Près d’un immeuble sur trois à l’Université de Sherbrooke est jugé en mauvais ou en très mauvais état par le ministère de l’Enseignement supérieur (MES). C’est ce que révèlent les plans annuels de gestion des investissements publics en infrastructure (PAGI) 2023-2024 déposés en mars 2023.
Les immeubles des cégeps de la province ont en moyenne 48 ans comparativement à 55 ans pour les universités. Ces bâtiments sont ceux reconnus aux fins de financement par le MES.
Par le biais d’une demande d’accès à l’information, La Tribune a obtenu les indices physiques de vétusté et les indices d’état de chaque immeuble sur les différents campus estriens.
À l’UdeS, certaines sections de la Faculté des lettres et sciences humaines ont un indice d’état équivalent à E (très mauvais). Cet immeuble n’est pas le seul à recevoir cette cote alors que le pavillon A7, le pavillon Georges-Cabana, la centrale d’énergie, un des pavillons de sciences chimie, les résidences étudiantes et la Maison Nazareth (La Fondation de l’UdeS) sont en très mauvais état.
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Les passerelles entre les pavillons A7 et A2, A7 et A6, D1 et D2 ainsi que D5 et D3 reçoivent également la note E.
Le pavillon A1, la bibliothèque Roger-Maltais, des pavillons reliés aux sciences (sciences chimie, sciences, sciences mathématiques-informatique et l’animalerie conventionnelle), le pavillon E5, une partie du pavillon John.-S Bourque, le centre sportif du Campus de la santé et le centre de gestion des matières dangereuses obtiennent la cote D selon les données du MES.
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Bien que plusieurs immeubles ou infrastructures considérés en mauvais ou en très mauvais état sont majoritairement reliés de près ou de loin à l’éducation, aux sciences humaines et aux sciences, la directrice générale du Service des immeubles de l’Université de Sherbrooke, Chantal Couture, assure que ces domaines n’ont pas été négligés. « Les pavillons n’ont pas été délaissés. Un gros essor en recherche à l’Université a peut-être fait en sorte que certains projets ont émergé avant. Les pavillons en sciences humaines et en éducation sont à l’étude présentement. On va les faire ces travaux dans les prochaines années. C’est juste qu’on a priorisé le A5. Ils se font successivement. Chaque fois qu’on intervient, il faut penser à l’offre de services et aux cours. On ne pourrait pas tous les attaquer en même temps. »
Le pavillon D2 (sciences) sera lui aussi modernisé alors qu’un projet est présentement à l’étape des plans et devis, indique Chantal Couture.
Pour 2023-2024, la Faculté des lettres et sciences humaines a reçu une enveloppe de 57 000$ pour le réaménagement des espaces académiques et administratifs. Le montant s’élève à 41 000$ pour la Faculté d’éducation et à 146 000$ pour la Faculté des sciences. Ces budgets d’investissement s’inscrivent dans le Plan directeur immobilier de l’UdeS.
L’accès au financement peut également influencer certains projets. « Présentement, on est en train de travailler sur la reconstruction du pavillon A5. Grosso modo, on identifie un projet ou un pavillon majeur sur lequel on s’attaque. On fait les travaux. On va faire le tour des bâtiments qui ont été construits dans les années 50 un après l’autre », explique Mme Couture.
La modernisation des résidences étudiantes est une des priorités de l’UdeS. Cependant, l’accès au financement est difficile puisqu’il s’agit d’un service qui doit être autofinancé, précise Mme Couture. « Il n’y a pas d’injections pour le maintien des résidences. »
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Des immeubles en bon état malgré tout
L’indice de vétusté physique des installations de l’UdeS s’élève à 10,8% selon les données transmises dans le budget 2023-2024 de l’établissement d’enseignement supérieur. Selon le Conseil du Trésor, un parc immobilier en mauvais état survient lorsque l’indice de vétusté est supérieur à 15%.
« Pour le ministère de l’Enseignement supérieur, on est vraiment un bon élève par rapport à ça. On est sous la cote du 15%, ce qui est jugé satisfaisant. Autant on a des défis, mais globalement, ça va assez bien », soutient Chantal Couture.
Sur un total de 77 bâtiments à l’UdeS, notons que 53 appartiennent aux catégories A, B ou C en concernant l’indice d’état des immeubles.
Chantal Couture mentionne qu’un programme d’inspection et d’entretien préventif et correctif aide l’UdeS à assurer le bon fonctionnement des différents systèmes. Des programmes d’inspection et de priorisation sont réalisés chaque année afin d’identifier les projets majeurs. Dans les dernières années, l’UdeS a procédé à la modernisation complète du pavillon de la vie étudiante.
