Un projet résidentiel de 66 lots boisés envisagé dans le Canton de Cleveland

Guillaume Cayer-Richard, l'un des trois propriétaires d'un lot destiné à devenir un développement immobilier, croit que le Canton de Cleveland est un endroit idéal, à mi-chemin entre plusieurs grandes villes et employeurs.

Jusqu’à 66 nouvelles habitations pourraient voir le jour dans le Canton de Cleveland et les acheteurs se bousculent aux portes du promoteur avant même le dépôt du projet à la municipalité, avance ce dernier.


Il reste beaucoup à faire aux promoteurs avant de lancer le projet, mais celui-ci suscite déjà l’intérêt d’éventuels résidents et des questionnements de citoyens actuels.

Guillaume Cayer-Richard et ses deux frères, Robin-Pierre et Michaël, sont propriétaires d’un lot de 220 acres au bout du chemin Sterrett Mine dans le Canton de Cleveland. Ils visent l’achat d’un second lot de 200 acres pour avoir 420 acres à développer au total, développement qui pourrait se faire en une ou deux phases, selon la concrétisation ou non de l’acquisition du second terrain.

Pour le moment, tout peut encore bouger, indique Guillaume Cayer-Richard. « Le plan est de faire 66 terrains d’une taille moyenne de 5 acres. Mais ça peut évoluer. Il y a deux études qui vont se faire. Il y a la caractérisation environnementale pour déterminer le type de sols et la caractérisation écologique pour déterminer s’il y a des espèces de la faune ou de la flore qu’il ne faut pas toucher. Ça ne peut pas se faire avant juin, parce qu’il faut attendre que ce soit la saison pour évaluer le terrain. Selon le résultat des études, est-ce qu’on va développer tout ça? Il y a encore beaucoup de questions en suspens », dit le promoteur qui espère déposer un projet à l’automne.

À la municipalité du Canton de Cleveland, le projet est bien connu. « On a eu des rencontres, mais il n’y a rien de déposé pour le moment », souligne le maire Herman Herbers. Il précise que le zonage permet la réalisation du projet tel que présenté. Un projet de plan a été présenté. « Il veut faire une caractérisation du sol. On comprend qu’à la suite de ça, il va recontacter la municipalité », ajoute le directeur général Martin Lessard.

Guillaume Cayer-Richard, développeur immobilier.

Rêver un quartier

Guillaume Cayer-Richard rêve d’un quartier divisé en terrains d’une superficie moyenne de 5 acres, qui seront vendus au prix moyen approximatif de 150 000 $ selon la taille des lots. Il rêve aussi de toucher les milieux naturels au minimum. « Il y a déjà des chemins de bois qui sont plus larges que les chemins municipaux pour la plupart. Mais oui, il va falloir faire des travaux pour faire des fossés, resurfacer, s’assurer de la structure des chemins, mais on ne coupera pas de bois pour faire des chemins, on va utiliser les chemins existants. On va déboiser seulement le long des chemins pour la ligne électrique d’Hydro-Québec », décrit-il.

Il ajoute que la taille des terrains va permettre de conserver un maximum de zones boisées. « Je pourrais faire 400 terrains d’un acre en respectant la loi, mais ce n’est pas ça mon objectif. Ce n’est pas un endroit où il va y avoir beaucoup de pelouse. »

Devant l’incertitude de l’acquisition du second lot, il ignore exactement combien de terrains seront disponibles et quel usage il pourra faire des lieux. Le terrain de 200 acres sur lequel il a fait une offre avec ses frères est situé un peu plus haut que celui qu’ils possèdent déjà. Une mine de chromite y a déjà été exploitée sur une dizaine d’acres.

« Elle a fonctionné pendant la Première et la Deuxième Guerres mondiales, c’est la mine Sterrett. C’est d’ailleurs pour se rappeler de cette mine-là que le développement va s’appeler le Boisé Sterrett. Le minerai de chrome est utilisé pour la structure des véhicules blindés. Les claims appartiennent à Tesla Métal Ltd. » Selon le promoteur, avec une densité de population suffisante sur les lieux, il serait beaucoup plus difficile pour une compagnie minière de se lancer en exploitation.

