« Le ministre de l’Éducation devrait se salir les mains »

Richard Bergevin, président du Syndicat de l’enseignement de l’Estrie, a réagi aux fuites de la réforme du ministre Bernard Drainville.

« Ce que nous voyons, c’est un ministre de l’Éducation qui tente de changer les essuie-glaces de la voiture alors que c’est le moteur qui va mal. M. Drainville devrait ouvrir le moteur et se salir les mains pour s’attaquer à ce qui va le plus mal. »


C’est ainsi que le président du Syndicat de l’enseignement de l’Estrie (SEE), Richard Bergevin, a conclu l’entretien accordé à La Tribune en vue du dévoilement jeudi de l’attendue réforme du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville.

« Il ne faut pas que les décisions soient toujours prises trop loin des élèves. Les décisions les plus importantes doivent être prises par les personnes qui se trouvent le plus près des élèves, donc des enseignants et ensuite la direction des écoles », commente-t-il.



« Nous constatons que le ministre veut éloigner la prise de décision des élèves. Donnez-nous les moyens et laissez-nous travailler! »

Bernard Drainville, ministre de l'Éducation

Par exemple, poursuit M. Bergevin, il est urgent qu’on offre de la formation aux enseignants en place qui en auraient besoin. En raison de la pénurie de main-d’œuvre, on doit engager des gens qui n’ont pas reçu toute la formation requise.

« Le problème actuel c’est la pénurie d’enseignants. Il y a eu plusieurs départs à la retraite », analyse-t-il.

« Le ministre doit penser à ceux qui sont là et qui sont souvent épuisés dans ce contexte. »



Richard Bergevin était invité à commenter des fuites dans certains médias des bribes de la réforme Drainville.

Contrôle

Dans un texte paru mercredi dans La Presse de Montréal, on apprenait que le ministre prévoit la nomination par lui-même des directeurs généraux des centres de services scolaires et que ceux-ci lui rendront des comptes; par le fait même, les pouvoirs des conseils d’administration des centres de services scolaires seront diminués; il y aura collecte de données sur la performance du réseau scolaire et la création d’un institut national d’excellence en éducation.

Bernard Drainville se donne énormément de pouvoir, déplore le syndicaliste. « Il aura plus de contrôle sur les centres de services scolaires. Il pourra congédier lui-même les directeurs généraux », fait-il remarquer en se fiant aux fuites rapportées.

« Est-ce qu’on veut des robots ou des personnes qui prennent des décisions en fonction de ce qui se passe sur le terrain? Ce n’est pas une bonne décision. »

Dans le même souffle, il se dit en accord avec l’idée de collecter les meilleures initiatives mises de l’avant dans le réseau scolaire pour ensuite les communiquer aux membres du corps professoral. Toutefois, on ne doit pas imposer les méthodes ni les uniformiser, prévient le président du SEE.

« Chaque milieu est différent. Les choix doivent être faits par les enseignants », dit-il.

« Ils doivent demeurer autonomes pour pouvoir répondre aux particularités de leurs élèves. »