SOLO, Sophie Dupuis
Après les très réussis Chien de garde et Souterrain, la cinéaste Sophie Dupuis marque un grand coup avec SOLO, incursion flamboyante dans l’univers des drag queens. Le polyvalent Théodore Pellerin offre une prestation absolument brillante dans cette troisième collaboration avec la douée réalisatrice.
Le film explore les relations toxiques entre un talentueux jeune personnificateur féminin et sa mère, ainsi qu’un nouvel amoureux.
Au-delà du drame vécu par son personnage principal, SOLO offre une expérience cinématographique électrisante, à renfort de numéros de drag queens étincelants et d’une trame sonore truffée de succès d’ici et d’ailleurs.
Offert au cinéma.
Richelieu, Pier-Philippe Chevigny
Un jeu à fleur de peau, une caméra vive et sans artifices, des plans séquences qui laissent couler le drame et monter la tension. Avec Richelieu, son premier long métrage, Pier-Philippe Chevigny brosse un portrait cruel et criant de vérité du travail dans une usine employant des ouvriers étrangers.
Marc-André Grondin campe un patron mauvais, mais pas dénué de nuances, dans cette histoire où l’homme vaut bien peu de choses devant la pression des profits.
Ariane Castellanos et Nelson Coronado crèvent de leur côté l’écran dans une relation d’amitié et de solidarité montrant que l’humanité existe encore, même quand le système est cassé.
Offert au cinéma.
Une femme respectable, Bernard Émond
Des histoires d’horreur sur de vilaines belles-mères, notre imaginaire collectif peut en citer des masses. Avec Une femme respectable, Bernard Émond leur offre une antithèse toute en nuances et en retenue.
Avec ce long métrage mettant en vedette Hélène Florent et Martin Dubreuil (tous deux excellents), le cinéaste à qui l’on doit notamment La femme qui boit, 20h17 rue Darling et La neuvaine s’inspire d’un récit de Luigi Pirandello pour nous replonger dans le Québec des années 30.
Un couple séparé (Hélène Florent, Martin Dubreuil) sera appelé à cohabiter de nouveau au moment où la nouvelle conjointe de monsieur, tombée malade, voit son état de santé se détériorer. Trois filles sont nées de la nouvelle union. Une nouvelle vie de famille va commencer.
Offert au cinéma.
Mon crime, François Ozon
Difficile de trouver histoire judiciaire plus réjouissante que celle mise en scène par le prolifique François Ozon dans Mon crime. Portée avec brio par une distribution étoilée, cette comédie pétillante offre un savoureux retour dans les années 30, nourri par un féminisme assumé.
Avec un souci de légèreté et de joie qui n’étouffent pas l’engagement féministe ni la solidarité entre ces dames, François Ozon inscrit Mon crime dans la foulée de Huit femmes et Potiche.
Rebecca Marder et Nadia Tereszkiewicz — vue récemment dans Babysitter de Monia Chokri et sacrée meilleur espoir aux César 2023 pour Les Amandiers — brillent dans cette comédie aux dialogues jouissifs, qui ne donnent pas dans la facilité.
Offert en vidéo sur demande.
Les trois mousquetaires, Martin Bourboulon
En misant sur des scènes d’action haletantes et sur une distribution de premier choix, Martin Bourboulon revisite de fringante manière le classique Les trois mousquetaires avec D’Artagnan, premier chapitre d’un diptyque à compléter plus tard cette année.
Entouré des vedettes Romain Duris, Vincent Cassel, Louis Garrel ou Eva Green, le cinéaste offre un bon coup de jeunesse, d’humour et de crasse à une œuvre souvent dépeinte de manière plus polie.
Martin Bourboulon a tenu à tourner les bagarres en plans séquences, très près des acteurs, qui ont effectué leurs propres cascades.
Offert en vidéo sur demande.
Crépuscule pour un tueur, Raymond St-Jean
Il y a quelque chose d’à la fois fascinant et effrayant à se replonger dans l’histoire du meurtrier Donald Lavoie sous la lentille du cinéaste Raymond St-Jean. Dans Crépuscule pour un tueur, Éric Bruneau campe avec une précision nerveuse cet homme qui a assassiné de sang-froid une trentaine de personnes avant de devenir délateur.