La présence de l’ancienne mine pourrait être une cause de contamination du sol, à vérifier lors des études que fera le promoteur. Dans tous les cas, il voit un potentiel à exploiter sur les lieux.

« Si jamais on ne peut pas développer le terrain sur lequel il y a eu la mine, on pourra faire autre chose, des lots à bois ou autres selon les résultats. Dans ma tête, je vois encore plus loin. Avec l’ancienne mine, il y a encore des trous. Les galeries sont clôturées. Il y a les vestiges de l’ancien moulin, le concentrateur pour le minerai. Les fondations sont encore là. Si on développe, je vois un potentiel à plus long terme pour développer un lieu historique avec de l’interprétation. Autant la mine peut être un point négatif, autant j’aimerais en faire quelque chose de positif. Je veux respecter l’histoire des lieux, qu’on puisse se rappeler qu’il y a eu 125 mineurs qui travaillaient là. »

Préoccupations citoyennes

Circulation automobile, usure des routes, respect de l’environnement, plusieurs citoyens ont adressé des questions au conseil municipal sur le projet. Le directeur général du Canton de Cleveland, Martin Lessard, répond que « le conseil municipal est très attentif aux préoccupations du groupe de citoyens. Le conseil souhaite aussi que le promoteur réalise son projet en tout respect des lois et règlements tels que la loi sur la qualité de l’environnement. Les préoccupations citoyennes à l’égard de l’environnement sont aussi des préoccupations du conseil municipal, et dans la mesure où le promoteur s’engage à respecter la règlementation, il a le droit de réaliser son projet. »

Guillaume Cayer-Richard est au courant des préoccupations citoyennes et affirme que la communication est bonne. « Je comprends qu’il y a des citoyens qui demeurent dans un chemin où il n’y a pas beaucoup de trafic sur qui ça pourrait avoir un impact. Mais on se parle, je comprends leurs appréhensions. »

Concernant l’utilisation des routes, le maire Herman Herbers indique que tous les citoyens contribuent à même leur compte de taxes et que les nouveaux citoyens du quartier feront de même.

Le maire du Canton de Cleveland, Herman Herbers, indique que le projet final n'est pas encore déposé, mais que le zonage permet la réalisation d'un développement résidentiel.

Guillaume Cayer-Richard ajoute placer l’environnement au coeur de ses préoccupations. « On ne veut pas développer la totalité du terrain. Par exemple, si on a 66 terrains d’une grandeur de 5 acres en moyenne, ça fait 330 acres, il reste 90 acres pour les milieux humides ou à protéger. 420 acres, c’est plus grand que la ville de Richmond », illustre-t-il, en expliquant qu’entre les 66 résidences projetées, il restera beaucoup de nature. Le promoteur souligne que le respect de l’environnement « c’est notre premier objectif, c’est pour ça qu’on fait de grands terrains aussi. Si c’est un autre promoteur qui achète, il peut tout diviser en terrains d’un acre et faire des chemins. Mais nous on veut juste retravailler les chemins existants et laisser de grands terrains pour avoir le moins d’impact possible sur l’environnement à long terme. C’est certain qu’il y a un impact, je le sais bien. Mais si on veut avoir plus de monde dans la région, aussi bien le faire intelligemment. »

Il explique que le zonage blanc est le même depuis plus de 40 ans, qu’il n’a pas demandé de changement pour son projet. « C’est résidentiel, villégiature. On va pouvoir construire des résidences unifamiliales et secondaires », précise-t-il en ajoutant que la construction d’un commerce ne fait pas partie de ses projets.

Acheteurs intéressés

Depuis que le projet s’est fait connaitre dans les médias locaux, Guillaume Cayer-Richard dit avoir une liste d’attente d’une trentaine de personnes pour l’achat de terrains. « Il y a beaucoup de gens qui m’écrivent. C’est à huit minutes de l’autoroute. Sherbrooke, Drummondville, Valcourt, Kingsey Falls, c’est un point central alors c’est certain que c’est intéressant pour ceux qui travaillent à un de ces endroits-là et qui sont en couple avec quelqu’un qui travaille à un autre endroit. »