse avancée » pourraient également être acceptés, en fonction de différents critères établis par la Ville. L’étude cessera pour les projets dont l’analyse n’est pas assez avancée.
Le règlement de contrôle intérimaire (RCI) pourrait être en place deux ans, jusqu’à ce que les règlements d’urbanisme soient harmonisés avec le Plan nature. Le règlement de contrôle intérimaire (RCI) permet de limiter la destruction de milieux humides et des boisés d’intérêt pendant le processus d’ajustement réglementaire.
« On parle de développer autrement, de développer en lien avec les milieux naturels d’intérêt », a commenté la mairesse Évelyne Beaudin, en rappelant la possibilité de poursuivre le développement notamment en misant sur la densification.
Il s’agit d’une grande journée, a-t-elle fait valoir.
Le boisé Ascot-Lennox, pour lequel une association citoyenne a été formée en vue de protéger ce boisé, a été identifié comme « noyau de conservation », mais les frontières exactes restent à définir. Le parc du Mont-Bellevue a également été identifié comme l’un des 28 « noyaux de conservation » du territoire sherbrookois.
Claude Cinq-Mars, du Regroupement Bois Beckett et de l’Association citoyenne des espaces verts de Sherbrooke (ACEVS), a salué l’adoption du plan, tout en rappelant que la clé résidera dans la façon de le mettre en application.
Une séance d’information sur le Plan nature aura lieu le 13 juin, à 19 h, à l’hôtel Delta, de même qu’en ligne.
D’autres étapes viendront également au cours de l’automne. Ce plan, porté par le Bureau de l’environnement de la Ville de Sherbrooke, doit être déposé d’ici le 16 juin au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP).
Une carte interactive du Plan pourra être consultée afin de connaître les milieux protégés par le Plan nature.