En nous ramenant aux dernières années actives de Lavoie, le cinéaste propose une incursion dans un quotidien pas banal, indéniablement tendu. Il offre aussi un voyage dans le temps soigneusement orchestré, au tournant des années 80.
Offert en vidéo sur demande.
Le fils, Florian Zeller
Plus tôt cette année, les cinéphiles de la capitale ont dû se résigner à la patience avant de pouvoir visionner le nouveau film de Florian Zeller, Le fils (The Son), qui n’a finalement pas pris l’affiche sur nos écrans.
Sa sortie en vidéo sur demande nous donne l’occasion de revenir sur cette œuvre bouleversante, explorant l’impuissance de parents devant la maladie mentale de leur adolescent.
Cinéaste et dramaturge français prisé, Zeller adapte de nouveau l’une de ses pièces à succès, comme il l’avait fait avec Le père, récompensé de deux Oscars.
S’il renoue momentanément avec le vétéran Anthony Hopkins, c’est plutôt la prestation déchirante du polyvalent Hugh Jackman qui retient l’attention dans ce film crève-cœur.
L’Australien y campe un avocat new-yorkais qui mène une brillante carrière. Père d’un ado né d’un premier mariage, il a refait sa vie avec une femme plus jeune, qui vient d’avoir un bébé.
Ce bonheur sera chamboulé par le retour sous son toit de son premier garçon, atteint de troubles de santé mentale.
Florian Zeller ne ménage pas les sensibilités dans cette tragédie familiale, dans laquelle Hugh Jackman baisse sa garde et va loin dans l’exploration d’émotions à fleur de peau.
Offert en vidéo sur demande.
La cordonnière, François Bouvier
Avec La cordonnière, François Bouvier propose un mélodrame classique, mais très beau, bien épaulé d’une direction artistique soignée. À l’avant-scène d’une distribution où évoluent plusieurs visages connus, Rose-Marie Perreault incarne avec une présence envoûtante celle qui a été une pionnière à plus d’un égard.
En revisitant la série de romans de Pauline Gill, le film met en exergue l’histoire, inspirée de faits vécus, de Victoire Du Sault (Rose-Marie Perreault, Élise Guilbault), première femme à avoir exercé le métier de cordonnière au Québec, au milieu du XIXe siècle.
L’épopée romanesque de La cordonnière s’ancre toutefois surtout dans un triangle amoureux peu orthodoxe dans lequel cette femme moderne avant l’heure a tenu les commandes.
Offert en vidéo sur demande.
Le plongeur, Francis Leclerc
Phénomène littéraire signé Stéphane Larue, le roman Le plongeur a rallié les lecteurs avec sa description hyperréaliste de l’univers de la restauration, doublée du portrait plus grand que nature d’un jeune homme dépendant au jeu.
Francis Leclerc porte l’œuvre à l’écran avec beaucoup de bagout, mais un angle d’attaque plus propre et poli que l’impression laissée par le bouquin.
Avec le scénariste Éric K. Boulianne, le cinéaste offre une adaptation rythmée, fidèle à l’esprit du roman. Moins une couche de crasse et de honte, disons.
Offert en vidéo sur demande.
Chien blanc, Anaïs Barbeau-Lavalette
Adapté d’un roman de l’auteur français Romain Gary, qui s’est inspiré de sa propre expérience des tensions raciales aux États-Unis, le film Chien blanc de la Québécoise Anaïs Barbeau-Lavalette remet plusieurs questions en perspective à une époque où celles-ci sont encore malheureusement d’actualité.
Au lendemain de l’assassinat de Martin Luther King, une famille blanche recueille chez elle un chien abandonné qui se laisse apprivoiser par ses nouveaux maîtres. Ceux-ci se rendront néanmoins compte que la bête n’est pas douce envers tout le monde : elle a été dressée spécifiquement pour attaquer les Noirs.
Offert en vidéo sur demande.