Dans le cadre de sa préparation, la jeune Saint-Denisienne mise sur des entraînements plus spécifiques liés aux trois disciplines qui lui permettront d’atteindre son but final : vélo, marche, bateau. « Chaque jour, je fais une activité à l’extérieur. » La jeune femme de bientôt 23 ans roulera jusqu’au pied du mont Albert en Gaspésie et poursuivra sa route à la marche jusqu’à Forillon, où elle prendra le large pour atteindre l’archipel.
Au début mai, elle s’est entraînée à chavirer sur le lac Brompton avec sa mentore, Mylène Paquette. Cette dernière a traversé l’Atlantique Nord à la rame, en 2013. Elle a ensuite raconté son exploit en solitaire dans son livre Dépasser l’horizon. Elle s’est rendue au lac Brompton à plusieurs reprises pour préparer l’expédition avec Anabelle.
« On attendait cette fin de semaine-là avec impatience. On voulait valider que le bateau était auto-redressable, mais aussi avoir le feeling, voir moi-même comment ça se passe en cas de chavirage… » raconte Anabelle au bout du fil. Le groupe constitué entre autres de son père et de ses amis a installé un système de cordes pour réaliser l’exercice.
« Certains tiraient d’un côté, d’autres de l’autre pour faire chavirer le bateau. On l’a fait une fois sans personne dans le bateau, sans qu’il y ait de l’équipement. Ça devait prendre huit secondes pour que le bateau revienne sur lui-même. En faisant ce test-là, on a vraiment eu peur Mylène et moi parce que le bateau ne revenait pas. Je me disais : oh mon Dieu, est-ce que j’ai acheté un bateau pas redressable? C’était quand même stressant. »
En discutant, le groupe a compris que l’absence de poids expliquait cette difficulté. À la deuxième tentative, en corrigeant la situation, il a pu constater que le bateau était en mesure de se redresser. « Ça a vraiment été rassurant. Je l’ai fait deux fois à l’intérieur de la cabine et ça fonctionne; c’est vraiment huit secondes avant que le bateau ne revienne sur lui-même. » De quoi la rassurer en vue de sa navigation.
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Au moment de l’entrevue jeudi, la jeune femme prévoyait s’exercer à ancrer le bateau, question d’être en mesure de pouvoir le faire lorsqu’elle dormira quelque part dans le golfe du Saint-Laurent.
Pour Anabelle, il s’agit de la portion la plus technique de l’aventure. Elle souhaitait absolument terminer ce parcours aux Îles. « J’ai fait ce trajet-là je ne sais pas combien de fois pour me rendre jusqu’aux Îles. Toute la famille du côté de ma mère vit là-bas. C’est super significatif pour moi de refaire ce trajet-là autrement, de partir de mon premier chez moi jusqu’à mon deuxième chez moi, aux Îles », raconte celle qui y va chaque année en famille et qui le voit comme « un retour aux sources ».
« L’idée, c’était vraiment de faire le trajet en autonomie. »
L’étudiante de l’Université de Sherbrooke a terminé sa session récemment et se consacre entièrement à son entraînement et à la préparation de l’aventure.
À quoi ressembleront les prochaines semaines? « Ce qui s’en vient, ce sont beaucoup de conférences », indique celle qui se rendra en Gaspésie à la fin du mois de mai afin de rencontrer des élèves dans des écoles.
La présentation de telles conférences faisait partie de sa campagne de financement, mais la demande est aussi venue au fur et à mesure que l’on entendait parler du projet. « Je ne m’attendais pas qu’il y ait un engouement comme ça… » Plus qu’un exploit sportif, le projet vise à susciter une réflexion sur la diversité corporelle dans la pratique du plein air. Elle reprendra ses entraînements au retour de la Gaspésie.
« Il reste beaucoup de logistique en lien avec le bateau : faire l’achat de certains équipements, s’assurer que tout fonctionne au niveau du téléphone satellite, des balises de détresse. Il y a beaucoup d’étapes à franchir, une chance que je peux compter sur l’aide de mon père… »
Anabelle entreprendra son périple le 18 juin à partir de la boutique Qui Roule, à Sherbrooke. Les gens seront invités à aller rouler une portion du trajet avec elle.
L’arrivée est prévue dans l’archipel aux alentours du 8 août, à l’Étang-du-Nord. L’équipe visait d’abord une arrivée à La Grave, mais la dangerosité de l’endroit l’a convaincue de changer d’itinéraire. « Je devrais contourner l’ensemble des Îles qu’on appelle le Bout du Banc. Entre le Bout du Banc et l’île d’Entrée, ce n’est pas facile pour la navigation, il y a vraiment des vents contraires… Ce n’est pas facile quand on n’a pas de moteur de se diriger là-dedans. »
Une activité de pré-lancement aura également lieu le 24 mai au Siboire Dépôt, entre autres en présence des partenaires.