Situation au Cégep de Sherbrooke
Le Cégep de Sherbrooke se trouve aussi dans une situation où plusieurs travaux devront être réalisés dans les prochaines années. La cheminée prise d’air du pavillon 3 est jugée comme étant en très mauvais état. Le garage et la serre du pavillon 2 sont en mauvais état tout comme diverses composantes des pavillons 1-3-4-5-6 et du Centre productique. Notons que les composantes correspondent à des agrandissements qui ont été effectués au fil des années. Certaines composantes jugées désuètes datent de 1962, 1956 et même 1939.
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Les résidences du pavillon 6 ont un indice d’état équivalent à D selon le ministère. La directrice des ressources matérielles et financières du Cégep de Sherbrooke, Manon Desaulniers précise que différents travaux ont été réalisés dans les dernières années, dont la réfection des façades du bâtiment, l’installation de gicleurs sur tous les étages et la rénovation de cuisines et de salons. Dans les prochaines années, la tuyauterie de drainage dans l’ensemble du bâtiment devra être remplacée, indique-t-elle.
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La réfection de la toiture du pavillon 1 ainsi que le remplacement de plusieurs systèmes de ventilation sont dans les priorités du Cégep de Sherbrooke. « Nos bâtiments ont dépassé pour plusieurs 50 ans. Les systèmes qui ont été installés à l’origine sont rendus à la fin de leur vie utile. »
Une situation similaire à travers la province
Cette situation n’est pas unique à la région. 54% du parc d’infrastructures collégiales est en mauvais ou en très mauvais état. D’ici 2025-2026, le MES a comme mission « d’augmenter à 70% la proportion des immeubles et des équipements en bon état ».
Du côté des universités, 24% du parc d’infrastructures est en mauvais état et 19% en très mauvais état. C’est à 75% que le MES souhaite augmenter la proportion des immeubles et des équipements en bon état dans les universités d’ici 2025-2026. « La majorité des infrastructures les plus vétustes sont des bâtiments qui ont été construits avant 1980 et qui sont âgés de plus de 50 ans », peut-on lire dans le PAGI 2023-2024.
L’Université Bishop’s compte quant à elle 25 immeubles, selon le MES. De ce nombre, neuf sont en mauvais ou en très mauvais état dont le théâtre Centennial et le Dewhurst Dining Hall. Le campus de Lennoxville du Collège régional Champlain compte un immeuble en mauvais état soit les résidences St-Laurent situées sur la rue Winder.
Manque de financement
Manon Desaulniers estime que le financement provenant du gouvernement est nettement insuffisant pour réaliser tous les travaux qui seraient nécessaires. C’est en fonction des allocations octroyées par le MES que les cégeps peuvent réaliser des projets de diverse envergure, explique-t-elle. « L’enjeu est d’arrimer les sommes qui sont disponibles avec l’ensemble des travaux qui sont à réaliser. »
Généralement, les sommes allouées au Cégep de Sherbrooke s’élèvent entre 4,5M$ et 5M$ par année. En revanche, ce sont un peu plus de 3M$ qui ont été remis au cégep en vue de l’année 2023-2024, précise la directrice des ressources matérielles et financières.
« Ce sera beaucoup plus difficile de réaliser l’ensemble des travaux [...] C’est près de 33% de notre enveloppe qu’on recevra de moins. »
— Manon Desaulniers
En raison de la baisse du financement gouvernemental, Manon Desaulniers croit que le déficit de maintien des actifs ne fera qu’augmenter.
Pour Mme Desaulniers, les établissements d’enseignement supérieur devraient être informés minimalement cinq ans à l’avance du montant minimum des allocations qu’ils pourraient recevoir annuellement afin de bien planifier les différents projets. « Quand on ne sait pas combien on recevra à l’avance, ça devient très difficile de planifier nos travaux adéquatement et de les réaliser dans la courte période d’été. »
Hausse des coûts
Mmes Couture et Desaulniers évoquent que la hausse des coûts des matériaux de construction a eu un impact direct sur les différents projets. « Avec le même argent, on en fait moins », note la directrice des ressources matérielles et financières du Cégep de Sherbrooke.
En raison de l’augmentation des coûts et de la baisse du financement gouvernementale, certains projets devront être priorisés.
Les difficultés d’approvisionnement donnent également du fil à retordre à l’UdeS.