Le Québec compte environ 4,3 millions de foyers. De ceux-ci, environ deux millions sont encore branchés à l’aide de fils de cuivre. Cette technologie convient « pour le moment » selon Gilles Bélanger, qui estime qu’elle devra toutefois assurément être remplacée d’ici 2030 par de la fibre optique. Le député indique également en entrevue que le Québec aura besoin de construire 700 tours d’ici 2030 pour assurer une couverture mobile à tous les Québécois.
De plus, il n’existe aucune cohésion en ce moment entre les différents fournisseurs selon le député.
« Ce qui est aberrant, c’est que tu peux être sur la route, n’avoir qu’une barre sur ton cellulaire et voir une belle grosse tour, lance-t-il. Elle est là, mais le propriétaire ne te permet pas de l’utiliser. Il peut aussi parfois avoir à peu près 20 câbles sur un poteau de téléphone puisqu’il n’y a pas de partage. Chacun déroule sa fibre parce que ça coûte moins cher de louer l’espace à Bell ou Hydro que de louer la bande passante d’une autre compagnie. »
De plus, selon lui, les besoins en connectivité exploseront dans les prochaines années.
« Ça prendra des autoroutes de données, explique-t-il. En ce moment, 80 % du transfert de données entre l’Europe et les États-Unis passent par la Virginie. Je vois un potentiel pour le Québec en matière de transport parce qu’en ce moment l’électricité pour faire ces transferts provient de l’énergie fossile. On pourrait envoyer vers les États-Unis des données qui viennent de l’Europe avec de l’énergie verte. »
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Quatre scénarios
Quatre scénarios sont sur la table en ce moment pour faire face à ce défi. Les deux premiers impliquent la création d’une Société d’État, seul le montant investi initialement par le gouvernement change. Il est de 3 G$ pour la première option et de 1,5 G$ pour la seconde. Le troisième scénario propose la création d’un Organisme autre que budgétaire (OAQB) alors que la dernière est simplement un fonds géré par Investissement Québec qui servirait à subventionner les entreprises de télécommunication. Ces deux dernières possibilités allègent également le trésor public de 1,5 G$.
Tous les scénarios visent, à divers niveaux, à renforcer les infrastructures de transport de données, à offrir une couverture cellulaire 4G LTE, à étendre la portée des réseaux cellulaires 5G, et à connecter la quasi-totalité des ménages et entreprises à la fibre optique.
« On est à la croisée des chemins, souligne M. Bélanger. Est-ce qu’on continue à subventionner? Ça deviendra de plus en plus élevé en termes de coûts. Si on investit dans des infrastructures qu’on va rendre disponibles à tous les joueurs, ça augmentera la concurrence et baissera les tarifs pour les consommateurs. On pourrait racheter certaines infrastructures aussi et les joueurs déjà présents pourraient devenir des partenaires. »
En plus de faciliter la collaboration avec Hydro-Québec, qui possède le plus gros réseau plus de fibre excédentaire dans la province, la création d’une Société d’État permettrait au gouvernement de légiférer selon M. Bélanger.
« Tu peux réglementer et avoir des lois qui permettent de déployer beaucoup plus facilement. En ce moment par exemple, il n’y a aucun règlement qui oblige un constructeur à assurer une connectivité dans les escaliers de secours. On doit aussi brancher tous les nouveaux développements parce qu’il se construit des milliers de foyers chaque année, mais les promoteurs ne déroulent pas de fibre. Ils devraient, puisque c’est un service essentiel. Tout ça passe par des lois et la Société d’État permettrait de le faire. »
Selon les prévisions, les retombées économiques liées aux dépenses d’investissement du scénario priorisé par M. Bélanger pourraient s’élever à plus de 7 G$ tandis que les effets sur la productivité des entreprises, les revenus des ménages ainsi que sur le coût de livraison des services publics pourraient créer des retombées qui oscillent entre 23 G$ et 44 G$ d’ici 2030.
« C’est payant rapidement en matière de dividendes et d’enrichissement que ça peut représenter pour le Québec, mentionne M. Bélanger. Quand tu investis 1 $ en infrastructure, c’est un investissement parce que ça peut prendre de la valeur. Ta dette aux livres est annulée par la valeur de ton actif. Si tu subventionnes, c’est de l’argent qui part. »
Gilles Bélanger mentionne travailler sur ce projet depuis un an. Il espère que la décision finale sur le scénario retenu sera prise au plus tard au début de l’année 2024.
« Je crois que c’est la meilleure avenue, résume-t-il tout en admettant que les autres scénarios seront également étudiés. Ça rendrait les infrastructures neutres et ouvertes pour cesser d’uniquement subventionner. »