Un grand rassemblement pour la Journée de la Terre à Sherbrooke [VIDÉO]

Quelques centaines de personnes ont pris la rue d'assaut samedi à Sherbrooke pour le Jour de la Terre.

Le Jour de la Terre aura été l’occasion pour quelques centaines de Sherbrookois de prendre la rue et de réclamer plus d’action des gouvernements à l’égard de l’état du climat. Selon eux, l’humanité doit entreprendre dès maintenant une transition écologique juste pour assurer un avenir viable.


Environ 400 personnes ont profité du chaud samedi d’avril pour défiler dès 14h dans les rues de l’est de Sherbrooke, suivant un court itinéraire partant du parc Victoria jusqu’à l’entrée du pont Saint-François, où un rassemblement festif s’est tenu pour le reste de l’après-midi.

Si l’ambiance était bel et bien à la fête, les discours et les messages véhiculés par les participants et les organisateurs trahissaient une certaine impatience devant ce qui est perçu comme étant une indifférence des décideurs et des grandes industries par rapport à l’urgence climatique.

« En ce jour de la Terre, on réalise que c’est à nous de faire un choix. Pendant que le gouvernement ne fait rien et que les multinationales continuent de polluer, on doit choisir entre continuer de subir ou bien agir », a lancé devant la foule le coordonnateur de la TROVEP-Estrie et membre du Comité unitaire estrien pour l’environnement (CUEE), qui organisait l’événement, Gabriel Grégoire-Mailhot.

Les actions qu’évoque M. Grégoire-Mailhot sont regroupées dans les revendications du CUEE. Le co-coordonnateur de Solidarité populaire Estrie, Pascal Florant, explique que celles-ci se résument à abolir l’exploitation des énergies fossiles d’ici 2030, taxer « massivement » les très riches pour garantir un réinvestissement accru dans les services publics et les programmes sociaux et entamer une transition juste pour les travailleurs.

L'abandon de l'exploitation des énergies fossiles est souhaité par les manifestants.

« Ce que ça veut dire, c’est qu’il faut que les travailleurs et travailleuses des industries qui seront touchées par la transition, par exemple dans les mines ou les industries pétrolières, soient accompagnés vers d’autres domaines où ils pourront travailler pour que l’on ne se prive pas de leur expertise », a résumé M. Florant.

« Cela peut passer, a pour sa part estimé le secrétaire général du Conseil central des syndicats nationaux de l’Estrie - CSN Steve McKay, par des structures et des programmes qui permettraient une requalification des travailleurs. »

M. McKay a par ailleurs jugé que la majeure partie de la pollution est causée par les grandes entreprises et les industries, ce qui fait en sorte que les travailleurs seront inévitablement impactés par une éventuelle transition.

Par la voix de Laurianne Huard, une membre de l’organisation, la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social de l’UdeS a également partagé quelques revendications, dont un réseau de transport en commun plus complet et gratuit ainsi que l’autonomie alimentaire du Québec.

Festif, mais...

Pour Gabriel Grégoire-Mailhot, il importait d’organiser un rassemblement « familial » et festif. Plusieurs enfants et familles étaient d’ailleurs sur place.

« Il y a de plus en plus de gens interpellés par l’urgence climatique, mais qui ne savent pas nécessairement où commencer pour s’impliquer et agir. On veut leur donner la chance d’avoir ce rassemblement-là pour ce faire », a-t-il dit, ajoutant que le rassemblement festif à l’entrée du pont Saint-François avait pour but de laisser les gens échanger entre eux et apprendre comment s’impliquer.

Si Pascal Florant est d’avis que le caractère festif du rassemblement aide à faire en sorte que « le message passe mieux », il indique que la solution pour se faire réellement entendre passera, selon lui, par une escalade de moyens de pression.

« D’après les derniers chiffres du GIEC, il nous reste deux ans pour agir et plafonner nos émissions de GES. Avec un effort collectif, on peut y arriver. Si on regarde l’historique des mouvements sociaux au Québec, je suis optimiste qu’on peut le faire, mais il faudra augmenter la pression », a-t-il évoqué.

Des enfants et des familles étaient présents.

Rencontré sur place, le maire suppléant de Sherbrooke, Raïs Kibonge, a souligné que les accusations de lenteur auxquelles fait face la classe politique à tous les paliers sont compréhensibles.

« On pourrait en faire plus, mais on part avec beaucoup de retard. On comprend les critiques, mais on a comme mission de faciliter la transition et on va y arriver. On doit seulement faire le rattrapage nécessaire avant », a indiqué M. Kibonge.

Il a ajouté que des rassemblements comme celui-ci permettaient à l’administration municipale de « rester connectée » aux besoins et demandes de la communauté. Il était d’ailleurs accompagné d’élues municipales de toutes allégeances, soit Laure Letarte-Lavoie (Hôtel-Dieu, Sherbrooke citoyen), Christelle Lefèvre (Saint-Élie, indépendante) et Catherine Boileau (Brompton, Sherbrooke citoyen). La députée provinciale de Sherbrooke, Christine Labrie, était aussi présente.

Une fois le rassemblement terminé à 17h, les participants étaient invités à se rendre à la Maison du cinéma pour visionner le film Une fois que tu sais et nourrir une discussion sur le thème du militantisme pour la justice climatique et sociale.

Visionnez notre reportage vidéo sur le sujet, juste ici! (Journaliste et monteuse : Mòrag Bélisle | Vidéaste : Maxime Picard)